chapitre 9

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**PDV Rokhya :**

Le médecin sortit de la chambre, le visage grave, et demanda après les deux parents de l’enfant. Mon cœur se serra encore plus, mais je me levai immédiatement, tandis qu’Amadou fit de même. Il se tourna alors vers Fatima, lui tendant la main pour l'inviter à nous accompagner.

— **« Nopp naa, Amadou! »** (Non, Amadou !) dis-je fermement, mon regard croisant le sien. **« Moosul jàppandi Fatima, ndax doktoor dafa bëgg baat bi ak waa doom bi ci wante. »** (Il est hors de question que Fatima nous accompagne, le médecin a demandé la mère et le père uniquement.) 

Le médecin, apparemment en accord avec moi, hocha la tête.

— **« Waa dëgg. Le docteur veut parler aux deux parents seulement. C’est important que vous veniez tous les deux, sans personne d’autre. »**

Amadou, visiblement agacé, baissa les yeux un instant avant de se tourner vers Fatima.

— **« Fatima, war nga kaay toppal nu ci taskati wi. »** (Fatima, attends-nous ici, on revient.) murmura-t-il.

Nous pénétrâmes alors dans la chambre, Amadou et moi. Dès que mon fils aperçut mon visage, il ouvrit immédiatement les bras, ses petits yeux encore fatigués par la fièvre. Mon cœur se gonfla d’émotion alors que je me précipitai vers lui, le prenant délicatement dans mes bras.

— **« Sama xol bu neex, maa ngi lay gis, wala na ci yoon wi! »** (Mon trésor, je suis là maintenant, tout ira bien.) murmurai-je doucement en le berçant.

Le médecin nous observait en silence avant de s’approcher de nous.

— **« Sa doom dafa amoon tawat bi ba noppi. Fièvre la woon bu yaram bi mëneesul defar laante. Mu amoon na ci guddi gi, ni ñu xam ne mooy àndu ci wàll bi. »** (Votre fils a eu une fièvre soudaine cette nuit, certainement due à une infection que son corps n’a pas pu gérer tout de suite.) nous expliqua-t-il. **« Mais grâce à Dieu, il est stable maintenant. Voici une ordonnance que vous devez suivre rigoureusement pour éviter que la situation ne se reproduise. »**

Je pris l'ordonnance des mains du médecin et sortis rapidement de la chambre pour régler les frais. Je m'assurai que tout soit pris en charge, y compris la consultation et les médicaments. Le montant total s’élevait à 95 000 francs CFA, que je payai sans hésitation.

En retournant vers le médecin pour lui présenter la preuve de paiement, je sentis la colère monter en Amadou. Ses mâchoires étaient crispées, ses yeux fixant les papiers que je tenais.

— **« Lu tax dangay def? Lu tax waxuma sama sañse, mbaa nga tooy di jëfe ak sa xel bu sa? »** (Pourquoi tu fais ça ? Pourquoi tu n’as pas discuté avec moi avant ? Ou est-ce que tu as décidé de tout faire toute seule ?) lança-t-il sèchement, sa voix débordant de frustration.

Je levai les yeux vers lui, le regard déterminé.

— **« Ndax yow mën naa jëfandikoo sama doom? Man itam liggey naa. Mës naa fi seetlu sama doom, te mangi sonnal fi ci. Dama wara sonnu ci tawat bi, te dañu ci tollu sama gëdd. »** (Est-ce que tu penses que toi seul peux prendre soin de notre fils ? Moi aussi, je travaille. Je peux m’occuper de lui, et je veux être certaine que tout est bien fait, parce qu’il s’agit de la santé de notre enfant.) répondis-je calmement mais fermement.

Je pouvais voir la colère dans ses yeux, mais je ne me laissai pas intimider. J’avais fait ce que je devais faire pour notre fils, et peu importait que cela le mette en colère. Je ne pouvais plus rester passive, attendre qu’il décide de tout alors que moi aussi, j’étais capable de prendre des décisions pour notre enfant.

— **« Sama doom la, man naa bëgg ko! Te buleen fecc ci sama yaram, ba tax ñu def ma jot di jëfe ci xeex. »** (C’est mon fils aussi, et je ferai ce qu’il faut pour lui. N’essayez pas de me faire sentir coupable de prendre soin de lui.) concluais-je en serrant mon fils contre moi.

