Chapitre 7

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Au fil des jours, Ethan n'arrêtait pas de me complimenter subtilement et de me chercher. Il trouvait toujours une excuse pour se rapprocher de moi, que ce soit pendant les cours, les activités ou même les soirées. Sa présence constante et ses paroles flatteuses créaient une atmosphère chargée d'une complicité palpable.

En parallèle, je passais du temps avec Sarah, découvrant les nombreux clubs et activités que l'école proposait. D'autres fois, je rejoignais Emilie et ses amis pour des moments plus calmes dans la bibliothèque ou des promenades tranquilles dans les jardins.

Ces interactions m'ont aidée à me sentir plus intégrée. Les hésitations initiales se sont transformées en moments de complicité avec mes nouveaux amis.

Le samedi matin arriva rapidement, et Sarah m'a réveillée tôt pour aller en colle.

_ Allez, Lila, debout, chuchota-t-elle en tirant les rideaux pour laisser entrer la lumière.

Je grognai en me levant, notant l'absence d'enthousiasme chez Sarah. Après avoir enfilé des vêtements appropriés, nous nous dirigions vers les jardins, où un surveillant nous attendait pour nous donner les instructions nécessaires : tailler les haies, arroser les plantes délicates de la serre, et vérifier l'état général des espaces verts.

Sarah et moi échangions des regards amusés en voyant le surveillant prendre son rôle très au sérieux, comme s'il voulait nous montrer l'importance de ces tâches malgré notre manque d'enthousiasme initial.

Au fil du travail, nous avons appris à apprécier la sérénité des jardins, discutant de tout et de rien tout en accomplissant nos tâches.

Peu avant midi, Raphaël et Ethan arrivèrent, visiblement pressés. Ils expliquèrent à Sarah qu'elle devait les accompagner pour une raison non précisée.

Sarah, visiblement mal à l'aise, se tourna vers moi avec un air désolé.

_ Désolée, Lila. Il semble que je doive partir. Pourrais-tu me couvrir ici ? demanda-t-elle.

Je lui fis un sourire rassurant.

_ Bien sûr, ne t'inquiète pas. Vas-y, répondis-je doucement.

Elle me remercia rapidement et partit avec Raphaël et Ethan. Peu après leur départ, Ethan revint vers moi avec un sourire espiègle.

_ Maintenant que Sarah est partie, on peut enfin avoir une conversation normale. Et tu sais, Lila, je ne savais pas que s'occuper des plantes pouvait être aussi captivant. Tu rends chaque feuille et chaque fleur fascinante.

Son ton taquin et ses compliments inattendus me firent sourire.

_ Oh, Ethan, tu es incorrigible. Mais merci, c'est agréable à entendre.

_ Vraiment, tu as un talent pour rendre les choses intéressantes.

Je levai les yeux au ciel, amusée par son excès de confiance.

_ Merci, c'est gentil de le dire, mais tu sais que je ne suis pas aussi fascinante que tu le penses.

_ Alors, est-ce que tu serais partante pour qu'on passe un moment ensemble après tout ça ?

_ Peut-être. On verra comment la journée se passe, répondis-je en feignant l'indifférence, même si une petite lueur d'excitation grandissait en moi.

_ Parfait. J'attends avec impatience ce « peut-être ».

Il me lança un clin d'œil avant de s'éloigner.

Je secouai la tête, amusée par ses techniques de drague vaseuses. Il avait cette manière désinvolte de me faire sentir spéciale, et malgré moi, je me sentais flattée. C'était presque un art de savoir jongler entre la légèreté de la conversation et une certaine profondeur. Je n'aurais jamais pensé qu'un simple échange pouvait me laisser ce mélange d'excitation et de curiosité.

Peu après son départ, le surveillant revint pour vérifier notre avancement.

_ Comment ça se passe ici ?

_ Tout va bien. On progresse, répondis-je.

_ Et Sarah ? Où est-elle ?

Je me sentis un peu déconcertée. Après une brève hésitation, je répondis :

_ Elle... euh, elle est partie aux toilettes.

Le surveillant sembla sceptique mais ne fit aucun commentaire. Il s'éloigna après un rapide coup d'œil.

Quelques temps plus tard, le surveillant revint, manifestement intrigué par l'absence prolongée de Sarah.

_ Alors, Sarah est toujours aux toilettes ? demanda-t-il, un sourcil levé, comme s'il était peu convaincu.

Je ressentis un léger pincement de nervosité, réalisant que mentir davantage serait futile.

_ En fait, elle est partie avec Raphaël et Ethan. Ils avaient quelque chose d'urgent à faire, expliquai-je en essayant de rester calme.

Le surveillant haussa les épaules, à peine concerné.

_ Très bien. Assurez-vous simplement de ne pas vous laisser distraire. On compte sur vous pour finir ce que vous avez commencé.

Il repartit rapidement, laissant derrière lui une impression d'indifférence presque déconcertante. Son manque de réaction face à l'absence de Sarah me laissa perplexe, mais je me résolus à me concentrer sur notre travail.

Une fois le travail dans les jardins et la serre terminé, le surveillant revint pour une nouvelle inspection. Après avoir approuvé notre travail, il me fit un signe de tête appréciateur.

_ Bien joué, Lila. Tout semble en ordre ici. Tu peux te reposer un peu maintenant.

Je rangeai les outils et me dirigeai vers la cafétéria, où Emilie, Alex, David et Sophie m'attendaient déjà pour déjeuner.

_ Enfin de retour ! s'exclama Emilie en me voyant. Tu as mis du temps. Comment s'est passée ta matinée ?

_ Plutôt bien, répondis-je en souriant à Emilie. On a bien avancé sur les tâches, heureusement.

_ Ça devait être agréable de travailler au grand air, commenta David avec un sourire.

À ce moment-là, Sarah arriva avec un air nonchalant.

_ Salut tout le monde ! Désolée pour le retard, j'ai eu une petite urgence à régler. Qu'est-ce que j'ai manqué ?

Elle semblait parfaitement à l'aise, comme si son absence n'avait jamais eu lieu.

_ Rien de spécial, ajouta Alex. On était en train de débattre sur le charme des plantes, des discussions très sérieuses.

Nous éclatâmes de rire et entamâmes notre déjeuner, échangeant des histoires et des plaisanteries comme à l'accoutumée.

Après le repas, nous restâmes à discuter de nos projets pour le reste de la journée. Sarah s'intéressait vivement aux événements à venir et posait des questions sur les activités prévues pour le week-end.

_ Est-ce que quelqu'un sait ce qui est prévu cet après-midi ? demanda-t-elle, un sourire curieux aux lèvres.

_ Je crois qu'il y a une exposition d'art dans la salle commune, répondit David. Ça pourrait être une bonne manière de passer l'après-midi.

En discutant, je notai que Sarah semblait détendue, comme si rien d'inhabituel ne s'était produit plus tôt dans la journée. Son attitude décontractée face à son absence prolongée me fit réfléchir à leur monde à part. Leur capacité à se retirer et à gérer des "urgences" avec une telle aisance me fit réaliser à quel point les élèves ici semblent naviguer avec une facilité déconcertante, probablement en raison de leur environnement privilégié.

Leurs préoccupations semblaient souvent si éloignées des miens, comme si les enjeux réels de leur quotidien n'étaient pas les mêmes. Cette impression de distance me fit me demander à quel point leur monde était ancré dans des réalités différentes, où les petits incidents et les absences pouvaient être gérés sans le moindre stress, comme si la richesse et le confort offraient une bulle d'indifférence face aux petites turbulences du quotidien.

Les Jeux du CœurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant