Melody

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    Quand Naël arrive chez lui, dans son squat, un poids lui tombe sur les épaules et un bloc de glace dans l'estomac. Il s'affale sur le matelas, de plus en plus en piteux état, abandonnant son étui à deux mètres de lui. Naël ne regrette pas sa réaction, la pulsion qu'il a eu avait une raison d'exister, mais ça ne l'empêche pas de se sentir mal.

Il se souvient s'être senti, il y a peu, privilégié. Un sentiment qui a perduré de jour en jour, de discussion en discussion. Être bénéficiaire de ce que beaucoup de personne n'ont pas la chance d'avoir : une amitié inconditionnelle. Thylan et Lanna l'ont accueilli dans leurs vies sachant qui il est, ce qu'il est, sans jugement, à bras ouverts. Et là, il a l'impression d'avoir sur-réagi, laissant sa colère et sa peur prendre le dessus et pris le risque de foutre en l'air ces derniers mois de bonheur. Mais c'était la goutte d'eau de trop, la dernière occasion pour Thylan de lui parler. Parce que Naël n'est pas idiot, il sait. Et il espérait sincèrement que Thylan s'ouvrirait à lui... comme lui-même à pu le faire.

Crush, ce petit être qui a apporté tant de lumière dans sa vie, avance doucement vers son maître. Sa truffe basse et ses oreilles retombées, il se faufile entre les jambes croisées de Naël. Instinctivement, Naël commence à le caresser, trouvant un peu d'apaisement dans ce geste, bien que son pincement au cœur persiste. Malgré la lourdeur de ses pensées, il finit par s'endormir, ses doigts enfouis dans la douce fourrure du cocker.

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Le lendemain matin, l'ambiance à la colocation est tendue. Quand Lanna vient s'installer à table, son ami ne prend pas la peine de la regarder. Pas un bonjour, pas un signe comme quoi il est même présent mentalement. Thylan se contente de triturer ses œufs brouillés, la tête presque enfouie dans son assiette.

— Tu vas m'expliquer c'qui c'est passé hier ? interroge Lanna sans préambule.

— J'ai pas envie d'en parler.

Voici ce qu'elle obtient pour seule réponse avant que Thylan ne fuit la cuisine, laissant son assiette en plan.

— Thylan ! Reviens ici tout de suite ! J't'ordonne de poser tes fesses et de me parler !

Le ton employé par Lanna fige aussitôt le jeune homme. Il est bien assez rare qu'elle s'énerve, mais de là à être si autoritaire... Bref, il vaut mieux qu'au minimum il s'arrête sinon, il ne donne pas cher de sa peau.

— Quoi ? demande-t-il avec dédain.

— Oh, ne joue pas à ça avec moi, lance-t-elle avec un brin de colère dans les yeux.

S'il est bien une chose que Lanna déteste par-dessus tout, en particulier venant de son colocataire, c'est d'être laissée sur le carreau, alors qu'elle peut aider.

— Assieds-toi. Grouille.

Après un dernier soupir, Thylan capitule, enfin, presque.

— Il n'y a rien à dire.

— Ah bon ? Vraiment ? Naël est parti comme une furie hier, alors que rien ne prédisposait à cela et c'est normal selon toi ? J'ai vu dans son regard la peine et la peur. Alors comment on en est arrivé là ?

Thylan ne semble pas décider à discuter. Pourtant, il sait pourquoi Naël est parti. Toutefois, il ne peut pas se résoudre à dire qu'il est le responsable, et que ce n'est pas la faute de quelque chose qu'il ne peut contrôler. Il le sait, c'est entièrement sa faute.

— J'ai tout fait foiré.

— Ouais, comme l'idiot que t'es.

— Ça, je sais merci. Vous me le répétez assez souvent tous les deux.