Chapitre 43 (partie 1)

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Zara et moi continuons de marcher en silence. Elle essayait de temps en temps de relancer la conversation, mais je ne répondais jamais, mis à part des petits hochements de tête.

De plus, suite à ce mystérieux message qui l'a soudainement rendue inquiète, elle avait l'esprit ailleurs et semblait préoccupée. Elle faisait des phrases maladroites et prenait des temps de pause entre chaque mot.

Nous avions décidé de marcher le long du parc avant de rentrer, d'abord parce que la vue du coucher de soleil était magnifique, et aussi parce que j'avais besoin de me calmer.

Je ne veux pas paraître encore plus misérable. Si je me montre tellement bouleversée en public, j'attirerai encore plus les regards compatissants et surtout la pitié de tous.

Mes larmes ont séchées au fur et à mesure qu'on se rapprochait de la maison. Mon rythme cardiaque était redevenu normal, et je pouvais enfin affirmer, depuis le début de la chute dans ce gouffre infernal qu'est la mort, que je me sentais mieux.

Zara s'arrête soudainement et pointe du doigt le ciel, essayant de teinter sa voix d'une once de joie.

- Le coucher de soleil est magnifique. Ça fait tellement longtemps que je n'ai pas passé de temps avec toi, à ne rien faire d'autre que marcher. Même si c'est dans des circonstances que j'aurais voulu ne pas voir arriver de sitôt, je suis tout de même reconnaissante.

J'ai levé les yeux vers le ciel, espérant qu'il aura le même effet sur moi.

Malheureusement, regarder ce coucher de soleil a ravivé quelques souvenirs dont je ne veux pas me remémorer.

Read aimait les couchers de soleil. Il disait que ça le faisait penser à moi.

J'ai senti mon cœur se serrer de nouveau, et mes palpitations ont repris de plus belle.

J'ai accélére le pas, sans jeter un regard derrière, pour voir si Zara me suivait.

Alors que Zara restait en arrière, j’avançais sans ralentir, sans un mot de plus. J’avais besoin de cette distance entre nous, de ce moment pour moi. Je sentais son regard sur mon dos, mais je ne pouvais plus affronter ses tentatives maladroites de me réconforter.

Son inquiétude me pesait, tout comme le poids de mes propres émotions. J’avais appris à contenir ma peine, à la maintenir sous la surface. Elle ne savait pas, Zara, à quel point je me sentais coupable de ne pas aller bien. À quel point je me sentais responsable du mal-être de tous ceux qui m’entouraient.

Zara m'a finalement rattrapée, et m'annonce, essoufflée, qu'elle va rentrer chez elle. Elle m'enlace avant de partir, et je lui rends son étreinte, bien que je me sente mal.

En rentrant, j’ai trouvé Lili dans la cuisine, occupée à préparer le dîner. Ses gestes étaient précis, méthodiques, comme si elle essayait de garder un semblant de normalité dans tout ce chaos. Je me suis approchée en silence et sans un mot, j’ai commencé à l’aider.

Les mains plongées dans la pâte à pain, je sentais son regard furtif sur moi de temps à autre, comme pour vérifier que je tenais toujours debout, que je ne m’effondrerais pas.Je ne pouvais pas la laisser s’inquiéter davantage. Après tout, c’était Lili qui avait pris sur elle l’organisation des funérailles, qui avait géré les appels, les rendez-vous, les papiers.

Je ne pouvais pas l’abandonner. Pas maintenant. Alors je faisais tout pour paraître calme, pour montrer que j’étais capable de reprendre un semblant de contrôle sur mes émotions.

Même si à l’intérieur, tout était encore en miettes.Je voulais qu’elle pense que j’allais mieux, que je n’avais plus besoin de pitié, ni de regards compatissants.

A twist of fateOù les histoires vivent. Découvrez maintenant