XXVI - CONFESIONES

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NILAJA

Le son aigu de l'alarme brise la bulle dans laquelle nous nous étions enfermés. D'un geste habile, je repousse mon patient à l'aide de mes pieds et me précipite pour verrouiller la serrure.

L'alerte intrusion.

Mon niveau de stress monte d'un cran alors que le colombien m'observe m'agiter dans tous les sens.

—  Tu vas compter les carreaux encore longtemps ou tu vas te décider à m'aider à bouger cette table ? je grogne, anxieuse.

Il ne se fait pas prié puis vient m'aider à soulever le bureau jusqu'à le caler devant la porte. Ma main intercepte mon talkie-walkie :

—  Ici, Nilaja Lawal, du côté sud-est, 1.

Aussitôt dit, je baisse les volets et éteins la lumière par la même occasion.

Je repose l'appareil sur le combiné après avoir prévenu mes collègues de ma position et ce moment précis suffit pour que mon cerveau se rend compte de la gravité de la situation.

Des êtres humains, des inconnus, viennent de pénétrer illégalement dans l'enceinte de l'hôpital. Nous ne savons pas s'ils sont armés ou bien si ce sont des adolescents, et en toute honnêteté, je préfère mettre mon talkie sur "off" plutôt que le stress me saisisse.

Nous sommes enfermés, potentiellement en danger.

Rectification. Je suis coincée dans la même pièce que le fils de Javier. Dîtes-moi que je rêve.

Une atmosphère étrange flotte dans l'air. Pour aider. D'autant que l'autre géant ne cesse d'assujettir son regard sur la Nilaja frustrée qui ne lui ai pas adressé le moindre mot depuis cette annonce.

—  Même quand tu es stressée, tu dégages une prestance captivante.

Je roule des yeux, mais malgré moi un sourire joueur danse sur mes lèvres alors que je lui tourne le dos.

—  Tu crois vraiment que tes compliments vont nous sortir de ce pétrin ?

—  Oh mais je n'ai pas besoin de sortir de cette situation, tant que je suis enfermé avec toi.

Saperli...

— Arrête de te faire du mal, tu n'es pas irrésistible.

La conversation doit être tellement ridicule vu le courage que je n'ai pas de l'affronter de face.

— Et comment pourrais-je penser autrement, Patrona ? Tu es la seule que je n'ai pas réussi à faire fléchir.

Une autre sur ton tableau de chasse ? Bah voyons...

— Elles ne doivent pas être nombreuses, alors.

Les mains sur les tempes, j'essaye de garder mon calme, de canaliser mes pensées, mais la vague de panique qui me submerge est plus forte que mon self-control.

Les éléments de plus en plus chaotiques oscillent entre la menace dans l'hôpital et le souvenir de mon nez collé à celui de Sebastián.

L'intimité de notre proximité me hante.

— Non... Nilaja, tu ne peux pas lui faire ça...

Mon souffle devient de plus en plus court, je suis en train d'hyperventiler au point de devoir m'appuyer contre le mur qui semble se refermer sur moi. Les larmes viennent brouiller ma vision en me souvenant que j'ai failli embrasser un autre homme que mon fiancé.

C'est insensé.

C'est impardonnable.

Les mains tremblantes, je tombe à genoux.

VOLVER A AMAROù les histoires vivent. Découvrez maintenant