Chapitre 42 (partie 1)

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Lorsque je retrouve mes esprits, je suis allongée sur mon lit, la couette en bataille, complètement à l'envers. La position dans laquelle je me suis endormie n'est pas des plus confortables, mais peu importe.

Mon corps semble avoir fusionné avec le matelas, mes membres sont engourdis, mes muscles me tirent, et pourtant je me sens comme si je venais de livrer une longue et acharnée bataille. Une bataille contre moi-même, contre mes pensées, contre mes regrets.

Il me faut plusieurs secondes pour remettre de l'ordre dans mes idées, comprendre où je suis, pourquoi je me sens si lourde, si épuisée. Une brume épaisse semble flotter dans mon esprit, m'empêchant de réfléchir clairement.

Peu à peu, la réalité me rattrape, elle s'insinue lentement dans mon esprit avant de me frapper avec la violence d'un coup de marteau.

Les événements des derniers jours reviennent en flots ininterrompus, aussi imprévisibles que dévastateurs. Les mots que j'ai criés à Lili, la colère que je n'ai pas pu contenir, la culpabilité qui a suivi comme une ombre indélébile.

J'ai crié sur Lili.

Je revois son visage surpris, déconcerté. Elle n'a pas compris. Comment aurait-elle pu comprendre cette lutte interne qui me dévore ?

Comment pourrait-elle comprendre cette sensation constante d'être indigne, de ne pas mériter l'amour que l'on me donne ?

Je lui ai dit que je n'étais pas une bonne sœur, que je ne méritais pas de l'avoir dans ma vie. Je lui ai balancé toutes ces horreurs, aveuglée par ma propre frustration, par cette culpabilité sourde et corrosive qui me ronge de l'intérieur. Et puis, je l'ai laissée là, seule avec ma colère, avec mes paroles dures et injustes.

Mon estomac se noue à cette pensée, et une vague de nausée monte en moi. Je prends une grande inspiration, espérant calmer le tourbillon de pensées qui menace de m'emporter. Je sens les larmes monter, prêtes à déborder à nouveau, et mon rythme cardiaque s'accélère.

Une agitation intérieure que je connais trop bien s'installe, et je me lève précipitamment de mon lit, incapable de rester immobile une seconde de plus.

Je ne peux pas rester ici à ressasser ces souvenirs, à tourner en rond dans ma tête. Si je laisse mes pensées dériver plus longtemps, je vais exploser.

Je vais dire quelque chose que je regretterai. Je vais tout déballer, sans filtre, sans retenue, et je ne peux pas me permettre de craquer comme ça. Pas devant Lili. Pas devant personne.

Mes jambes tremblent légèrement sous mon propre poids, comme si elles supportaient un fardeau invisible. Mon regard se pose sur mon téléphone, gisant sur le tapis de ma chambre.

Il n'est pas éteint. Je me souviens l'avoir jeté sur mon lit dans un accès de frustration, et pourtant le voilà, par terre, comme s'il avait échappé à mon emprise même en plein sommeil.

Je me penche pour le récupérer, et je vérifie mes notifications sans vraiment y prêter attention. Mes yeux se posent sur un message de Read.

Une colère sourde et incompréhensible s'empare de moi, ravivant les flammes qui s'étaient momentanément apaisées.

Comment ose-t-il me parler après avoir occupé tout mon temps, après m'avoir laissée seule avec mes doutes, mes peurs ?

D'un geste sec, je supprime la notification sans même relire son message. Je ne veux pas voir son nom sur mon écran, je ne veux pas penser à lui, pas maintenant.

Je fais défiler les autres notifications. Plusieurs appels manqués. Lili, évidemment. Zara aussi. Elle doit avoir appris pour mon père. Comment ? Qui lui a dit ? Comment a-t-elle réagi ?

A twist of fateOù les histoires vivent. Découvrez maintenant