Chapitre 21

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J'attends que Papa se réveille de nouveau. Après son malaise d'hier, il s'est réveillé tard dans la nuit, la gorge sèche et le ventre vide.

J'ai prévenu l'infirmière qu'il s'était réveillé et qu'il avait faim. Je lui ai donné à manger, et à boire. Son appétit n'était pas vraiment au rendez-vous, malgré qu'il mourait de faim, comme il le disait.

Il essayait de converser avec moi, mais je m'inquiétais trop pour vraiment participer à la conversation.

- Tu as pu te reposer un peu quand tu es rentrée à la maison? dit-il en avalant la soupe à la texture bizarre que l'hôpital servait.

- Euh, oui. J'ai pris une douche. Et j'ai mangé des nouilles.

Il acquiesce, sentant que je n'étais pas vraiment là. Il repousse doucement la cuillère que je lui tends, et secoue la tête.

- Je n'ai plus faim. Tu peux arranger mes draps, s'il te plaît?

Je pose le plateau de nourriture sur la petite table de nuit, et l'aide à se recoucher, ajustant ses draps. Alors que je suis concentrée à arranger ses couvertures, il pose sa main sur ma joue.

Froide. Glacée. Presque morte.

Le contact me fait frissonner, et je relève les yeux vers lui, la peur se lisant sur mon visage.

- Eléa, je n'aime pas que tu doives supporter ça. Je suis tellement désolé, ma fille. Je ne veux pas être un fardeau de plus sur tes frêles épaules. Tu es jeune, tu devrais profiter de tes années d'adolescence. Au lieu de ça, je t'oblige à prendre soin de moi.

Je ne dis rien, sentant mon cœur se briser face à l'expression fatiguée et vaincue, ou presque, de mon père.

- Cela ne fait que 3 jours que je suis dans ce lit d'hôpital. Mais pourtant, je ne peux pas supporter de te voir tellement inquiète, toujours aux aguets, forcée à voir une réalité dont je veux t'éloigner le plus longtemps possible.

Il continue de me caresser la joue, plantant ses yeux dans les miens.

- Parfois, je me dis que peut-être que ce serait mieux que je ne sois plus vivant parce que j'ai l'impression de te compliquer la vie, de te déranger. Et je sais que tu me diras que c'est absurde, que ce n'est pas vrai, que ça n'arrivera jamais. Mais quand je vois à quel point cette situation t'affecte, je ne crois pas pouvoir le supporter longtemps. Même si je sais que mourir ne fera qu'aggraver ta douleur. Je me sens comme un fardeau, dit-il avec une voix brisée.

Une larme tombe du crépuscule de ses yeux, et je me rends compte que c'est la première fois que je vois mon père pleurer pour lui.

Je l'enlace, ne sachant que faire de mieux.

Alexis m'a appris que les gestes peuvent parfois valoir 1000 mots.

- Je t'aime, Papa, dis-je doucement.

Et Read m'a appris que les mots justes peuvent apaiser un cœur meurtri.

- Je t'aime aussi, Eléa.

Nous pleurons dans les bras de l'autre, laissant sortir toute notre peine, notre fatigue, notre désespoir face à la réalité qui se présente à nous.

                                 ~~~

Papa s'est endormi quelques heures après ce moment de tendresse et tristesse emmêlée. Je suis allée à la cafétéria pour m'acheter un jus d'orange pour me redonner de l'énergie.

C'est fou, on y trouve vraiment de tout dans cet hôpital. C'est logique d'un côté aussi, vu que cet endroit devient le "foyer" des malades et de leur famille.

A twist of fateOù les histoires vivent. Découvrez maintenant