10. L'éveil des ombres

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Sheyla:

Je n'adresse pas un seul regard ni un seul mot à Andreï, pris par la colère. Après avoir vu ce corps sans vie, je perds la tête, tout me tourmente. Je ne vois plus rien, je marche sans savoir où je vais, je ne vois personne, comme si je suis devenu aveugle. Jusqu'à ce que je heurte quelque chose, et là, tout devient clair. J'avais le regard baissé et, quand je reprends connaissance, je lève les yeux et tombe sur un homme. L'homme est barbu, grand de taille; je pense même qu'Andreï et lui font la même taille. Il a un regard de violeur.

— Excusez-moi, mademoiselle, je ne vous avais pas vue !

— Oh non, c'est moi...

Il se met à sourire, et je lui rends son sourire gentiment.

— Mais que faites-vous dans cette ruelle ? Et toute seule ?

Je réfléchis et décide de lui répondre en soupirant.

— J'étais venue voir mon mari, et je l'ai vu faire l'amour avec une autre.

Il ouvre grand les yeux.

— Je suis désolé, j'espère que vous allez bien ?

Il pose sa main sur mon épaule, et là, je me sens en danger. Cet homme n'est pas là par hasard, c'est clair.

— Oui.

Je décide de ne pas trop faire la conversation et lui adresse un au revoir. Je marche normalement pour ne pas qu'il se doute de quelque chose. Mais cet homme me suit ! J'en étais sûre, il n'est pas là par hasard. Je ne me retourne toujours pas et je marche normalement.

— Ça vous dit de prendre un verre ?

Je ne lui réponds pas. Merde, je vais sûrement me faire violer par cet homme, mais peu importe, ma vie est déjà foutue depuis que je suis née !Je continue de marcher, mon cœur battant la chamade. Les pas de l'homme résonnent derrière moi, réguliers et menaçants. Je cherche désespérément une échappatoire, un endroit où me réfugier, mais la ruelle est déserte et les bâtiments autour semblent froids et indifférents.

— Attendez ! insiste-t-il.

Je prends une profonde inspiration, essayant de calmer ma panique. Au coin de la rue, je vois une petite boutique encore ouverte, avec une lumière accueillante. C'est ma chance.

Je presse le pas, essayant de ne pas paraître trop précipitée. Juste avant d'atteindre la boutique, je me tourne brusquement vers l'homme, espérant le surprendre par mon audace.

— Pourquoi vous me suivez ? lâchai-je avec une voix tremblante mais ferme.

Il s'arrête, visiblement pris de court, et lève les mains en signe d'apaisement.

— Je suis désolé, vraiment. Je voulais juste m'assurer que vous alliez bien. Vous aviez l'air tellement bouleversée...

Je le fixe, essayant de lire ses intentions. Ses yeux semblent sincères, mais je ne peux pas me permettre de baisser ma garde.

— Merci, mais je vais bien. Vous pouvez partir maintenant.

Il hésite un instant, puis hoche la tête.

— D'accord, je comprends. Prenez soin de vous.

Il fait demi-tour et s'éloigne lentement. Je reste là, immobile, jusqu'à ce qu'il disparaisse de ma vue. Une vague de soulagement m'envahit, mais je sais que je dois rester prudente. Je pousse la porte de la boutique et entre, cherchant un endroit sûr pour reprendre mes esprits.

Je reste à peu près vingt minutes dans la boutique, puis je décide enfin de ressortir. Je marche pendant ce qui me semble être presque une heure. Je regarde autour de moi, mais à part une route et des arbres, je ne vois rien d'autre. Je suis fatiguée de marcher, et je n'ai clairement pas envie de rentrer chez lui. Mais je me dis que je peux retourner chez mon père. Je cherche donc mon téléphone dans mon sac, mais je ne le trouve pas et me rappelle que je l'ai jeté. Putain, je suis vraiment conne.

PIERCE THE VEILOù les histoires vivent. Découvrez maintenant