Chapitre 14

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Eden.

La boule logée dans ma gorge ne veut pas disparaître. Je n'arrive pas à descendre de ma moto pour rentrer dans l'établissement. J'ai repensé à notre échange tout le week-end et je ne sais pas comment faire.

Les mots qu'elle m'a balancés lors de nos retrouvailles résonnent en moi. Elle a raison. Je ne devrais pas tenter de revenir dans sa vie. Je ne dois pas.

Le côté positif, c'est qu'Alex n'a plus besoin de mentir me concernant. Nous nous sommes vus samedi. Il m'a raconté que sa sœur l'avait poursuivi dans toute la maison avec une louche et une pince à cuisine après avoir compris qu'Alex savait que je revenais ici. Quand nous étions gosses, nous n'avions jamais recours à la violence physique mais je savais déjà à l'époque qu'elle était dangereuse. Elle était la seule à me rendre fou et à me faire peur. Après la visite de mon meilleur ami, dans mon nouvel appartement, je m'étais noyé dans le travail en lisant les copies de mes secondes. Comme l'avait énoncé Ava lors de notre premier cours, la plupart n'avaient pas le niveau nécessaire. J'avais passé mon week-end à penser un nouveau programme leur permettant de rattraper leur retard. J'avais également préparé un cours spécial pour Ava qui elle, était loin d'être en retard. J'avais relu sa copie avec une certaine fierté. Pour continuer sur ma lancé, j'avais regardé le dossier de chacun de mes élèves puisque j'assurais les cours de maths de tous les Ulysse. Etrangement, cela m'a plu.

Je regarde l'heure à ma montre et soupire en me disant que je dois entrer. Je redoute de la revoir. Quand je m'apprête à faire demi-tour pour rentrer chez moi, une chevelure rousse se jette sous mon regard.

« Beau gosse et en plus, possède une moto... pas mal !

Elle me reluque ouvertement en levant le pouce. La prof d'espagnol attire mon regard. Elle porte un bustier blanc laissant voir la dentelle de son soutien-gorge de la même couleur et une jupe tailleur lui permettant d'accentuer son fessier généreux. Cette femme est consciente de sa beauté et elle en joue. Normalement j'aurai cédé à son jeu et on se serait peut-être amusé un soir ou deux. Pourtant, mes pensées sont loin d'être lubriques actuellement. Mon silence la perturbe et elle m'invite à la suivre. Maintenant que l'on m'a vu, il va être difficile de rentrer sans créer de problèmes. Je descends donc de mon véhicule et la suis. Elle n'oublie pas de rouler des hanches et mon regard, malgré moi, fixe son déhanché. C'est quoi déjà l'expression ? Un cul à ne pas avoir de bleu aux couilles ?

_ Tu veux prendre un café avant de commencer la journée ? Elle me demande par-dessus son épaule et à son sourire en coin, elle vient de remarquer que je matais son déhanché.

J'acquiesce et la suis dans la salle des professeurs. Celle-ci est plutôt luxueuse. Le mur à l'entrée de la pièce est recouvert de casiers aux noms de plusieurs enseignants. Deux canapés en cuir sont disposés au fond de la salle avec une table basse en bois massif. Une plante est soigneusement installée près d'un des canapés devant une fenêtre. Certains profs sont installés là-bas où je comprends que leur sujet de conversation tourne autour du prochain tournois sportif. Mon regard suit le corps plantureux de la rousse vers une table où sont disposées pas moins de deux machines à cafés high-tech. Elle pose un doigt parfaitement manucuré sur l'écran tactile après avoir déposé sa tasse, choisissant le type de boisson qu'elle désire. Malgré moi j'arque un sourcil avant de m'approcher. Elle me montre les multiples possibilités et autant de modernité pour juste du café me fait rire jaune.

_ Rappelles-toi il ne veut qu'un café Maude, intervient un homme brun aux yeux bleus.

La rousse le dévisage mais lui tourne le dos en guise de réponse. Il me sonde des pieds à la tête puis me présente sa main.

_ Matéo Collins. J'enseigne l'histoire.

_ Eden Williams, remplaçant professeur de mathématiques, je réponds en lui serrant la main.

La couleur que je haisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant