XXXI - GUERILLA

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NILAJA

Les derniers jours sont passés à une vitesse folle. Entre l'annonce de l'annonce de la grossesse de Fiona, les préparatifs pour la soirée du Nouvel An et l'attaque — parce que oui, je qualifie ça comme telle — de Sebastián, je ne sais plus trop où donner de la tête.

D'un côté, je suis inévitablement heureuse pour ma meilleure amie. Être mère est le rêve de tous, c'est l'accomplissement de toute une vie, c'est ce pour quoi nous nous sommes battues jusqu'à maintenant. Mais je ne peux ignorer la pointe qui tiraille mon cœur en évoquant la possibilité que quelqu'un fasse grandir un être dans son ventre.

Me dire que moi aussi, je suis passée par cette étape, mais que je n'ai pas pu endosser le rôle de parents seule, que la bravoure a pris congé de moi me torture. Surtout en sachant que personne n'est au courant de cette étape de ma vie.

Enfin personne, mis à part lui.

Nous n'avons pas évoquer son accident. Mais en tant qu'infirmière en chef, je me suis trouvée dans l'obligation de le marquer dans l'un de mes nombreux cahiers. A voir maintenant si cette note se glissera dans son dossier un jour.

D'ailleurs lui et moi ne nous adressons pas non plus la parole. Sauf en cas de force majeure, sous ma demande évidemment. Bien qu'à chaque fois que nous partageons la même pièce, mon envie de prendre de ses nouvelles suite à son agression m'irrite les cordes vocales. Mais céder à mes désirs serait se foutre du monde.

Alors pour seul moyen de communication, nos regards chargés de mots silencieux. Les miens inquiets, les siens se voulant rassurants.

Par chance, le 31 décembre approche à grands pas et les préparatifs m'aident à penser à me distraire.

J'entre dans la salle de repos commune, là où sont installés mes collègues. Certains jouent aux cartes autour d'une collation, d'autres dorment — Dylan en fait évidemment parti.

Je m'approche de la cuisine pour me préparer un petit café avant d'aller poursuivre mes appels téléphoniques.

—  ...Sebastián ? Putain, même son prénom est canon.

Mes sens se mettent en alerte. Je pivote sur Samantha qui discute avec Rachel. Une conversation très animée les occupe dans laquelle mon patient est le sujet principal.

La blonde me prend dans ses bras, les lèvres pincées en signe de désolation.

— T'as mauvaise mine, dis donc..

— M'en parle pas... toutes ces préparatifs puisent toute mon énergie.

Le regard de Rachel scintille.

— Tu ne voudrais pas te reposer ? me propose-t-elle une main sur mon épaule. Si tu veux, je pourrais m'occuper de Sebastián à ta place. Ce sera plus facile pour toi.

Je me fige, les yeux posés sur sa manucure sur ma blouse blanche. Si ça avait été quelqu'un d'autre, j'aurais accepté avec grand plaisir, mais en raison de l'intérêt particulier qu'elle semble lui porter, la situation m'incommode.

—   Je vois claire dans ton petit jeu, Meng, je crache avec dédain en me dérobant de sa poigne. Je dois te rappeler que ce genre de relation est interdite ?

La brune hausse les épaules avec nonchalance.

—  Relation ? Mais qui a parlé de relation ?

Elle bât des cils avec innocence. Je la fusille du regard avant qu'elle ne résigne :

—  Non mais les filles, faudrait être complètement barge pour pas craquer pour ce type. Même un asexuel ferait bien une petite exception.

Je ne sais pas si je dois rire ou pleurer en voyant l'excitation dans ses traits.

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