XIX - QUIÉN ERES ?

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NILAJA

L'ambiance à l'hôpital a atteint son apogée. Plus personne n'arrive à se supporter. Christopher et moi ne nous adressons pas la parole, ce qui n'est pas pour me déplaire. En dépit de nos tensions, c'est un homme que j'apprécie, qui a énormément de qualités hormis sa susceptibilité mal placée.

Malencontreusement pour lui, je suis son opposé sur le plan de la susceptibilité, elle ne me gêne pas au point d'en souffrir au quotidien. Ce que je crains, c'est que ma langue ne pense jamais à tourner sept fois dans ma bouche avant de se délier. Tout propos me passant par la tête, aussi odieux soit-il, finit par être révélé au grand jour, à mon grand désarroi. Si Chris se prépare un café un jour ou rigole trop fort, ma tête serait capable de l'envoyer valser alors qu'il ne m'adressait pas la parole.

Yûri non plus, n'est pas reparti parler à Enos depuis leur dernière altercation. Son comportement l'a blessé au point que le blond ne souhaite plus se tracasser à tenter de calmer ses ardeurs.

Enos ne cherche pas de son côté à regagner l'amour de l'un de ses meilleur ami. Les autres membres du groupe font abstraction de la tension qui règne et essayent de garder une énergie identique à celle qui régnait avant la fissuration du noyau.

Alexander me tape sur le système. A vrai dire, ses tentatives de drague m'incommode encore plus qu'auparavant, je ne parviens plus à supporter qu'il me touche les cheveux, les moments où il me suit dans le couloir tout près jusqu'à mon bureau. Ou quand il tente de m'empêcher de quitter une pièce en saisissant l'une des parties de mon corps entre ses grandes mains possessives. Elles me donnent l'impression que si je reste enfermée une seconde de plus entre elles, je risque de ne plus jamais pouvoir m'en échapper.

Elles me dégoûtent. Tout chez cet homme me dégoûte au point qu'un jour j'ai fait une crise devant tous les patients. Ses doigts ont tenté de s'enrouler autour de ma taille mais à peine ont-elles eu le temps de me frôler que je poussais un cri insondable qui fit écho dans le réfectoire.

Tous les regards se sont posés sur nous mais il était trop tard, son corps s'était déjà éloigné de moi. Je voyais sur le visage du personnel et de tous les hommes assis autour des tables que c'était moi qui devait être internés ici avec eux. Vu de l'extérieur, Alexander paraissait inoffensif et les traits d'inquiétudes peignés sur sa figure me rendait verte de rage.

Même lui, faisait croire aux autres que j'étais complètement folle et tout le monde le croiyait, lui.

Du moins, c'est ce que je croyais.

Tout le monde à l'exception d'Enos qui ne nous a pas quittés des yeux depuis notre entrée dans la pièce. Baker, trahi par l'expression de son visage, était sur le point d'exploser.

Il sait tout, parce que rien ne lui a échappé.

La braise naissante dans ses prunelles reflétait la colère et de son impuissance, sa relation avec le directeur est déjà fragile, l'infime erreur de sa part entraînerait une punition à laquelle je serai dans l'incapacité de m'opposer.

Quant à Sebastián... Depuis la révélation de l'identité de son père, nous ne nous sommes pas vraiment adressés la parole. Dans le cas contraire, nos échanges sont succincts ou formels. Je me suis interdite mentalement d'être cloîtrer seule, dans une pièce commune avec lui. En roue libre, je suis. Mes pulsions prennent toujours le dessus sur le bon sens, d'autant plus que ses sentiments me sont encore inconnus.

Peut-être que je suis folle ? Que l'attraction qui m'attire à lui n'est qu'à sens unique ? Ou que ce n'est que le fruit de mon imagination solitaire qui cherche un quelconque réconfort après avoir fait le deuil de toute tentative de relation depuis Lakhdar ?

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