Chapitre 4

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Lorsque je me réveillai le lendemain, la lumière douce du matin révéla un vide inattendu : le lit de Sarah était toujours désert. Un frisson d'inquiétude me parcourut alors que je réalisais son absence prolongée. Je me levai précipitamment, cherchant des indices dans la chambre, tout en me rappelant que je la connaissais à peine.

Je décidai de me concentrer sur ma propre journée et de me préparer pour le petit-déjeuner. En descendant au réfectoire, je ressentis une vague d'excitation mêlée de nervosité à l'idée de retrouver mes camarades. Cependant, une part de moi se sentait toujours en retrait, comme si quelque chose me manquait.

En prenant place à une table vide, je regardai les élèves interagir avec aisance, constatant que je restais en marge de cette communauté déjà bien établie. Mon enthousiasme initial semblait s'effriter, remplacé par un sentiment d'isolement croissant.

Après avoir terminé mon repas, je regagnai notre chambre pour me préparer pour les cours. À ma grande surprise, Sarah était là, étendue sur son lit, visiblement épuisée. Je marquai un arrêt, partagé entre le soulagement de la voir en sécurité et une inquiétude persistante.

_ Sarah, tu es rentrée ? demandai-je doucement en entrant dans la chambre.

Elle ouvrit les yeux, me regardant avec un sourire fatigué mais sincère.

_ Oui, je suis désolée de ne pas t'avoir prévenue. J'ai perdu la notion du temps hier soir.

Je hochai la tête, tentant de camoufler l'inquiétude que je ressentais.

_ Ce n'est pas grave. Je me demandais juste où tu étais.

Sarah se redressa lentement, ses mouvements traînants trahissant sa fatigue.

_ J'étais avec Raphaël et quelques amis. On a discuté plus longtemps que prévu.

Je m'installai sur mon lit, essayant d'adopter une attitude compréhensive.

_ D'accord. Tu es prête pour ce jour de cours ?

Sarah se frotta les yeux et hocha la tête.

_ Oui, je vais juste prendre une douche rapide.

Pendant qu'elle se préparait, je me concentrai sur mes propres affaires, essayant de me préparer mentalement pour la journée à venir. Cependant, l'ombre persistante de l'inquiétude se mêlait à un sentiment de décalage. Sarah semblait parfaitement à l'aise dans cet environnement, alors que moi, je me sentais encore étrangère à ce monde.

Une fois prêtes, nous quittâmes la chambre et nous dirigeâmes vers nos premières classes. En vérifiant nos emplois du temps, une réalisation soudaine nous frappa.

_ Attends, dis-je en scrutant mon emploi du temps. Nous n'avons pas les mêmes cours ce matin.

Sarah regarda son emploi du temps, surprise.

_ Tu as raison. Nous sommes dans des classes différentes.

Un pincement de déception s'insinua en moi. J'avais espéré avoir Sarah à mes côtés pour ce premier jour, pour partager cette nouvelle expérience.

_ Eh bien, j'espère que ça ira quand même, dis-je, tentant de masquer mon appréhension.

Sarah me donna un sourire rassurant.

_ Ne t'inquiète pas, Lila. Tu vas t'en sortir. Et puis, on se retrouvera à la pause déjeuner.

Je lui rendis son sourire, reconnaissante de son soutien.

_ Merci, Sarah. Ça compte beaucoup pour moi.

Nous nous séparâmes dans le couloir, chacune prenant la direction de sa première classe. En marchant seule, une boule de nervosité se formait dans mon estomac. L'excitation de la nouveauté se mêlait à une appréhension croissante. Je savais que cette journée serait un véritable défi, mais je me préparais à l'affronter, espérant que chaque rencontre et chaque expérience me rapprocheraient un peu plus de ma place dans ce monde.

Je pris une profonde inspiration avant d'entrer dans ma salle de classe. Les couloirs étaient animés, remplis d'élèves se dirigeant vers leurs salles, certains engageant des conversations animées, d'autres se précipitant pour éviter d'être en retard. Mon cœur battait la chamade alors que je m'approchais de la porte de ma classe.

En entrant, je remarquai que la majorité des élèves étaient déjà installés, discutant et riant avec aisance. Je me sentais immédiatement en décalage, comme une intruse dans un univers déjà bien rodé. Je m'approchai du bureau du professeur, un homme d'une cinquantaine d'années, aux cheveux grisonnants et au regard empreint de bienveillance.

_ Bonjour, mademoiselle, dit-il en ajustant ses lunettes. Vous devez être Lila, notre nouvelle élève. Je suis Monsieur Delacroix.

_ Oui, c'est moi, répondis-je avec un sourire timide.

_ Bienvenue à Blackwood, ajouta-t-il chaleureusement. Pourquoi ne pas vous présenter à la classe ?

Je me figeai un instant, le cœur battant à toute allure. L'idée de parler devant tout le monde me rendait nerveuse, mais je savais que c'était une étape nécessaire. Je me tournai vers la classe et pris une profonde inspiration.

_ Bonjour à tous. Je m'appelle Lila et je viens d'arriver à Blackwood. J'espère faire votre connaissance et m'intégrer rapidement.

Un murmure parcourut la salle, et je remarquai plusieurs paires d'yeux curieux se poser sur moi. Mes joues s'empourprèrent, et je balayai la salle du regard, cherchant un visage familier. Mon cœur fit un bond en voyant Emilie et David au fond de la salle. Leur présence m'apportait une réconfortante sensation de familiarité.

Monsieur Delacroix hocha la tête avec satisfaction.

_ Merci, Lila. Vous pouvez vous asseoir où vous le souhaitez.

Je me dirigeai vers une place libre près de la fenêtre, à côté d'Emilie et de David. En m'installant, Emilie me sourit chaleureusement.

_ Salut, Lila ! Contente de te voir dans notre classe, murmura-t-elle avec un éclat dans les yeux.

_ Moi aussi, répondis-je, soulagée de trouver un semblant de réconfort.

David me fit un signe de tête et un sourire discret.

_ Si tu as besoin de quoi que ce soit, n'hésite pas, ajouta-t-il avec une sincérité réconfortante.

Je leur adressai un sourire reconnaissant, sentant le poids de mes anxiétés s'alléger. La présence d'Emilie et de David me donnait un sentiment de confort et de sécurité. Même si la nouvelle était intimidante, je n'étais pas complètement seule.

Monsieur Delacroix entama le cours, et je m'efforçai de suivre ses explications, même si mon esprit se perdait parfois dans mes préoccupations. Mais chaque fois que je me sentais perdue, un coup d'œil vers Emilie et David me rappelait que j'avais déjà des alliés dans cet univers nouveau.

Lorsque la cloche sonna, marquant la fin du premier cours, je suivis Emilie et David dans le couloir animé vers notre prochain cours. La foule d'élèves se dispersait en un tumulte de voix et de pas, et je me sentais légèrement plus à l'aise, consciente que je n'étais pas complètement isolée.

Les Jeux du CœurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant