Luna, 14 ans.
Je rentre beaucoup plus tard que d'habitude à la maison. Quand je passe la porte, celle-ci claque violemment et le bruit qu'elle émet est une parfaite démonstration de ce que je ressens actuellement. Mon entrée provoque le jappement de Nina qui arrive en trombe vers moi, suivie de près par mon père.
Je ne sais pas vraiment quelle expression j'affiche mais au vu de sa réaction ça ne doit pas être beau à voir. Comme s'il lisait en moi, il ne dit rien et se contente d'ouvrir ses bras. Je fonce sur lui acceptant son étreinte réconfortante et cette fois, je ne retiens plus mes larmes.
Trois heures. Je l'ai attendu trois heures et il n'est jamais venu. S'il m'avait prévenu je lui aurais pardonné mais il n'en a rien fait. C'est Alex qui m'a appris qu'Eden était parti chez une fille pour s'amuser.
« Tout va bien, ma lectrice ?
La voix douce et grave de mon père arrivait toujours à m'apaiser mais pas aujourd'hui. Il me guide vers la cuisine où il m'invite à m'installer sur l'ilot. De l'autre côté, je le vois sortir une poêle, une boîte de tomate pelée et des œufs. Il m'explique que c'est le plat que sa mère lui préparait quand il allait mal. Un plat simple où il pochait simplement l'œuf dans les tomates avec beaucoup d'épices mais qui réchauffait le cœur. Quand il pose l'assiette devant moi accompagnée de tartines de pain beurré, je fonds une nouvelle fois en larme et lui raconte tout.
Je devais me rendre à une séance de dédicaces de mon auteure préférée. Quand Eden avait appris la nouvelle, il était venu me présenter l'affiche en me proposant de m'accompagner. Il savait que j'aimais les livres de cette femme. A la base, je n'étais pas au courant de cette session de dédicace. C'est lui qui m'en avait informé, lui qui m'avait proposé d'y aller avec moi, lui qui m'avait promis de ne pas y aller sans lui. Lui qui m'avait fait poireauter pendant trois heures pour finalement partir avec une autre fille.
Pendant que je raconte à mon père, ce dernier ne pipe mot et écoute en hochant la tête. Mon explication terminée, mon père soupire en s'accoudant au granit de notre ilot.
_ Au début je pensais que votre guéguerre était mignonne mais maintenant je pense que ça va trop loin... vous repoussez les limites à chaque fois et aujourd'hui tu es blessée.
_ Non papa ! Je proteste en secouant la tête. Ce n'était pas un défi là... en tout cas pas pour moi. Cette fois-ci je ne joue pas...
Mon père contourne le meuble pour me rejoindre et me dépose un baiser sur le haut de la tête. Mes larmes continuent de couler mais je suis réduite au silence.
_ Peut-être qu'il est temps de déposer les armes avant que l'un de vous deux ne soit réellement blessé.
Je regarde mon père dont les paroles semblent sous-entendre quelque chose que je ne parviens pas à déceler.
_ Si ça avait été ton frère, tu serais revenue en colère certes mais tu ne serais pas dans cet état ma lectrice, explique-t-il dans notre langue montrant la confidentialité de ses mots.
_ Eden m'avait promis papa, tu sais que je n'aime pas les mensonges !
_ Tu es sûre que ce n'est que ça ? Soyons honnête tous les deux, cela fait un moment que vous cherchez plus que la satisfaction de faire chier l'autre dans votre guerre.
_ Papa...
_ Je connais le regard que tu portes puisque tu as mes yeux ma lectrice. Tu portes le même regard que j'ai quand je regarde ta mère.
Je sens le sang affluer sur mes joues et je commence à comprendre beaucoup plus que je n'aurais dû.
_ Depuis que vous êtes rentrés de ce camp de vacances en novembre, vous n'agissez plus vraiment de la même façon, il poursuit.
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La couleur que je hais
RomanceJe déteste le bleu. Pas le bleu du ciel, le bleu de l'eau ou le bleu que les gens peuvent faire porter à leur bébé. Je hais un bleu en particulier. Un bleu froid qui me brûle la peau. Un bleu calme et serein qui électrise mes sens. Un bleu aux écl...