J'ai promis à Anne de lui ramener son frère.
Il veut tellement trouver de quoi la soigner qu'il en oublie son rôle principal : être un frère. Je ne sais pas de quel côté me mettre. Je comprends le combat que veut mener Sebastian, faire son possible pour sauver sa jumelle. Et de l'autre, il y a Anne, qui veut simplement la présence de son frère.
Je me lève et dis à Anne que je la reverrai bientôt.
Je l'espère.
Je sors de leur petite maison et cherche Sebastian, qui ne se trouve pas aux alentours. Je marche un peu dans le village en espérant tomber sur lui.
Au bout de quelques mètres, j'aperçois au loin une silhouette de dos, accoudée à un muret qui surplombe les Highlands. Je me rapproche un peu et arrive à le reconnaître. Il a la tête entre ses mains, et en m'approchant un peu plus, je peux l'entendre pleurer.
J'ai le cœur serré en écoutant ses pleurs. Je m'avance vers lui un peu plus, cherchant mes mots, mais je ne sais pas quoi dire. Je retiens mes larmes face à ses sanglots.
Arrivée derrière lui, j'enroule mes bras autour de son torse et le serre fort pour lui montrer que je suis là. Je pose ma tête contre son dos et le serre un peu plus. Je sens une de ses mains, mouillée par ses larmes, se poser sur les miennes.
J'attends silencieusement qu'il se calme et que sa respiration redevienne normale, toujours en l'enlaçant fortement.
Au bout de quelques minutes, il se redresse et se tourne vers moi en me tenant les deux mains. Ses yeux sont encore humides et commencent à devenir rouges à cause des larmes. Je serre les dents pour ne pas éclater en sanglots avec lui.
— Daphnée, il faut que tu la sauves. Je t'en supplie... — me dit-il en me regardant dans les yeux.
— Je ne sais pas quoi faire, Sebastian. J'aimerais pouvoir t'apporter les réponses que tu veux, mais ce n'est pas possible.
Il baisse la tête et me lâche les mains pour se tourner de nouveau vers le paysage. Le soleil est en train de se coucher. Les plaines vertes se mêlent à la couleur orange du ciel. J'aurais trouvé ce moment très beau si l'atmosphère n'était pas si morose.
— Anne voudrait te voir. — dis-je.
— Je ne retournerai pas la voir tant que je n'ai pas trouvé comment la sauver. — me répond-il sèchement.
— Tu es son frère, elle a besoin que tu te comportes ainsi ! — essaye-je de lui faire comprendre.
— Que je me comporte ainsi ?! — me dit-il en se tournant vers moi brusquement — Tu penses que ce n'est pas mon rôle de frère de vouloir la sauver ?!
— Ce n'est pas ce que j'ai dit...
— Tu veux que je la regarde mourir ? Que je ne fasse rien, comme vous tous ?! — dit-il en élevant la voix.
— Écoute-moi...
— Tu es comme mon oncle et comme toutes ces personnes qui ont abandonné ma sœur !
— Ce n'est pas vrai ! Tu ne m'écoutes pas ! — crie-je à mon tour.
— Pourquoi je t'écouterais ? Tu n'es qu'une incapable !
Je suis surprise par son comportement et par la manière dont il me parle. Sa dernière phrase m'a coupé la parole et je le regarde bouche bée. Une incapable ?
— Et toi, tu n'es qu'un égoïste. Tellement égoïste que tu ne vois même pas que ta sœur t'appelle. Qu'elle voudrait avoir ce luxe de passer un peu de temps avec toi avant de mourir. Elle se fiche du sauveur, elle veut son frère !
Je ne suis pas sûre de ce que je viens de lancer au visage de Sebastian. Il fallait qu'il s'arrête, qu'il pense pour une fois au désir de la principale concernée. Il me regarde à son tour, la voix coupée.
— Tu devrais partir. — me dit-il, la gorge serrée.
— Seb...
— Je n'ai pas besoin de toi. Ni de personne.
— Tu as raison, tu n'as pas besoin de moi pour comprendre. Il te suffit juste d'écouter. Mais c'est moi "l'incapable".
Je passe devant lui sans le regarder, au risque de pleurer, et je prends le chemin du retour sans me retourner. J'ai l'impression de le revoir au début de l'année, quand il était la personne que je détestais le plus. Alors qu'il avait réussi à me montrer une autre facette de sa personnalité, que j'appréciais beaucoup plus, son démon a refait surface au pire moment. J'espère qu'il ira voir sa sœur, comme elle le souhaite, et qu'il oubliera un instant de vouloir la sauver.
Je me dépêche de rentrer avant la nuit. Je marche rapidement sans m'arrêter, le pas lourd.
En arrivant à la salle commune, je vois Ominis assis près de la grande fenêtre qui donne sur le fond du lac noir, en train de lire un livre. Je me dirige vers lui en soufflant après l'après-midi éprouvante que je viens de passer.
— Houla, tu m'as l'air bien en colère. — me dit-il pendant que je m'installe à côté de lui.
— Ton meilleur ami est un abruti. — je lui réponds fermement.
— Tu ne m'apprends rien jusque-là. Vous vous êtes disputés ?
— Il est trop têtu, il n'écoute pas ce qu'on lui dit ! Il n'écoute même pas sa pauvre sœur ! - je marque un temps - Par Merlin, j'ai trop mal au cœur rien que de penser à son état...
— Je prie à chaque fois avant d'y aller qu'elle ne fasse pas une crise... Je ne supporte pas de l'entendre se tordre de douleur.
Je m'adosse contre le mur en regardant l'eau pour me calmer. Tout se mélange dans ma tête : la compassion, la colère, la peine...
— Ça ne m'explique pas pourquoi vous vous êtes disputés... — me demande Ominis.
— Anne m'a chargée de faire comprendre à son frère qu'il devait arrêter de vouloir être un héros. Et qu'elle avait juste besoin de lui en tant que frère. Et il l'a mal pris.
— Hmmm ça ne m'étonne pas...
— Il a dit que j'étais une incapable.
— Ça en revanche, ça m'étonne. — il me dit en se tournant vers moi.
— J'avais envie de lui arracher la tête... Et de pleurer.
— Je suis sûr qu'il ne le pensait pas vraiment...
Repenser à notre dispute me fait monter la tension. J'aimerais lui crier dessus de nouveau pour qu'il remette les pieds sur terre. Je voulais simplement aider Anne. Pas m'en prendre plein la figure.
— Viens là. — me dit Ominis en ouvrant ses bras.
Je n'hésite pas une seconde à m'y enfouir pour me calmer. Je me cale sur son rythme de respiration, plus lent que le mien, et ferme les yeux. Notre câlin dure quelques minutes et réussit à m'apaiser un instant. Je quitte la chaleur de son corps avec regret.
— Ominis, t'es vraiment un magicien. — je lui dis avec un sourire.
Il me rend mon sourire et me caresse le bras pour continuer de me réconforter.
Nous entendons la porte de la salle commune s'ouvrir, et par réflexe, je me retourne pour voir qui entre. Je suis surprise de voir Sebastian. Je ne peux m'empêcher de froncer les sourcils et de lui lancer un regard noir.
Il s'approche de nous, dans la même humeur que la mienne.
— Il faut que je parle à Ominis. — me dit-il sèchement en faisant allusion à ce que je parte.
Je me lève et fais face à lui, toujours avec les yeux glacials.
— Je ne comptais pas rester une seconde de plus dans la même pièce que toi.
Puis, je sors de notre salle commune, encore plus furieuse qu'à mon arrivée.
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Au-delà des ombres - Hogwarts Legacy - Sebastian Sallow
FanfictionNouvelle élève à Poudlard, Daphnée entre en cinquième année avec un secret : elle possède une magie ancienne qui a bouleversé sa vie et qui l'a forcée à quitter sa famille moldue. Eleazar Fig qui cherche à percer les mystères de cette magie, la pren...