11. La tension

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Andreï: Avant le drame

Je suis assis sur le canapé, le regard perdu dans le vide, une main crispée sur ma tasse encore pleine. Mes pensées tournent en boucle, oppressantes, écrasantes. Si quelque chose lui arrive... Ce n'est pas seulement elle que je perds. C'est tout l'équilibre fragile que j'ai construit. L'alliance volera en éclats. Aslan ne manquera pas une occasion pareille pour frapper. Et moi... je serai seul, exposé, vulnérable.

Je me lève d'un bond et traverse la pièce pour me servir un café dans la cuisine. Il faut que je reste éveillé. Si elle revient, je dois être prêt. Même si chaque minute sans nouvelle me donne l'impression d'étouffer.

Je retourne dans le salon et m'effondre à nouveau sur le canapé. Je bois lentement, chaque gorgée amère réchauffant à peine la froideur qui s'installe en moi. Mon téléphone est posé sur la table, et je le fixe comme s'il allait se mettre à vibrer par miracle.

Finalement, je le prends et compose le numéro de Micha.

Oui ? répond-il. Sa voix est tendue.

Tu l'as retrouvée ? demandai-je, le souffle court.

— Pas encore. Je suis devant la boîte en ce moment. J'ai interrogé quelques personnes. Y'en a un qui l'aurait vue près d'une boutique, un peu plus loin.

— Et il sait où elle est partie après ça ?

— Non. Il lui a proposé un verre, mais elle s'est méfiée. Elle s'est faufilée dans la boutique et après, plus rien. Elle a disparu.

Je me passe une main sur le visage, frustré.

— Elle ne serait pas restée là-bas.

— Non, je pense aussi qu'elle s'est enfuie. Je vais aller fouiller du côté de cette boutique. Je te tiens au courant dès que j'ai du nouveau.

— D'accord.

Il raccroche. Le silence retombe immédiatement, plus lourd encore. Je garde le téléphone dans ma main, incapable de le poser. L'angoisse me ronge de l'intérieur.

Soudain, un bruit à la porte me fait sursauter. Mon cœur rate un battement. J'abandonne ma tasse sur la table et me précipite pour ouvrir, l'espoir au ventre. Mais ce n'est que le vent. Les volets claquent doucement. Personne. Rien. Juste l'absence.

Je referme lentement, comme si cela pouvait retarder le vide qui m'attend derrière. Je me rassieds, pris dans une tempête intérieure que je n'arrive pas à calmer. La télé s'allume, mais je n'écoute pas. Le bruit n'est qu'un murmure lointain, sans consistance.

Les heures passent.

Le temps devient mon ennemi. Chaque minute sans nouvelle me scie les nerfs. À 4 heures du matin, mes paupières brûlent, mais je ne peux pas dormir. J'ai l'impression qu'une partie de moi est restée dehors, avec elle. Perdue quelque part entre les ombres et le silence.

Puis, à 6 heures, toujours rien. Rien du tout. Je tourne en rond dans le salon comme un lion en cage. J'ai besoin d'un signe, d'une preuve qu'elle est encore en vie, qu'elle respire quelque part. Je finis par envoyer un message à Micha : Des nouvelles ?

Pas de réponse.

Putain.

Je serre le téléphone dans ma main, au bord de l'explosion. Mon impatience devient rage, et ma peur, une lame glaciale qui me transperce la poitrine.

Et puis... enfin. Le téléphone vibre. Je me jette presque dessus.

— Micha ? dis-je, d'une voix tendue.

PIERCE THE VEILOù les histoires vivent. Découvrez maintenant