Je rouvre mes yeux une énième fois, me sentant irritée de ne pas pouvoir dormir comme chaque nuit et se réveiller seulement le lendemain matin. Tout ce que je veux, c'est un sommeil profond.
Mais non, mes pensées m'empêchent de dormir comme je le souhaite. C'est comme si mon cerveau refusait de se mettre en pause. Mes pensées continuent à ruisseler le long de la rivière que constitue mon cerveau, et je n'arrive pas à m'abandonner dans les bras de Morphée.
Je tourne et me retourne, tentant tant bien que mal de feindre le sommeil profond. Après quelques minutes à rester dans la même position sans que Morphée vienne me récupérer délicatement, je me résigne à ouvrir définitivement les yeux. Peu importe qu'il fasse jour ou nuit.
À ma grande surprise, et à mon plus grand soulagement, il fait enfin jour. Le soleil se lève doucement, et les oiseaux sont déjà dehors à gazouiller. Je suis sûre que là-bas, quelque part à l'autre bout de cette ville ou de ce pays, peut-être même de ce monde, quelqu'un a veillé toute la nuit et ne se rend compte que maintenant qu'il ou elle a passé une nuit blanche.
Je me sens exactement comme ils se sentent. J'ai pourtant dormi, ou du moins essayé.
Je n'allume pas mon téléphone. Je ne veux pas encore parler à Read, ni voir son nom apparaître sur mon écran. La nuit a été longue. Mais elle a eu ses points positifs.
Cette nuit sans sommeil m'a au moins permis de me calmer. Je me sens plus claire, plus posée. La colère d'hier soir et toutes ces émotions tumultueuses qui se mélangeaient en moi se sont un peu calmées, et maintenant je peux réfléchir rationnellement aux explications de Read. Je reconnais que j'ai été emportée par la colère hier soir, et que j'y suis peut-être allée un peu fort sur lui. Mais c'était comme si toute cette boule de frustration et de désespoir, d'incompréhension avait explosé d'un coup. Et j'ai parlé sans vraiment réfléchir.
Il a dit qu'il avait besoin de partir pour des raisons familiales, qu'il était allé rendre visite à des proches pour une raison que j'ignore encore. Ce n'était pas une excuse pour me laisser sans nouvelle, mais une situation qu'il a jugée nécessaire pour lui-même. Donc, je peux comprendre.
En y réfléchissant, il y a une part de vérité dans ses paroles. La famille est importante, et parfois, on se retrouve face à des situations où il faut être là pour ceux qu'on aime, même si cela implique de faire des choix difficiles ou se consacrer pleinement à eux. Je veux toujours comprendre et respecter ses choix et besoins, mais l'absence totale de communication a laissé un vide immense en moi.
Plus j'y pense, plus je crois qu'il ne cherchait pas à me blesser intentionnellement. Sa décision est quand même justifiée, parce que sa raison est valable pour moi. Ça me rassure qu'il tienne à sa famille, et qu'il ait des priorités. J'imagine qu'il a agi comme il a pu, avec les moyens qu'il avait à sa disposition. Ce n'est pas une excuse parfaite, mais il y a une part de sincérité dans ce qu'il a dit. Peut-être qu'il n'existe pas d'excuse parfaite aussi.
Je ressens un mélange de compréhension er de frustration. La frustration vient du fait que j'aurais voulu qu'il m'informe, même brièvement, de sa situation pour éviter de me faire vivre ce que j'ai vécu. Mais la compréhension l'emporte peut-être. Ses raisons sont humaines, et même si elles ne justifient pas entièrement son comportement, elles apportent un éclairage sur ce qui s'est passé.
Je pense que je vais passer au-delà de tout cela. Je vais sûrement accepter de regarder son vlog et lui donner une chance de se rattraper. La douleur que j'ai ressentie est encore présente, mais je commence à voir une voix possible pour avancer. Le pardon est une option sur la table, mais je veux m'assurer qu'il comprenne ce que j'ai ressenti suite à ce qu'il a fait. Je dois réfléchir encore un peu, mais il est clair que je vais lui pardonner. Je discuterai avec lui ce soir. Pas maintenant.
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A twist of fate
RomanceCroyez-vous que l'univers ait le pouvoir d'œuvrer pour l'union de deux âmes? Certains événements sont trop étranges et trop forts pour qu'on puisse les appeler "des coïncidences". On pourrait croire que tout était inscrit dans les étoiles, une orche...