XI - VERACRUZ

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TW : ABUS SEXUEL

NILAJA

D'après mes recherches, le Carnaval del Puerto de Veracruz est classé top 10 des festivals les plus importants du pays. Je ne pouvais pas passer des vacances ici sans y jeter un coup d'œil. C'est ma dernière soirée au Mexique, ce festival ne peut que m'attendre, je suis tellement excitée que la seule chose qui me retient de prendre un taxi et d'aller à Veracruz, là, tout de suite, c'est la sécurité des rues. Jaime et moi avons rendez-vous à 19h et je préfère partir avec un natif que seule. Dieu seul sait ce qu'il pourrait m'arriver.

En ouvrant ma valise, je cherche minutieusement une tenue qui se marierait parfaitement avec l'événement. La fenêtre porte jusqu'à ma chambre les murmures de la rue animée. Tout le monde se rend à ce festival et court de droite à gauche. La robe toute légère que j'ai enfilée vole à cause du courant d'air qui s'y faufile et j'apprécie les douces caresses qu'elle exerce sur mes jambes.

Je défile devant le premier miroir que je croise, mes yeux capturent une image qui me semble si lointaine mais à la fois si familière. Je suis vraiment jolie. Le maquillage que je me suis fais un peu plus tôt dans la soirée émet un subtil éclat mettant en lumière chacun des traits de mon visage. Il est très naturel aujourd'hui, la chaleur mexicaine ne me permet pas d'en faire plus, mais je me sens tellement... plus.

Quant à mes cheveux, eux, comme à leur habitude mettent toujours en valeur mon visage. Ils ne sont pas lissés aujourd'hui, je n'ai pas non plus mis de perruque. Ce soir, je voulais juste être Nilaja. Un sourire timide s'épanouit sur mes lèvres alors que la tristesse qui avait étreint ma vie semblait s'éloigner le temps d'une soirée.

Après plusieurs minutes de préparations, je sors finalement de ma chambre et me dirige vers le rez-de-chaussée. Il n'est pas encore 7 heures mais j'ai espoir que Jaime m'attende déjà dans la voiture.

Toutefois, une fois les portes de l'ascenseur ouvertes sur le hall, je suis accueillie par une atmosphère électrique. Javier est engagé dans une discussion peu agréable avec Sebastián qui semblait être la cible d'une tempête émotionnelle. Les mains de Sebastián s'animent brusquement devant le propriétaire de l'hôtel à qui je ne vois plus les expressions faciales à cause de change de place, sa seule réaction est de le poussée violemment à l'écart de la foule.

Leurs deux accents, très similaires d'ailleurs, se mêlent aux mots espagnols qu'ils emploient, m'empêchant de trouver un sens à tout ce qu'ils disent. Leur peau vire au rouge et leurs poings se serrent si fort que les veines qui longent leurs bras paraissent à la limite de l'explosion.

Le nombre incalculable de personne qui les entourent, tous ahuris par le spectacle, ne semble pas les effrayer. Javier ne semble pas être près à refouler sa colère devant les gens, même si sa réputation de maître des lieux en prendra un coup.

Nous sommes tous absorbés par le drame, les hispanophones encore plus car ils comprennent chacun des mots prononcés par les deux bruns. La barrière de la langue, quel frein...

Nous regardons la scène attentivement, analysons les mouvements et les expressions de chacun jusqu'à ce que Sebastián en détournant légèrement les yeux de Javier, croise mon regard. A cet instant précis, le monde ralentit autour de lui. Et je l'avoue, autour de moi aussi. Si bien que la voix du propriétaire sonnait comme un écho dans mes oreilles. Il me reluque sans voix et je me prête à l'échange muet.

Cette lueur qui brille dans ses yeux en prenant note de chaque détail de ma tenue perturbe mes sens. Plus son regard tombait sur ma robe, plus j'avais l'impression d'être mise à nue. Ma poitrine se gonfle, j'ai du mal à respirer normalement, mais je n'arrive pas à me détacher de lui. Une électricité palpable circule entre nous, alimentée par l'intensité de l'instant.

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