Amadou me regarda, un mélange de colère et de frustration dans ses yeux, mais il garda le silence. Peut-être réalisait-il enfin que je n’étais plus la femme soumise qu’il avait connue. Peut-être commençait-il à comprendre que j’avais une place dans cette famille, et que je ne laisserai plus jamais quiconque m’en éloigner.pbl

**PDV Rokhya :**

La nuit s’était écoulée lentement, chaque minute pesant sur mon cœur, mais je restai éveillée auprès de mon fils, m’assurant qu’il avait tout ce dont il avait besoin. Je le regardais dormir paisiblement après avoir mangé suffisamment, son petit corps fragile enfin apaisé après la fièvre qui l’avait terrassé. Vers 21 heures, le médecin revint dans la chambre.

— **« Naka ngay def, madame ? »** (Comment allez-vous, madame ?)

— **« Dama ci, danke. »** (Je tiens le coup, merci.)

— **« Est-ce que vous êtes véhiculée ? »** me demanda-t-il en consultant son dossier.

— **« Waaw, ligey naa wallu jumaa, te am naa benn mbeddel ci parking wi. »** (Oui, je travaille dans le domaine du droit, et ma voiture est garée sur le parking.)

Il hocha la tête, semblant satisfait.

— **« Bien. Alors, je vais vous faire signer quelques papiers. Vous pouvez rentrer chez vous avec votre fils. Il est stable maintenant, mais il faudra bien suivre les prescriptions. »**

Après avoir signé les documents nécessaires, je portai doucement mon fils dans mes bras. Il était encore un peu groggy, ses petits bras enroulés autour de mon cou, sa tête reposant sur mon épaule. Je me dirigeai vers le couloir, mon cœur se sentant un peu plus léger.

Mais à peine avais-je fait quelques pas que je vis Aïcha, la mère d’Amadou, apparaître au bout du couloir. Elle semblait agitée, son regard cherchant désespérément quelque chose ou quelqu’un.

— **« Naka laa def ? Naka ngay génne ci hospital bi ak sama doom? »** (Qu'est-ce que tu fais ? Où vas-tu avec mon petit-fils ?) demanda-t-elle, paniquée.

Je la regardai, mon visage se durcissant légèrement.

— **« Doktoor moo ma may déggal akubëg, te muy la ma baat jàpp. »** (Le médecin m’a donné l’autorisation de le ramener chez moi, et c’est ce que je vais faire.) dis-je froidement. **« Je vais chez mes parents. »

Aïcha, visiblement affligée, s’approcha de moi en me suppliant.

— **« Su nopp. Bu laa bañoon ci dëggal, nga nooy jéem a moom sa doom te man ci. Ndax warul ngay toxu? »** (S’il te plaît, ne l’éloigne pas de moi. Tu sais combien je tiens à lui. Est-ce que tu ne peux pas rester ici ?) Sa voix était tremblante, et pour un instant, j’eus pitié d’elle.

Je soupirai, mon cœur se radoucissant un peu. **« Moosul boroom, dinaa ci wuta ci sa bopp. Toxal mu jënglu lu jëm ci sa doom. »** (D’accord, je vais le ramener ici, mais je m’assurerai que rien ne manque pour lui.)

Elle me remercia d’un regard, et nous prîmes la route ensemble, Aïcha me suivant dans sa propre voiture. La nuit était calme, et le trajet jusqu’à la maison des Bah se fit en silence.

Arrivée chez eux, je portai mon fils endormi dans sa chambre, le déposant délicatement sur son lit. Je restai un moment à l’observer, caressant doucement ses cheveux. Puis, je me dirigeai vers la cuisine pour préparer sa bouillie. Je pris la boîte de Cerelac et commençai à mesurer la quantité nécessaire.

À ce moment-là, Imane, la tante d’Amadou, entra dans la cuisine. Elle me jeta un coup d'œil dédaigneux avant de parler.

— **« Mangee nga ak bakkan bi ñu ci tëral, te war nga defare ay lekk bu baax ci dund baal yi. »** (Fais à manger pour moi aussi, et assure-toi que c’est bien fait.)

Je la fixai un instant, sentant une colère froide monter en moi, mais je me contins. Sans lui répondre, je pris la bouillie que je venais de préparer et montai les escaliers, l’ignorant complètement. Elle n’avait aucune prise sur moi, pas aujourd’hui, pas maintenant que tout ce qui comptait était de m’occuper de mon fils.

Arrivée à la chambre, je nourris doucement mon fils, le regardant boire sa bouillie. Peu importe ce que cette famille pensait de moi, je savais ce que je devais faire. Je devais rester forte pour mon fils, quoi qu'il en coûte.

L'Ombre du Mensonge(TOME 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant