Eden, 15 ans.
_ Dios mío, qué belleza este chico... ¡Podríamos ahogarnos en sus ojos!
La mère d'Alex, enfin d'Alejandro, est comme il me l'avait décrit : belle et envahissante. Elle me tient les joues rivant son regard dans le mien jusqu'à ce que ses enfants ne la reprennent. Même si elle paraît agréable, je n'aime pas le contact. Je n'ai jamais été habitué à ça et sa bonne humeur arrive à me mettre mal à l'aise. C'est une femme qui désire faire plaisir. Je le comprends à la minute où elle me demande si je désire quelque chose à boire ou à manger en précisant que si je veux quelque chose qu'il n'y a pas à la maison, elle peut toujours aller en acheter. Je suis tenté de lui demander des clopes et des putes, juste pour voir sa réaction mais je me retiens. Je ne désire pas faire mauvaise impression auprès de cette femme sublime. Elle est plutôt grande, la peau caramel que je désigne comme signature de la famille Garcia avec les cheveux bruns et bouclés. En revanche, Carmen n'a pas ce fameux nez en trompette et les yeux verts comme ses enfants. Les siens sont noisette. Alors que celle-ci s'empresse dans un monologue adorable pour m'indiquer que je suis le bienvenu ici, je sens que quelqu'un m'observe. Je détourne le regard pour découvrir la petite sœur m'observer, un large sourire aux lèvres pendant qu'elle mange sa pomme. Ses grands yeux verts pétillent de malice. Elle apprécie de me voir embarrassé.
Je n'aime pas qu'on se foute de ma gueule. Elle semble innocente mais je ne peux empêcher mon souhait de la voir s'étouffer avec sa foutue pomme. Je ne parle pas espagnol donc je ne comprends pas ce que la famille Garcia baragouine mais une chose est sûre : tout à l'heure, elle ne disait pas à son frère qu'il avait été impoli de ne pas nous avoir présentés. Un pressentiment...et je déteste ça. Son visage souriant se dissipe et je comprends que mes émotions ont pris le dessus. Merde elle a vu.
Elle se racle alors la gorge comme décontenancée et indique qu'elle monte dans sa chambre pour se changer. Alex me guide vers la sienne pour que nous puissions nous poser avant le repas auquel il m'a invité à la dernière minute. Honnêtement, je ne pensais pas me rapprocher de quelqu'un en plein milieu de l'année scolaire après mon arrivée soudaine dans ce quartier paumé. Le déplacement de mon père fut, comme d'habitude, annoncé au dernier moment alors qu'il était au courant depuis un bon moment. Je m'y suis habitué. J'ai arrêté de m'attacher aux autres sans pour autant me priver d'avoir des contacts. C'est Alex qui m'a approché le premier et qui a insisté qu'on se parle. Au début, je le repoussais. Ce mec est trop énergique et solaire pour moi mais je me suis fait berner. Il est sympa et a de bonnes références cinématographiques. Il ne se prend pas vraiment au sérieux et est plutôt apaisant comme gars. Je ne m'attendais pas à ce qu'il m'invite chez lui. Ça pour moi, c'est une première. J'ai toujours évité de voir à quoi ressemble une famille classique... La mienne est loin d'être normale. Un père absent qui contrebalance avec son autorité dirigeant les moindres détails de ma vie et une mère qui préfère s'envoyer en l'air avec plus jeune qu'elle plutôt que de venir à l'anniversaire de son fils. Je m'y suis habitué certes mais ça ne veut pas dire que je n'ai pas été blessé en voyant la mère d'Alex.
Nous entrons dans sa chambre d'adolescent, recouvert de posters clichés de voitures et de motos ainsi que de groupes de rock. La chambre est cependant très bien rangée. Rien ne dépasse et tout ce qui est accroché au mur est parfaitement parallèle au sol. Au coin de sa chambre, est posée une télé sur un meuble simple avec une console. Il se pose devant en me tendant une manette. Merde je n'ai jamais joué à ça...
Le jeu qu'il enclenche est un vieux jeu de combat où je mets bien trente bonnes minutes pour comprendre les contrôles. Alex est étonnamment patient et ne me lamine pas tant que je n'ai pas les réflexes pour jouer. Sans m'en rendre compte, le temps passe rapidement jusqu'à ce que Carment appelle ses enfants en espagnol. Son fils se lève m'indiquant qu'il est temps de passer à table. Il me montre la salle de bain pour nous laver les mains puis se dirige au fond du couloir donnant sur une autre porte. Il frappe trois coups mais ne reçoit aucune réponse. Il soupire avant d'ouvrir la porte en jurant.
_ J'espère que tu es en train de lire et pas en train de te toucher Paëlla de légumes !
Un rire innocent lui répond avant que la voix de Luna ne parvienne à mes oreilles.
_ Tu sais très bien que je ne me touchais pas. Je n'ai pas mis la chaussette !
Ok je me serais bien passé de cette information...
_ Je vais faire comme si je n'avais rien entendu, reprend son frère en se frottant les yeux exaspérés.
_ C'est autorisé à cet âge-là de se toucher ? Demandé-je malgré moi. »
Parfois je dois apprendre à la fermer. Et actuellement, j'aurai dû la fermer parce que le regard que la gamine me lance me fait étrangement penser au regard de Chuki quand il regarde ses futures victimes. Son frère pince ses lèvres pour s'empêcher de rire. Sa sœur s'apprête à rétorquer quand la porte d'entrée s'ouvre sur une voix grave et enjouée.
Si je pensais que cela était possible, j'aurai juré que l'humain était équipé d'un bouton On/Off. Alors que le visage de Luna se voulait assassin, son visage changea d'émotion en une seconde, affichant une joie immense. Elle dévala les escaliers menant au rez-de-chaussée. Nous la suivons de peu pour la voir dans les bras d'un homme à la musculature imposante mais au visage heureux. Un corps de Vin Diesel avec la tête d'un bisounours. Il embrassa le haut de sa tête tout en parlant tendrement en espagnol et un je ressentis un poids sur le cœur. Les enfants Garcia avaient tout ce que je ne possèderais jamais : une famille aimante. Alex me présenta son père, Valentino. Maintenant que j'avais la pièce manquante du puzzle je pouvais voir que l'apparence des enfants était un parfait mélange des parents. Valentino était un homme immense à la peau caramel, chauve au nez en trompette et aux yeux d'un vert étonnant avec des lèvres charnues.
Installé à table, Carmen prit soin de faire attention à mes besoins alors que Valentino me posait énormément de questions sur moi. De temps en temps, la conversation bifurquait sur les cours ce qui amenait à des anecdotes amusantes. Carmen me demanda si j'avais une copine où je n'eus le temps de répondre, sauvé par mon camarade qui la réprima.
« Bon d'accord j'ai compris, soupira Carmen. Luna tu as trouvé quelqu'un ?
La pauvre qui ne s'attendait pas à la question et qui avait pris une bouchée énorme de chorizo s'étouffa. Si jamais on se demandait si une peau mâte pouvait devenir rouge, la réponse est oui. Son frère lui tendit un grand verre d'eau qu'elle accepta volontiers. Ce dernier attendit qu'elle commence à boire pour finalement intervenir.
_ C'est qui Rhys Larsen ?
Ses yeux s'arrondir davantage avant qu'elle ne recrache toute l'eau... sur moi. Elle me regarda effrayée, devenant encore plus rouge de honte en bégayant alors que son frère hurlait de rire. Carmen m'offrit des serviettes pour m'essuyer en incendiant ses enfants qui visiblement, ne prêtait pas attention à leur mère. Ils étaient trop occupés à se regarder dans les yeux. Elle d'un regard furieux, lui d'un sourire amusé.
_ Tu as lu mon journal ?
_ Je ne l'ai pas lu ! Rectifia Alex. Il était sur ton bureau quand je passais l'aspirateur à l'étage et il y avait de la poussière sur son tapis donc j'ai passé un coup... et ton journal s'est malencontreusement ouvert sur une page parlant d'un certain Rhys...
Le frère se lova un peu plus dans sa chaise lorsque Luna posa ses mains pour cacher son visage. Même si je ne comprenais pas l'espagnol, je commençais à comprendre « Dios mio » qui avait été dit tant de fois dans cette famille.
Son père se redressa alors afficha un visage impartial exigeant des détails sur ce garçon qui avait osé enticher l'esprit de sa fille pour qu'elle écrive sur lui. Sous l'œil satisfait et amusé de son frère, elle tenta de juger de sujet en vain. Son père refusait de lâcher le morceau.
_ C'est le personnage du roman que je lis papa ! elle finit par céder sans oublier de rougir encore plus. »
Surpris mais satisfait, son père se détendit sur sa chaise avant de se resservir. Un personnage de roman ? Sérieusement ?
Je l'observais intriguer en scrutant particulièrement son visage. Complètement embarrassée, je ne pus m'empêcher de trouver sa réaction attendrissante voire mignonne. J'avais envie de voir plus... comment elle pourrait réagir si on la poussait à bout ?
Appréciant mon repas, j'imaginais mille scenarii provoquant plusieurs réactions de sa part. Je ne sais pourquoi mais je me dis qu'elle pouvait être divertissante à emmerder.
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La couleur que je hais
RomanceJe déteste le bleu. Pas le bleu du ciel, le bleu de l'eau ou le bleu que les gens peuvent faire porter à leur bébé. Je hais un bleu en particulier. Un bleu froid qui me brûle la peau. Un bleu calme et serein qui électrise mes sens. Un bleu aux écl...