PROLOGUE

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A toi, la véritable héroïne de l'histoire qu'est ma vie,
Pardonne-moi d'avoir été si jeune et impuissante.






















Deux ans plus tôt.

NILAJA

Une ambiance morose plane dans l'air. Un silence assourdissant règne. Seul le bruit des sanglots de ses êtres chers vient animer l'événement.

Un jour de pluie. Pour aider. Comme si la météo s'était accordée à nos idées. Les gouttes d'eau roulant sur notre peau permettent de ne pas différencier les larmes du temps.

Tout le monde pleure. Sans aucune exception. Que ce soit Ismaël, au grand cœur dur qui dissimule toujours ses sentiments ou bien même Azra, la petite protégée de la famille Rahim qui regrette d'avoir voulu prendre son indépendance trop tôt et de n'avoir pas assez profité de son frère.

Nos amis – qui sont désormais, uniquement les miens – et moi, nous nous sommes tous blottis les uns contre les autres. Bras dessus dessous, nous nous resserrons fort, les épaules tremblotantes. Notre position montre la solidarité dont nous allons devoir faire preuve pour traverser cette épreuve dévastatrice.

Heureusement que Fiona me maintient debout, car mon corps est sur le point de lâcher en même temps que mon âme. Mon âme qui se force à rester dans ce corps, alors que sa seule et unique envie à ce moment est d'aller rejoindre la sienne.

Je n'ose même pas regarder mes amis dans les yeux, parce que je n'ai pas envie de voir la peine dans leurs regards et de mourir de chagrin.

Je n'arrive pas à croire que ce moment est en train de se produire. Mon pire cauchemar est en train de se réaliser. Le moment que je redoute le plus depuis ma plus tendre enfance.

Mon cœur bat si fort que je n'arrive même plus à respirer, j'ai l'impression que je vais bientôt partir moi aussi. Ma respiration n'arrive pas à redevenir régulière, c'est si fort et si dure en même temps.

A la fin de la cérémonie, tous les « invités » viennent me prendre dans leurs bras pour me consoler. Aucun de leurs câlins n'arrive à me réconforter. Si je n'avais pas un minimum de respect pour ces gens, je leur aurais hurlé de me laisser tranquille et de partir loin. Parce qu'aucun d'eux ne mérite d'être ici. Parce qu'aucun d'eux ne le connaissait mieux que moi.

Un silence reposant revient tandis que je remarquais que nous n'étions plus que 5. Je me suis retenue tellement longtemps alors que toutes ces formalités n'effacent aucun cas le souvenir de l'appel que j'ai reçu. L'appel qui m'a détruit et celui qui m'a volé mon fiancé. Mon téléphone, qui affichait à ce moment-là son prénom, m'avait réjouit sur l'instant. Mais lorsque j'ai décroché et que ce n'est pas sa voix rauque qui a résonné dans le combiné, j'ai eu l'impression de tomber de 18 étages.

Je m'approche doucement du cercueil, mais mon corps s'effondre directement dessus, mes larmes avec. Même si je ne suis pas seule dans la pièce, je n'ai pas peur de pleurer comme je suis en train de le faire. Ce sont plus que des amis à présent, c'est tout ce qu'il me reste de lui. Ils ne me jugeront pas d'être peinée. Je ne suis d'ailleurs pas surprise qu'il me laisse vider mon corps du peu d'eau qu'il lui reste. Mes sanglots doublent et je hurle à pleins poumons dans l'espoir qu'il me revienne. Seuls les échos de ma voix meurtrie résonnent autour de nous. Mon corps tremble tandis que mes mains essayent de s'accrocher à cette boîte mon cœur priant pour que ce soit moi qui dorme dedans et non lui.

J'entends des reniflements derrière moi, mais aucun d'entre eux ne permets de me ramener à la raison. Mon cerveau ne réalise toujours pas qu'à l'intérieur est enfermé celui que j'ai pendant tant d'années appeler l'amour de ma vie. Celui avec qui j'avais prévu de me marier au Qatar, ici, avec sa famille. Celui pour qui j'ai quitté toute ma vie. Celui avec qui je suis à présent morte.

Nous n'avons même pas pu nous unir parce que la mort nous a déjà séparé. Sans le savoir, il a emporté avec lui une partie de moi que je ne retrouverai jamais.

VOLVER A AMAROù les histoires vivent. Découvrez maintenant