XXXVII - ORQUIDEAS

133 10 6
                                    








NILAJA

— Oh mon Dieu, je l'ai senti bougé ! s'extasie Camélia, la main sur le ventre de notre amie.

Ce soir, nous avons décidé de nous réunir toutes les trois dans un petit bar de Marrero, The Thipsy. Le genre d'endroit où l'on se sent tout de suite à l'aise grâce aux lumières tamisés qui flottent au-dessus des comptoirs, à la musique pas trop assourdissante en arrière plan ainsi qu'une légère odeur citronnée qui émane des bougies.

Étant donnés nos emplois du temps chargés, entre ma vie de nuit, les déplacements constant de Camélia et la grossesse de Fiona, on peut dire qu'un petit fossé se creuse entre nous. Par chance, aucune de nous ne souhaite l'agrandir. L'initiative de l'une permet la reconnexion avec les autres.

— C'est normal, faut dire que ça fait une dizaine de minutes que tu la caresses, je glousse.

Je prends une gorgée de mon verre, un cocktail aux fruits de la passion qui laisse une douceur amère sur ma langue. Fiona m'imite, le sourire aux lèvres, répétant pour la dixième fois que nous devrions nous voir plus souvent, le regard jonglant entre Camélia et moi pour s'assurer que nous partageons la même volonté d'évasion. Cette impression que nous retrouvons une partie de notre intimité.

En dépit de la grossesse, Fiona ne reste pas mal rayonnante, avec cette énergie lumineuse qui la caractérisait tant. Elle entame déjà son deuxième trimestre et  chacun de ses gestes, on perçoit la tendresse infinie qu'elle porte à cet enfant, dont on ne connaît toujours pas le sexe.

La voir porter la vie remplie ma vie morose de joie.

— Et toi, Cam ? Quand est-ce que la cigogne vient déposer la graine dans ton ventre ? sourit la rousse, taquine.

Camélia pouffe de rire, une lueur malicieuse dans le regard.

— Oh, je ne pense pas qu'Ismaël soit prêt à avoir un enfant. Il souhaite profiter de notre vie de couple avant d'accueillir d'autres membres. Mais je vous tiendrais au courant si l'oiseau vole au-dessus de nos têtes...

Ses mots flottent dans l'air alors que sa paille tourne distraitement dans son verre. Je ne peux m'empêcher de sourire en l'entendant parler ainsi.

— Prenez votre temps, on est pas pressés... Mais pas trop, je veux quand même être la tata riche qui cède à tous les caprices de ses neveux.

Fiona éclate de rire.

— Ça aurait été génial que nous soyons enceinte toutes les trois !

— Jusqu'à accoucher le même jour pendant que tu y es ? grogne Camélia à qui l'idée ne semble pas plaire.

— Et pourquoi pas ?! s'offusque la rousse.

— Il faudrait que j'ai un partenaire avant d'envisager de pondre, je leurs rappelle.

Je chasse mes pensées maussades qui me ramènent dans un passé lourd de douleur, rattrapée par des iris bicolores qui hantent mon esprit...

— D'ailleurs, comment se passent les recherches ? Ça se passe avec Logan ?

Je savais que la question viendrait. Je le sentais. J'évite les yeux bleus lourds de sous-entendus de Fiona pour me concentrer sur Camélia et sa recherche du bonheur. Je la remercie d'ailleurs d'avoir gardé mes petites confessions pour elle.

Cam représente la voix de la raison, celle de la sagesse parfois que je n'ai pas vraiment envie d'écouter, par peur de me prendre un mur. Ou de ne pas faire les choix qui me plaisent.

VOLVER A AMAROù les histoires vivent. Découvrez maintenant