VOLVER A AMAR

VIII - VALVERDE

NILAJA

J'ignore si ne pas avoir bu hier soir aurait changé quelque chose à la migraine avec laquelle je me suis réveillée ce matin. C'est la première fois depuis de nombreuses semaines que j'ai réussi à passer une nuit complète. Adonis n'a jamais cessé de me répéter que l'environnement dans lequel nous vivons a un énorme impact sur notre bien-être.

Les draps dans lesquels je dors sont tellement doux et confortables, ils m'enveloppent comme un cocon. Les rideaux en dentelles laissent doucement entrer la lumière du soleil, créant une ambiance chaleureuse et apaisante. La décoration de la chambre me semble encore plus belle que la veille. Le lustre au-dessus de moi brillent de mille feux grâce au lueur qui rayonnent dessus. Cette pièce est tellement grande qu'on y pourrait vivre à 30 sans jamais s'y croiser.

Je ne sais pas pourquoi mais aujourd'hui j'ai beaucoup plus de force qu'hier. J'ai l'énergie nécessaire pour me lever sans pleurer. La soirée de la veille a été dure en émotions. Entre mon cœur lourd par rapport à Lakhdar et la rencontre avec ce... Sebastián qui m'a troublé encore plus que je ne l'étais déjà. Cet homme, même s'il ne m'a pas parlé et n'a pas répondu à mes questions, s'est mis complètement à nu devant en regardant droit dans les yeux, le regard rougi. Les seuls hommes que j'ai déjà vu pleurer sont les Baker — tous les patients en fait — lorsqu'ils font certaines crises d'angoissantes et Lakhdar.

En 10 ans de relations, je ne compte même plus les fois où mes bras lui ont servi de réconfort et que mes vêtements ont absorbé les larmes qui suivaient ses sanglots. Avec le temps, j'ai su créer une certaine proximité avec tous ces hommes, une proximité qui leur a permis de se sentir en confiance avec moi et de ressortir toutes ces émotions sans avoir peur d'être juger par qui que ce soit. Pourtant, lui... Aucune relation de sécurité ne s'est établie entre nous, nous ne nous connaissons pas. Malgré ça, sa douleur me touche et me fait du mal aussi. Je ne connais pas l'origine de cette douleur ni la source de celle-ci mais à travers ses yeux incroyablement beaux, je vois les blessures de son âme.

Le corps étiré, je bondis hors de mon lit, prête à me préparer pour la longue journée qui m'attend. Camélia et Fiona m'ont donné la liste de toutes les activités qu'elles ont réservées pour les prochains jours. Aujourd'hui c'est une journée magnifique sur le port d'Acapulco. Un yacht a été réservé pour une dizaine de personnes aujourd'hui.

Après avoir embué la salle de bain, je me vêtis d'une tenue légère et confortable, parfaite pour aller à la plage. Puis je prépare mon  sac de toutes les affaires dont j'aurai besoin pendant la journée avant de m'approcher de l'immense fenêtre qui donne une vue à couper le souffle sur la merveilleuse ville de Mexico.

Les grattes-ciels majestueux se dressaient devant moi, créant un contraste saisissant avec le ciel bleu vif. J'ai pris quelques instants pour contempler les lumières scintillantes et l'animation de la ville, une sensation d'excitation et d'émerveillement face à tout ce qui se prépare pour moi aujourd'hui.

Depuis que je suis arrivée, je n'ai même pas pris le temps d'appeler mes amis pour leur informer que mon installation s'est bien passée et surtout les remercier de tout ce qu'ils ont fait pour moi. Il faut absolument que je le fasse dans la journée.

Une fois prête, je sors de ma chambre, sac sur les épaules et téléphone à la main. Je marche tout au long du couloir, la tête dans les pensées jusqu'aux de l'ascenseur. Lorsque soudain, les portes s'ouvrent sur lui. Sebastián. Les mains dans les poches, sa tête se relève en remarquant l'arrêt de la cabine à mon étage, c'est là que nos yeux se croisent et encore une fois je suis émerveillée par la couleur de ses pupilles.

Quelques échanges visuels plus tard, j'entre dans cette cabine en lançant un petit sourire à l'homme qui se trouve à l'opposé de moi. Le bouton du rez-de-chaussée est déjà illuminé, lui aussi sort on dirait.