Chapitre 53

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.... I just want you to know who I am. "

Le matin après ma soirée avec Alexis, je me réveille dans une sorte de brume douce, un mélange de fatigue et de chaleur résiduelle de ce baiser qui m’a laissée à la fois apaisée et tourmentée.

Je suis encore incapable de remettre en place ce qui vient de se passer, ce qui se passe entre nous. Qu'est-ce que ce baiser veut dire ? Est-ce juste un moment d'impulsion, un adieu en avance, ou est-ce quelque chose de plus ? Cette question me tourmente alors que je m’habille et prépare la journée.

Aujourd'hui, je dois finaliser mes derniers préparatifs pour partir à l'étranger. Et, dans le fond, je sais que tout ce qui touche à cette journée marquera la fin d'une époque de ma vie. La fin de mon histoire avec mes amis, avec ma ville, avec tout ce qui m’est familier.

Je suis prête, oui. Mais en même temps, j’ai cette sensation étrange de tirer un voile sur des choses importantes, des relations que je laisse derrière moi sans savoir si je pourrais jamais les retrouver intactes.

Zara arrive en fin de matinée, comme convenu. En voyant son sourire légèrement forcé, je comprends qu’elle essaie d’être aussi optimiste qu’elle peut.

Il est difficile pour nous deux de faire semblant que tout est normal, alors que je vais bientôt quitter tout ce que j’ai connu. Mais, sans surprise, elle se met immédiatement au travail, prête à m'aider à tout finir rapidement.

- Alors, prête pour l’expatriation ? demande-t-elle, une note d’ironie dans la voix qui masque sa tristesse.

Je lui adresse un sourire fatigué.

- Je crois que je le suis, oui.

Elle entre, un peu hésitante, et se met directement à déballer la pile de vêtements qui traînent encore sur ma chaise. Son énergie est contagieuse, et même si je sens bien qu'elle essaie de cacher ses propres émotions, ça me fait du bien de la voir là, à mes côtés. Elle commence à trier les vêtements sans perdre de temps.

- On va t'aider à emballer tout ça, et ensuite on prendra un moment pour… je ne sais pas, décompresser avant que tu partes, dit-elle, tout en pliant les vêtements. Ce n’est pas comme si tu allais disparaître pour toujours, hein ?

Je hoche la tête, mais je sais au fond de moi que la réalité est différente. Partir pour une durée indéterminée, c’est comme partir pour toujours, d’une certaine manière.

Et Zara le sait aussi, même si elle essaie de minimiser la situation. Elle me sourit et me lance un regard complice.

- Allez, c’est juste pour un temps, tu reviendras. On se reverra bientôt, plus tard.

Le plus dur, je crois, c’est cette notion de temporalité qui se déforme. Le temps devient plus flou quand on sait qu’on va s’éloigner, qu’on va changer de cadre, et que peut-être, certaines choses ne reviendront jamais comme avant.

                                ~~~

Au fur et à mesure que la matinée avance, le silence entre nous se fait plus lourd. Nous avons tant de choses à dire, mais il est difficile de les formuler. On ne sait plus comment se dire au revoir.

Cela fait longtemps que la réalité de mon départ a commencé à m’envahir, et chaque tâche que l’on accomplit ensemble semble juste une autre étape vers la séparation.

Le soleil brille à travers la fenêtre de ma chambre, et la journée semble enfin s'étirer sous un ciel dégagé. Zara et moi avons passé la matinée à trier mes affaires, à empiler les dernières boîtes et à faire des piles de vêtements qui ne tiendront probablement plus dans mes valises. La maison est en désordre, mais au fond, je suis soulagée. C’est presque fini. Lili part dans quelques jours, et la réalité du départ commence à m'envahir un peu plus chaque minute.

A twist of fateOù les histoires vivent. Découvrez maintenant