Chapitre 46 (partie 1)

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Je marche lentement, laissant la lumière chaude du soleil glisser sur mon visage, mes bras, comme une caresse bienveillante. L’air est doux, légèrement parfumé par les fleurs de fin de printemps qui ornent les jardins du quartier.

Il est midi, et j’avais besoin de cette sortie, de m’éloigner de la maison, de tout ce qui s’y passe. C’est peut-être égoïste, mais après la lettre de Papa et les annonces de Lili, je me sens étouffée. C’est comme si tout ce que je connaissais et que je croyais solide s'effritait doucement, lentement, sans que je puisse y faire quoi que ce soit.

Je pense à Papa, à ses mots. Il ne m’en veut pas, et cela me soulage. J’ai tellement redouté qu’il puisse m’en vouloir, qu’il me reproche d’avoir agi comme je l’ai fait. Mais ses mots, ses phrases… Ils étaient pleins de bienveillance. C’est étrange de ressentir à la fois ce soulagement et cette tension. Comme si malgré tout, une part de moi ne pouvait pas complètement se libérer de ce poids. Je sais qu'il m’aime, mais je m'en veux toujours.

Je me demande s’il a toujours su pour Read, ou s'il l'a découvert seulement récemment. Qu'est-ce qu'il sait réellement ? Et pourquoi m’a-t-il laissé m’engager dans cette histoire sans m’en parler plus tôt ? Je me pose mille questions, mais je n’ai aucune réponse.

Et puis, il y a Read… Il ne m’a toujours pas répondu. Depuis mon dernier message où je lui ai dit que j'avais besoin de savoir qui il était vraiment. Depuis, c'est le silence complet. Est-ce qu’il hésite à tout m’avouer ?

Est-ce qu’il se cache encore derrière ce pseudonyme parce qu’il a peur de me perdre ? Ou pire, est-ce que je me suis trompée sur lui, sur ses intentions ? Je n'arrive pas à savoir si c'est moi qui m'inquiète pour rien ou si quelque chose ne va vraiment pas.

Je soupire, en essayant de chasser ces pensées qui tournent en boucle dans ma tête. Mais ça n’est pas si simple. Chaque pas que je fais semble me ramener à ce même point de questionnement, d’incertitude. Papa m’a dit d’être patiente, mais est-ce que je peux l’être encore ? À quel point peut-on être patient quand on sent que la vérité nous échappe constamment ?

C’est à ce moment-là que je me rends compte de l’endroit où mes pas m’ont menée. Devant la maison d'Alexis. Encore une fois. Ce n'est pas la première fois que je me retrouve ici sans le vouloir, comme si une force invisible me ramenait toujours à cet endroit.

C’est drôle. Alexis et moi habitons dans le même quartier, mais je n’avais jamais pensé à combien nos chemins se croisent, même sans que je le réalise.

Mes pensées sont interrompues par la porte de la maison qui s’ouvre. Alexis sort, vêtu simplement d’un t-shirt et d’un jean, son sourire lumineux comme toujours. En me voyant, son sourire s’élargit encore.

- Eh bien, si ce n’est pas Éléanor ! s'exclame-t-il en s'approchant de moi. Tu te perds encore dans mon quartier ou tu es venue exprès cette fois ?

Je ris malgré moi, incapable de résister à son humeur légère. Alexis a ce talent de rendre les choses plus simples, de transformer mes moments d’angoisse en quelque chose de supportable, presque agréable.

- Je... j'étais juste en train de marcher, répondis-je, essayant de paraître décontractée. Et je ne sais pas, mes pieds m’ont amenée ici sans que je m’en rende compte.

- Ah, c’est donc ton subconscient qui voulait me voir, dit-il en plaisantant, un sourire malicieux sur le visage.

Je ris de nouveau, légère. C’est étrange comme tout semble plus facile en sa présence. Comme si le monde, avec ses problèmes et ses incertitudes, pouvait attendre.

- Peut-être bien, dis-je en haussant les épaules. Après tout, j’ai déjà visité ta maison, même si c’était sans autorisation…

Son rire résonne dans l'air et me réchauffe le cœur. Ça fait du bien de rire, de me sentir un peu plus libre, même si ce n’est que pour un instant.

A twist of fateOù les histoires vivent. Découvrez maintenant