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— Thylan ! Bon sang ! Tes cachets !

À force de courir partout, le jeune homme se donne la migraine, et la communique à sa colocataire par la même occasion. Thylan n'est pas humain ce matin, c'est une tornade. Réveillé trop tard encore une fois, tête en l'air comme d'habitude, il a carrément oublié son rendez-vous de ce matin avec le docteur Garand.

— Thylan ! Stop !

Enfin, il entend. Et s'arrête net au milieu du salon, claudiquant pour enfiler sa chaussure.

— Lanna, je vais être en retard plus que de raison.

— Tu nous sors les grandes expressions à c'que je vois. Mais ça ne marche pas avec moi, tu détournes mon attention. Alors tu vas poser ton joli petit cul une seconde et prendre tes cachets.

Il a envie de souffler, de laisser passer, pourtant, il voûte le dos et va s'asseoir. Parce qu'il sait que Lanna a raison. Il est d'ailleurs plus qu'heureux que son amie joue le rôle d'infirmière, à lui rappeler de faire attention et de prendre son traitement. Avec son reste de café, il avale d'un trait le comprimé qui l'attend sur le comptoir.

— C'est bon docteur ? Vous me permettez ?

— Fait pas la grimace. Ça gâche ton beau visage. Et rassure-toi, je t'emmène.

Cette fois, il se tétanise au milieu de la pièce, les yeux plantés dans ceux de sa coloc'. En relevant la tête, cette dernière lève un sourcil puis d'un mouvement d'épaule et de tête, demande ce qui se passe.

— Qu'est-ce que tu me caches ?

— J'te cache rien du tout, évite-t-elle en le fuyant du regard.

— C'est ça.

Thylan la rejoint rapidement, en à peine trois enjambés, et se plante devant elle. Commence alors une bataille de regards, que Lanna remporte à chaque fois. Mais aujourd'hui, Thylan est à fleur de peau, et sent depuis plusieurs jours que quelque chose cloche. Il n'est, pour une fois, pas prêt d'abandonner.

— Crache le morceau, ordonne-t-il, les yeux visés dans le brun de ceux de Lanna.

— Il. N'y. À. Rien.

— Je ne te crois pas.

— Pas mon problème, mon gars.

Ils se toisent. L'un la tête baissée, l'autre commençant à avoir mal aux cervicales. Lanna regrette rapidement sa petite taille dans ce genre de situation. Néanmoins, leur différence de taille rend ses victoires bien plus intéressantes. Le fait que le grand Thylan abdique face à elle la comble de joie. Cette fois-ci cependant, il semble bien sûr de lui.

— Qu'est-ce qui te fait croire que je te cache quelque chose monsieur je-sais-tout ?

— "Joli petit cul" ? "Beau visage" ?

— Si t'complimenter revient à des soupçons, je vais arrêter.

— Tu ne me complimentes jamais sur mon physique Lanna, sauf pour me remonter le moral. Et en plus, tu veux me déposer là-bas ? Crache le morceau.

Pas de réponse. Juste un éclair passant dans les yeux de Lanna, que Thylan n'arrive pas vraiment à interpréter. Et le temps passe. L'horloge avance, mais eux restent au milieu du salon, plantés comme des piquets, sans bouger.

Toc, toc.

Sauvé par le gong. Sauf que personne ne bouge. L'égo ayant pris le dessus visiblement.

— Thylan ? Tu es là ? scande l'intrus depuis le couloir.

— Naël ? s'étonne le concerné en détournant enfin le regard vers la porte.

Lanna lance un "Yes, encore gagné" peu discret dans le dos du jeune homme alors que Thylan s'élance à travers l'appartement.

MelodyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant