Luna, 12 ans.
Je déteste le collège.
Une phrase que beaucoup peuvent penser mais je le déteste réellement. Comment demander à une adolescente en pleine crise d'hormone de rester assise sur une foutue chaise pendant huit heures, cinq jours sur sept à devoir écouter des profs qui eux-mêmes, ne désirent pas être là.
Ils ont l'air mort intérieurement. Aussi mort que notre petite ville de la Côte-d'Or où tout le monde se connaît. Ceux qui arrivent à fuir cette ville, sont promis à un grand avenir... ce qui ne sera jamais mon cas. Je crains trop l'inconnu alors même si je râle de ces journées monotones, j'y trouve un certain confort. Pas de surprise. Tout se passant comme ce qui a été planifié. Je n'aime pas improviser... alors c'est avec un ennuie satisfait que j'écoute le cours de monsieur Louet qui nous répète pour la cinquième fois ce qu'est une fraction décimale.
Après le collège, je hais les mathématiques. Pourtant, pour une fille qui n'aime pas les surprises, cela pourrait être surprenant. Pourtant je n'ai pas la logique suffisante pour m'y intéresser. Ça m'ennuie et je m'y perds facilement dans les calculs. En revanche je ne suis pas suffisamment débile pour ne pas comprendre ce qu'est un numérateur et un dénominateur dans une foutue fraction contrairement à la plupart de mes camarades.
La ville de Solanches étant ridicule, le système scolaire se veut très clément. Certains des élèves ne savent ni lire ni écrire et ont simplement été relégués au fond de la classe, complètement ignorés. Plus facile d'ignorer un « problème » plutôt que de l'aider... Même les heures de soutiens après les cours ne sont pas d'une grande aide. On a quelques surveillants ou professeurs qui tentent de changer la donne mais c'est inutile. Un enfant issu d'une famille aux revenus moyens : au fond de la classe. Un enfant dont les parents ont des difficultés avec la langue française : au fond de la classe. Un enfant ne comprenant pas ce qu'on lui explique : au fond de la classe. Un enfant qui n'entre pas dans les classes sociales : au fond. Les seuls bénéficiant d'un traitement de faveur sont les enfants dont les parents possèdent de l'argent. Les enfants ayant de bonnes notes ou un comportement exemplaire. A savoir qu'un enfant problématique sera parfaitement traité si les parents ont une influence économique. J'aimerai dire que cela ne se passe que dans mon collège mais ne soyons pas dupe. Les personnes qui demandent plus d'attention sont relégués au fond d'une classe pour finir au fond du trou dans un travail minable.
Si je n'avais pas mon père, je serais sûrement une de ses élèves au fond de la classe. Avoir un prof de faculté comme parent ça aide énormément. C'est ainsi que je me retrouve en 5e avec un niveau d'une lycéenne. Mon père a tendance à s'enflammer lorsqu'il me donne des cours particuliers. Sans parler du fait que les cours de mon frère sont beaucoup plus intéressants. Il est en première année de lycée du côté de Coubleau. C'est le lycée le plus proche... Ma petite ville ne possède qu'une école primaire et de ce collège minable. Je pourrais faire en sorte de sauter des classes mais l'idée de me retrouver dans le même établissement que mon frangin calme mes ardeurs. C'est peut-être imbu de ma part d'avouer tout cela mais les faits sont là, je n'invente rien.
« ... Si le dénominateur est 10, la décomposition additive commencera au rang des dizaines ... »
La voix de mon prof se fait de plus en plus lointaine alors que, placée au premier rang à côté de la fenêtre, j'admire le bien prêtre paysage. Solanches n'est pas moche comme ville, elle a tout du petit coin tranquille entre campagne et grande ville. Le TGV s'arrête ici grâce aux usines très connues. Les rues sont souvent envahies de touristes en plein été et les festivals sont des événements à ne pas manquer. On a même un shop de tatouage dans cette mine de conservateurs. Dès que je le pourrais, je passerais sous les aiguilles... Juste pour voir la tête de mon frère.
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La couleur que je hais
RomanceJe déteste le bleu. Pas le bleu du ciel, le bleu de l'eau ou le bleu que les gens peuvent faire porter à leur bébé. Je hais un bleu en particulier. Un bleu froid qui me brûle la peau. Un bleu calme et serein qui électrise mes sens. Un bleu aux écl...