Chapitre 11

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PDV de Rokhya :

J'étais assise à l'arrière de la voiture, Hadim au volant, Émilie à ses côtés. Le silence dans l'habitacle était lourd, mais je n'avais plus la force de m'exprimer. Mes pensées étaient vagues, comme si mon esprit refusait de se concentrer sur ce qui venait de se passer. Vidée de toute émotion, je me laissais porter par les événements, sans comprendre réellement à quel moment nous étions arrivés chez mes parents.

Hadim brisa le silence d'une voix pleine de remords. "Rokhya, je suis vraiment désolé pour ce que mes parents t'ont fait, pour l'acte de mon frère, pour tout ce que t'ont infligé mes tantes et mes oncles. Je sais que des excuses ne suffiront jamais, mais au moins je veux te montrer que ma disponibilité est réelle. Si tu as besoin de quoi que ce soit, fais-le moi savoir. Je reviendrai bientôt avec Émilie, nous devons partir pour la France, mais je serai là dès que tu en auras besoin."

Ses mots, bien qu'emprunts de sincérité, passèrent au-dessus de moi. Je ne pouvais plus ressentir ni colère ni tristesse. J'étais tout simplement épuisée. Puis, Fatou prit la parole avec cette chaleur familière. "Je viendrai tout le temps te voir, Rokhya. Tu es mon amie, rien ne changera ça."

Nous descendîmes enfin de la voiture et pénétrâmes dans la petite maison de mes parents. Dès que je franchis le seuil, je fus envahie par un mélange de soulagement et de tristesse. C'était ici que tout avait commencé, ici que j'avais grandi, loin des drames et des trahisons.

Mon père apparut rapidement. En me voyant, il comprit immédiatement. Sans un mot, il s'approcha et m'aida à m'asseoir. Son regard était plein de tendresse et d'inquiétude. J'étais chez moi, entourée de ceux qui m'aimaient véritablement. Mais au fond, quelque chose en moi s'était définitivement brisé.

Ma mère sortit de la cuisine, les mains encore humides, et vint me prendre dans ses bras pour me réconforter. Je pouvais sentir sa chaleur, son amour et sa peine à travers cette simple étreinte. Mon père, lui, assis à la table, fronçait les sourcils, son inquiétude se transformant en colère contenue.

« Qu'est-ce qui s'est passé ? » demanda-t-il finalement, son regard fixé sur moi.

Je pris une grande inspiration et racontai tout, ma voix tremblante mais déterminée. Je lui expliquai comment, après l'ultimatum de quatre mois imposé par les aînés et l'imam, les tantes, cousins et oncles des Bah étaient revenus pour m'insulter et m'humilier. À chaque occasion, ils me faisaient sentir que je n'étais plus la bienvenue. Seuls Hadim, Émilie, et Fatou avaient pris ma défense, suivis de leur père Idrissa. Mais Amadou, mon propre mari, était resté froid et distant, refusant de m'accorder un semblant de soutien. À un moment donné, c'était devenu insupportable, et il y a quelques jours, il m'avait sermonnée, insultée, et humiliée avant de me remettre les papiers du divorce.

Je terminai mon récit en parlant de la scène de ce matin, où Amadou, joyeux, parlait au téléphone avec la femme qu'il voulait désormais dans sa vie. Les mots se bousculaient, et je sentis ma gorge se serrer.

Le visage de mon père devint écarlate de colère. Il se leva brusquement et fit quelques pas dans la pièce, ses poings serrés. « Ma fille, tu vas te reposer. Moi, je vais aller chercher les imams et leur faire un compte rendu. Tu as été une bonne femme, tu as tout donné à cette famille, et ils t'ont maltraitée. Ils te doivent des excuses, et je ne vais pas laisser ça passer. »

Puis il se tourna vers ma mère, encore silencieuse mais profondément attristée. « Je vais m'entretenir avec les Bah, ici et maintenant. Il est temps de mettre les choses au clair. »

Ma mère hocha doucement la tête et vint me prendre par le bras pour me raccompagner à la chambre. Elle ne dit rien, mais ses gestes étaient pleins de tendresse. Je savais qu'elle partageait ma douleur, tout comme mon père. Tandis qu'elle m'installait dans mon ancien lit, je sentis un léger soulagement m'envahir. J'étais enfin à l'abri, dans un endroit où je pourrais guérir.

L'Ombre du Mensonge(TOME 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant