Luna.
Je vais mieux. Mon corps se porte beaucoup mieux. Dans ma tête par contre, c'est le bordel complet.
Ça fait dix minutes que je suis dans ma voiture, sur le parking du lycée sans pouvoir bouger, profitant de la cacophonie de la musique. C'est bien la toute première fois de ma vie que j'hésite à me rendre au travail...
Ok Lu... respire... tout va bien...
Je pousse soudainement un hurlement quand quelqu'un frappe à ma fenêtre. La main sur mon cœur affolé, comme si cela pouvait le calmer, je regarde la tronche de mon abrutie de collègue rousse. Elle sourit de toutes ses dents visiblement fières de m'avoir fait peur. Je sors à contre cœur tandis que la rouquine continue de rire. Pendant que nous marchons en direction de la salle des professeurs, Maude me demande bien évidemment comment je vais, ce qu'il s'est passé, ce que j'ai fait et surtout... comment va mon frère. Maude n'est pas le genre de fille à se projeter après un coup d'un soir mais si le coup a été bon, elle tentera de remettre ça. Je me souviens de l'époque où j'avais couché avec elle.
C'était avant mon entrée à Saint-Anne. J'étais sortie avec Lilly pour boire un verre et j'avais remarqué une jeune femme me scrutant à l'autre bout de la pièce. Je l'avais rejointe et je n'ai pas besoin d'expliquer la suite. J'avais prévu de la revoir un peu après la rentrée mais nous nous étions trouvés bien bêtes au travail. Cependant, Maude n'a jamais posé de problèmes. A la minute où elle a compris que je serais sa collègue et que je ne voulais pas mélanger pro et perso, elle n'a pas insisté. Ce qui ne nous empêche pas parfois de faire des blagues graveleuses sur nous. Matéo n'a jamais compris et cela nous fait toujours rire. Du coup, je ne me fais aucun souci pour mon frère et elle. S'il veut recommencer, il la recontactera et sinon, Maude n'insistera pas plus.
« Ah ! Luna comment vas-tu ? Me demande Albert dès que nous entrons dans la salle dédiée aux enseignants.
_ Je vais bien mieux ! En revanche, vous voir ici m'inquiète...
En général Albert ne vient jamais ici sauf pour les photocopies qui ne prennent que quelques secondes. Comme je l'avais dit, mon collègue préfère ne pas se mélanger aux autres. J'avais été surprise de le voir installer une bouilloire et des sachets de thé dans sa salle pour éviter de venir ici. L'enseignant se gratte la tempe en riant timidement.
_ En fait j'ai des photocopies à faire, il répond en pointant du doigt la photocopieuse en route qui me fait pousser une « ah » rassuré, mais je voulais aussi voir comment vous alliez.
J'échange avec Albert en me dirigeant vers la machine après avoir pris ma tasse. Il me raconte ce qu'il a vu avec mes élèves et la joie que cela lui a procurée. Au moment de faire mon choix pour ma boisson chaude j'ai un moment d'hésitation... J'ai toujours pris un latte caramel mais j'ai encore le souvenir du goût de la farce d'Eden et non le goût de ses lèvres comme je l'aurais préféré... Attends ... quoi ?
Le doigt en suspend devant l'écran tactile, perdue dans mes pensées sinueuses, je ne remarque pas qu'une main choisie pour moi en choisissant un thé vert. Mon corps est instantanément recouvert de frisson car je reconnais immédiatement son parfum. Il se tient derrière moi et je me dis qu'il pourrait m'envelopper tout entière s'il le désirait. Il se penche doucement à mon oreille et je dois réprimer un gémissement quand je sens son souffle chaud glisser sur ma nuque. Son torse se colle à mon épaule quand il me murmure :
_ Pas de boisson trop lourde, tu es encore en convalescence. Cette semaine tu carbures au thé et non au sucre. »
Je tourne la tête pour croiser le regard sérieux d'Eden. Il sourit en coin avant de se relever et parler avec mon collègue qui m'a remplacé deux semaines. Le geste a été si rapide que personne n'y a fait attention pourtant mon cœur lui, a bien tout enregistré. Ma tasse en main, je m'éloigne de cet homme dangereux dès que je vois Matéo entrer dans la salle. Maude nous rejoint et tout se passe comme si rien ne s'était passé... Mais je sens le regard d'Eden sur moi. Il me brûle le dos et je ne sais comment mais je parviens à ne rien montrer de mes émotions.
VOUS LISEZ
La couleur que je hais
RomanceJe déteste le bleu. Pas le bleu du ciel, le bleu de l'eau ou le bleu que les gens peuvent faire porter à leur bébé. Je hais un bleu en particulier. Un bleu froid qui me brûle la peau. Un bleu calme et serein qui électrise mes sens. Un bleu aux écl...