chapitre 18

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**PDV d'Aïcha :**

Je suis assise dans cette salle d’audience, les bras croisés, le regard sombre. Une colère sourde me traverse. Comment avons-nous pu en arriver là ? Tout cela aurait pu être réglé discrètement, loin des caméras et de la presse. Mais non, à cause de cette médiatisation incessante, tout a pris des proportions incontrôlables. Les journalistes, les avocats, les juges… tout ce monde qui scrute chaque détail de notre vie privée. Cela me rend folle.

Je tourne la tête vers Amadou, mon fils, assis à quelques mètres de moi. Il garde la tête haute, mais je sais qu'il sent la pression. Il ne le montre pas, mais il est nerveux. Et moi, je suis furieuse. Furieuse contre lui, contre cette situation, contre tout ce cirque. Pourquoi tout cela doit-il se terminer ainsi ? Je serre les poings, frustrée. Mes contacts, pourtant puissants, hésitent à s’impliquer davantage. Ils craignent que l’affaire ne tourne mal, que la médiatisation n’entache leur réputation. "Rokhya est trop forte," m'ont-ils dit. "Elle a des preuves solides, des témoins crédibles, et elle est respectée dans son milieu." Comment en sommes-nous arrivés à ce point ?

Mon téléphone vibre soudain dans ma poche. Je soupire, lasse, avant de jeter un coup d’œil à l’écran. Un message d’une de mes relations proches. J'ouvre le texto, et mes sourcils se froncent en lisant le contenu.

*“Il serait peut-être judicieux de proposer une garde partagée. Devant ce public, ce serait une solution honorable pour tout le monde. Vous ne pouvez pas vous permettre de perdre totalement la garde. Même avec tout ce que vous avez fait, les juges peuvent être sensibles à la médiatisation.”*

Je relis le message plusieurs fois, incapable de contenir mon irritation. *Une garde partagée ?* C’est une blague ? Après tout ce que nous avons fait pour obtenir la garde exclusive, on me propose maintenant de partager mon petit-fils avec cette femme ? Mon regard se pose sur Rokhya, assise à l’autre bout de la salle. Elle est calme, concentrée, à l’aise, comme si elle savait que tout tourne en sa faveur. C’est insupportable.

Je me penche légèrement vers Amadou, le visage crispé.

— "Il faut faire quelque chose, Amadou ,On ne peut pas laisser passer ça. Cette femme va nous ruiner. Regarde comment elle s'en sort avec ses témoins et ses preuves." Ma voix est basse mais chargée d'irritation.

Amadou soupire et évite mon regard, comme s'il savait qu’il n'avait aucune réponse satisfaisante à me donner.

— "Maman, on a tout tenté... Ses preuves sont solides. Nos contacts refusent d'aller plus loin. Ils ont trop peur de la pression médiatique."

Je serre les dents, ma mâchoire tremble sous la tension. *Comment peuvent-ils nous lâcher maintenant ?* C’est tout simplement injuste. Ce n’est pas censé se passer comme ça. Nous sommes les Bah. Nous avons toujours eu l’avantage. Et là, nous sommes en train de perdre devant cette femme.

Je jette un nouveau coup d'œil à mon téléphone, relisant encore le message. Mon instinct me hurle de refuser, de me battre jusqu’au bout. Mais la réalité est implacable. La salle est pleine de journalistes, de caméras, d’yeux attentifs qui n’attendent qu’un faux pas de notre part pour faire de cette affaire un véritable scandale. Je le sais, nous le savons tous. La situation nous échappe.

Les juges semblent de plus en plus réticents à trancher en notre faveur. Les preuves de Rokhya sont irréfutables. Elle a su jouer ses cartes avec intelligence. Et nous... nous n’avons plus grand-chose à offrir, si ce n’est notre nom, notre statut. Mais est-ce suffisant ?

Je soupire profondément avant de me tourner une nouvelle fois vers Amadou, cette fois-ci avec résignation.

— "Il faut envisager la garde partagée," dis-je à contrecœur. "C'est soit ça, soit nous perdons tout. Le message que j'ai reçu le suggère fortement."

L'Ombre du Mensonge(TOME 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant