Eden.
Cela fait deux semaines que je suis installé à Cagnier. Deux semaines que j'occupe cet appartement hors de prix sans que j'en sois sorti une seule fois si ce n'est pour les promenades de Nana. Une semaine que j'aurai dû prendre mon poste en tant que professeur remplaçant. Ce n'est pas parce que j'ai accepté la demande de mon père que je lui cèderais facilement. S'il pense que je vais obéir comme un vieux toutou il se trompe.
L'établissement ne cesse de m'appeler mais je ne réponds pas à leurs appels. Ils sont tout autant coincés que moi dû à l'influence de mon père. Ils ne peuvent me renvoyer comme ça... Mon père ne l'autorisera pas. Tôt ou tard, je vais devoir mettre les pieds dans ce foutu lycée.
Mon téléphone vibre en affichant un message reçu de la part d'Alex. Depuis que je lui ai avoué que je me rapprochais de Solanches, nous échangeons régulièrement. Il est au courant pour mon nouveau poste en tant que prof de maths et également du fait que je ne me suis toujours présenté. Cela semble le faire rire. Il s'est toujours amusé de mes réactions rebelles, dignes du bad boy. Selon lui, j'en avais déjà l'apparence. Il est persuadé que c'est dans mes gênes. Pourtant, quand je regarde d'où je viens, je ne peux que rire. Mon père est un connard qui n'hésite pas à utiliser son influence et son argent pour avoir ce qu'il veut au péril de la vie d'autrui et ma mère n'est qu'une salope imbue d'elle-même. Quand je les regarde, je me dis que je n'ai pas hérité d'eux... heureusement. Où pas... Si j'avais été comme eux, j'aurais peut-être pu empêcher ce qui s'est passé. Peut-être que si je n'avais remis en doute l'autorité de mon père...
Une culpabilité au gout acide m'envahit pour se loger dans ma gorge. Mes mains ne peuvent s'empêcher de trembler malgré la vaine tentative de ma chienne à me calmer. L'air devient lourd, trop lourd pour être respirable et des images horribles défilent devant mes yeux. Je n'étais pas là mais mon cerveau imagine le déroulement. Il confectionne un drame sanglant rempli de cri et de pleure...
« Je peux savoir pourquoi tu n'es pas dans ce putain de lycée !
Mon père entre avec aisance dans le salon, vêtu de son habituel costume Armani. L'âge a accentué les traits de son visage lui donnant du mal à paraître innocent ou aimable. Ses horribles yeux bleus me sondent avec dédain. Je suis torse nu avec un simple pantalon de pyjama chutant sur mes hanches. Nana se cache derrière mes jambes en grognant, les poils hérissés. J'ai envie de la féliciter de sa réaction mais je me retiens. Mon père n'aime pas les animaux. Je le connais suffisamment pour savoir qu'il serait capable de faire du mal à ma chienne quand je ne regarderais pas.
_ Tu as dit que je devais accepter le poste, répondé-je peu intéressé par notre conversation. Tu n'as pas précisé quand je devrais le prendre...
Son visage se renfrogne et je remarque la colère dans ses yeux.
_ Tu vas ramener ton cul dans cet établissement dès aujourd'hui petite merde !
Dévoilant son visage, il se dirige dangereux vers moi faisant fuir Nana dans ma chambre.
_ Tu sais de quoi je suis capable. Ne remet pas ma patience à mal Eden. Pas une seconde fois.
_ Comment oublier tes actions, père.
Nos regards s'affrontent mais il sait que je ne proteste que par fierté. Il sait que j'ai déjà perdu et que je ferais exactement ce qu'il désire. Je décide de rompre le contact visuel ce qui le fait sourire à pleine dent.
_ Va t'habiller. Je préviens le directeur que tu arrives pour cet après-midi. »
Et sans autres paroles, il fait volte-face et disparait tel un fantôme. Je soupire longuement avant d'appeler Nana pour la rassurer comme je le peux. C'est sans effet, elle sent mon agitation et cela ne peut la rassurer. Je décide de prendre une douche et lorsque je m'apprête à m'habiller je reçois un message de mon père m'ordonnant de porter une chemise. Je lance mon téléphone sur mon lit à défaut de l'exploser contre mon mur. Ce dernier rebondit mais ne fini pas au sol et reste donc indemne. Putain de merde !
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La couleur que je hais
RomanceJe déteste le bleu. Pas le bleu du ciel, le bleu de l'eau ou le bleu que les gens peuvent faire porter à leur bébé. Je hais un bleu en particulier. Un bleu froid qui me brûle la peau. Un bleu calme et serein qui électrise mes sens. Un bleu aux écl...