chapitre 4

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PDV de rokhya

Je jouais avec Ibrahim, mon petit garçon, mais en vérité, mon esprit était ailleurs, perdu dans les méandres de mes pensées douloureuses. Ses petites mains gigotaient autour des jouets, tandis que je tentais de sourire faiblement à chaque fois qu’il criait de joie en découvrant une nouvelle manière de faire bouger une pièce. Pourtant, mon cœur n'y était pas. Je me sentais vidée, comme si tout mon être n'était plus qu'une coquille vide, et chaque sourire que je lui offrais me paraissait aussi faux qu'éphémère.

La porte de ma chambre s'ouvrit brusquement, me sortant de ma torpeur. C'était Fatou, ma belle-sœur et amie d'enfance. Dès qu’elle posa les yeux sur moi, j’ai vu l’expression de choc se peindre sur son visage. Je devais être un véritable désastre. Je ne pouvais qu'imaginer ce qu'elle voyait : une femme épuisée, les yeux rouges et gonflés, les cheveux en désordre, le visage marqué par des heures de larmes silencieuses.

— "Rokhya, qu’est-ce qui t’arrive ? Comment est-ce que tu vas ?" me demanda-t-elle doucement, s’approchant de moi avec une inquiétude palpable.

Je voulais lui répondre, lui dire que je me sentais bien, que je pouvais gérer la situation. Mais aucun mot ne sortit de ma bouche. À la place, les larmes que j'avais tant essayé de retenir recommencèrent à couler, plus abondantes que jamais. Mon corps entier se mit à trembler sous l'effet de ces sanglots incontrôlables.

Fatou se laissa tomber à mes côtés sur le tapis, entourant mes épaules de ses bras. Elle ne dit rien pendant un long moment, me laissant simplement pleurer dans le creux de son épaule. Ibrahim, sentant probablement la tension dans l'air, cessa de jouer et vint se blottir contre moi. Ses petites mains caressèrent maladroitement mon bras, comme s'il essayait lui aussi de me réconforter.

— "Ça va aller, Rokhya," murmura Fatou après un long moment de silence. "Je suis là. Tu n'as pas à traverser tout ça toute seule."

Je hoquetai en réponse, incapable de dire un seul mot. Elle me tenait toujours, et son étreinte rassurante me donnait une chaleur dont j'avais désespérément besoin.

Après ce qui me sembla des heures, mes pleurs se calmèrent enfin. Je me sentais épuisée, vidée de toute énergie. Je me redressai légèrement, essuyant mes joues d'un geste maladroit.

— "Je suis désolée, Fatou. Je ne devrais pas me montrer si faible devant toi et Ibrahim," dis-je, la voix rauque.

Fatou secoua la tête avec insistance.

— "Non, Rokhya. Tu n'as rien à te reprocher. Ce que tu vis en ce moment est difficile, et il est normal de pleurer. Ce n'est pas de la faiblesse. C'est humain."

Je la regardai à travers mes larmes restantes, touchée par sa bienveillance. Elle me comprenait plus que je ne l'avais imaginé.

— "Je ne sais pas quoi faire," avouai-je enfin, ma voix brisée par le poids de mes émotions. "Amadou est devenu quelqu'un d'autre. Il me regarde à peine, me parle encore moins. J'ai tout fait pour sauver ce mariage, mais... tout semble s'effondrer."

Fatou prit une grande inspiration, puis me regarda droit dans les yeux.

— "Rokhya, ce n'est pas à toi de porter tout le poids de ce mariage sur tes épaules seules. Tu as essayé, tu as tout donné. Mais parfois, il faut savoir se protéger, pour toi et pour Ibrahim. Peut-être que la meilleure chose à faire, pour l'instant, c'est de prendre du recul."

Je hochai lentement la tête, bien que l'idée de partir me faisait encore peur. Où irais-je ? Que deviendrai-je sans Amadou ? Je sentis le désespoir remonter à la surface.

— "Je ne peux pas rester ici, Fatou," murmurais-je, les yeux fixés sur le sol. "Mais je ne sais pas où aller..."

Fatou me sourit tristement et prit ma main dans la sienne.

L'Ombre du Mensonge(TOME 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant