7

3 1 0
                                    

Ce garçon a quelque chose de captivant, quelque chose qui le tire irrésistiblement vers lui. Thylan se balade longtemps dans les rues parisiennes après avoir quitté Naël, se demandant ce qu'il lui a pris. Cela a été instinctif pour lui, de se joindre à Naël durant sa prestation.

Dans son esprit, alors que le brouhaha de la vie de la capitale lui sonne aux oreilles, leur combinaison d'harmonie se rejoue encore et encore. Les aigus du violon du Naël se mêlant aux graves de sa propre voix. Leurs cadences s'étaient synchronisées en une seconde, comme s'ils avaient fait cela toute leur vie.

Pourtant, une fois rentré à la colocation, Thylan bougonne. Même alors qu'il s'endort, une fois, deux fois, trois fois dans l'après-midi et le début de soirée, son cerveau ne cesse de réfléchir à la semaine et aux dernières. La première fois où il a rechanter Chez Pat', le bonheur qui l'a envahi dès la première seconde, son besoin de recommencer, sa rencontre avec Naël et l'énergie bouillante qui l'a traversé quand il a croisé son regard... Ses idées s'embrument et s'assombrissent quand il revoit la colère sourde mêlée de déception de Naël plus tôt dans la journée alors que tout semblait aller.

Lanna déboule dans l'appartement après la fin de son service. Épuisée, quand elle découvre son colocataire en train de se morfondre sur le canapé, l'envie de sommeil disparaît.

— Aller ! Raconte moi tout, déclare–t–elle en posant son sac dans l'entrée.

— Je t'ai laissé des pâtes dans le micro-onde, élude Thylan.

— Mon sauveur !

La jeune femme fait réchauffer son plat, sa bouche salivant à mesure que l'odeur des carbonara maison arrive à elle. Lanna vient manger sur le canapé, insistant pour que son meilleur ami lui raconte sa journée, ce qu'il fait sans oser la regarder.

— Je l'ai retrouvé où tu m'as dit. Il jouait sur le parvis du Panthéon et c'était magique. Cette manière de jouer, sa profondeur, la passion qu'il y met, bon sang Lanna, tu aurais dû entendre ça. C'était merveilleux.

— Tu as ouvert un dictionnaire des synonymes aujourd'hui ?

— Très drôle. Et puis, je me suis senti hypnotisé, je l'ai rejoint pour chanter alors qu'il jouait. C'était si naturel, si incroyable, c'était vraiment spécial tu vois. J'aimerais pouvoir revivre ça tous les jours... D'ailleurs, Naël m'a confirmé qu'il serait là demain.

— C'est plus un béguin à ce stade p'tit moineau, c'est un coup de foudre, s'extasie Lanna. Du coup, tu y retournes demain.

Thylan, qui racontait sa rencontre de cet après-midi avec fierté et passion, se retrouve désespérément à court de mots, préférant regarder ses ongles, se perdant loin.

— Accouche ! Tu vas le revoir, non ? hurle–t–elle en postillonnant de la sauce sur son colocataire.

— J'hésite. J'ai fait une crise et je ne veux pas qu'il sache pour moi. En plus, j'ai fait une boulette et je suis pas sûr qu'il veuille me revoir.

— Que tu aies fait une boulette comme tu dis, ça n'me surprend pas, mais on s'en fiche non ? Tu as aimé chanter avec lui.

Voilà qui n'est pas une question mais un fait. Lanna est une fille qui ne mâche pas ses mots, mais elle est surtout très lucide, voire clairvoyante. Idéale comme meilleure amie pour un garçon qui sans le vouloir a parfois du mal à voir plus loin que le bout de son nez.

— Tu n'es pas censée me remonter le moral ?

Mais la jeune femme préfère lui donner un coup de poing dans l'épaule, histoire de réveiller son ami. Elle coupe son "aïe" en plaçant sa main devant sa bouche.

MelodyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant