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La semaine passe à une vitesse fulgurante.

Après le coup de massue de Naël le week-end dernier, le groupe a décidé de tout faire pour lui remonter le moral. Ils ne se sont pas laissés seuls un instant. Thylan et Lanna ont pris des congés de dernières minutes, et ce, grâce à un pote médecin fraîchement diplômé, qui leur a gentiment fait un arrêt de travail. A priori, les deux jeunes gens auraient contracté la mononucléose. Très mauvais. Cela les cloue malheureusement au lit pendant au moins une semaine. Idéal pour profiter des derniers jours d'Emilie en France et de bons moments musicaux, sans aucune pression, entre hommes, avec le meilleur public de l'univers : deux jeunes femmes folles de joies à l'idée des reprises au violon du duo.

Les journées se ressemblent toutes. Réveil alors que le soleil a déjà bien entamé sa course dans le ciel. Petits déjeuners à quatre, et rigolade en prime. Matinées balades dans le quartier, pour sortir Crush, se libérer l'esprit, et profiter de l'air frais. Après-midi cloitrés dans le salon à faire de la musique, des jeux de société et autres activités. Et soirées identiques. Parfois, les jeunes s'endorment dans le salon, avant d'aller se coucher lors d'un micro-réveil en pleine nuit. Parfois, ils restent debout jusqu'à ce que les premiers rayons du soleil pointent le bout de leur nez.

Thylan a l'impression de se retrouver en colonie de vacances. Avec cette joie enfantine des soirées brulantes d'été, autour d'histoires drôles ou à faire peur et ces airs de musique. Tous les avantages de ce genre de situation, sans les contraintes d'un surveillant trop exigeant. Et ses quelques vacances, même si elles sont bien remplies, lui font un bien fou. Cela fait des jours qu'il n'a pas fait de crise. Il est strict dans la prise de son traitement et se repose. Il a eu quelques petits coups de fatigue durant lesquels il fermait les yeux, mais aucune perte de tonus musculaire. Il a presque l'impression d'être normal.

Naël lui, se réjouit du présent, reprenant ainsi une bouffée d'air frais, une gorgée de bonheur, une lampée de vie. Il n'est pas retourné une seule fois dans la rue, dans son squat, depuis la dernière fois. Son ancien chez lui. Parce que, avant même qu'il n'en prenne conscience, son chez lui était devenu cet appartement, et plus particulièrement les personnes qui y logeaient.

— À quoi penses-tu ? demande la douce voix d'Emilie.

— Hum, hum, répond Naël sans écouter.

— Tu vas bien ?

— Hum, hum.

— Tu veux voir mes seins ?

— Hum, hum.

Alors qu'Em' se gratte la tête en cherchant le moyen que Naël cesse de répéter la même phrase en boucle comme un vieux disque rayé, l'intéressé, en tailleur sur le canapé, fixe Thylan cuisiner à l'autre bout de la pièce.

— Tu l'aimes ?

— Hein ?! Quoi ?! s'exclame-t-il, d'un coup sorti de son mirage.

Sans prendre la peine de répondre, Emilie le fixe, un léger sourire au coin des lèvres. La réaction du violoniste, elle, vaut toutes les réponses du monde, de quoi donner à Em' de l'eau à son moulin.

— Je suis désolé Em', je ne t'écoutais pas. Qu'est-ce que tu disais ? reprend-il en détournant les yeux vers ses mains.

— Tu m'as très bien entendu. Pour la dernière partie du moins. Alors ?

— Alors quoi ? se braque Naël.

— J'aimerais bien que tu répondes à ma question Naël. J'avoue qu'en te voyant, je sais déjà, mais je suis certaine que tu as besoin de le dire.

— De dire quoi ?

— Ne fais pas l'enfant. Le côté timide te vas très bien, mais le côté idiot, vraiment Naël, c'est affligeant. Tu sais parfaitement de quoi je parle.

MelodyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant