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C'est sa seule alternative pour fuir le groupe et retrouver un peu de solitude et de bien-être. La chambre de Thylan est en peu différente de ce qu'il avait imaginé, la seule fois où il y est entré, il faisait nuit et il avait autre chose à faire que se préoccuper de la décoration. Les murs gris, couverts de posters, de tickets de concert et festivals et de photos retraçant sa vie sont dignes de l'homme qu'il connaît. Du Thylan tout craché pour dormir sous le regard d'artistes de légendes et d'icônes de la musique. La guitare qui trône fièrement dans un coin, prenant quelque peu la poussière, ne le surprend pas non plus, comme le bureau désordonné, parsemé de feuilles volantes et de carnets noircis. Par contre, la grande étagère prenant un pans complet de mur l'étonne un peu. On y trouve de tout : des livres de cuisine, des romans graphiques, des romans classiques aux pages cornés et jaunies, et même des vinyles. Un véritable artiste héroclite.

Assis sur le lit, face à la fenêtre et à la nuit noire, le jeune homme est surpris par le propriétaire des lieux.

— Excuse-moi, j'aurais dû te demander, admet Naël, honteux, sans se retourner.

— Non, c'est bon t'en fait pas. Tu es chez toi ici aussi.

— Chez moi...

— Quoi ? Tu n'as pas toujours pas cette impression ? s'inquiète Thylan en refermant la porte, les emmenant dans une sorte de bulle atténuant les éclats de voix du salon.

Thylan laisse son ami s'exprimer, le silence s'éterniser, sans intervenir. Doucement, sans geste brusque, il vient s'asseoir à côté de lui, l'incitant silencieusement à poursuivre sa pensée. Ce qu'il finit par faire.

— Si, grâce à vous. Grâce à toi. Vous êtes mes amis, vous êtes ma famille. Et pour moi, ce sont les personnes qu'on aime qui font de l'endroit où l'on est, notre maison.

— Ça me touche. Je suis sans voix.

Naël ricane nerveusement, baissant la tête pour cacher son sourire impertinent. C'est alors que Thylan lui donne un léger coup de poing amical sur l'épaule.

— C'est sympa de te moquer de moi, s'amuse le chanteur et fixant à nouveau ses yeux.

— Je ne me moque pas, je rigole de ce que tu viens de dire. C'était simple et mignon et ça m'a fait rire.

— Content de servir de clown, remarque Thylan avec une moue non dissimulée.

— Pas un clown non. Oh... si en fait.

— Hey !

Thylan se jette sans retenue sur lui, et ensemble, ils s'effondrent sur le lit. Par vengeance, il se met à chatouiller Naël des pieds à la tête. Surpris, Naël n'a pas le temps de voir son ami venir qu'il est déjà attaqué de toute part. Entre les rires, il tente désespérément de se protéger mais Thylan est plus fort que lui. Résultat, ce dernier se retrouve à califourchon sur Naël assénant chatouillis sur chatouillis à son adversaire. Quand il atteint une zone particulièrement sensible, proche de la hanche gauche du violoniste, celui-ci à un mouvement incontrôlé. Son genoux vient s'écraser sur l'intérieur de la cuisse de Thylan et il parvient à le renverser. Toujours avec un fou rire persistant, le chanteur tombe au sol dans un bruit sourd.

— Merde ! Thy ! Ça va ? s'exclame Naël en se relevant sur les coudes.

Lorsqu'il se penche dans le vide, il aperçoit son meilleur ami affalé, en train de se bidonner. Les yeux fermés tellement il n'en peut plus, il ne peut voir la panique de Naël se transformer en délectation.

— Et bien je crois que j'ai ma réponse, ricane-t-il.

Il se redresse pour se rasseoir sur le matelas, avant de tendre sa main à Thylan.

MelodyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant