chapitre 25

72 10 2
                                    

Point de vue de Rokhya

La lumière du matin filtrait à travers les volets, illuminant la pièce d’une douce chaleur. J’étais assise à la table, les mains tremblantes sur ma tasse de café, pensant à la confrontation qui allait se dérouler. Amadou venait pour parler d’Ibrahim, et je savais que cela ne serait pas facile.

Quand il entra, une tension palpable s’installa immédiatement entre nous. Amadou avait toujours cette manière d'occuper l'espace, de le remplir de son propre poids. Mais aujourd'hui, c'était différent. Il avait ce regard préoccupé, presque désespéré.

« Rokhya, il faut qu’on discute sérieusement de la garde d’Ibrahim, » commença-t-il, sa voix trahissant une certaine nervosité.

« Oui, parlons-en, Amadou, » répondis-je, essayant de garder mon calme. « Mais je veux que ce soit une discussion constructive. »

« Je ne peux pas accepter que tu aies la garde exclusive, » lâcha-t-il, son ton plus acerbe qu'il ne l'avait probablement voulu. « Ibrahim a besoin de ses deux parents, et je ne veux pas être exclu de sa vie. »

Je respirai profondément, essayant de ne pas me laisser emporter par l’émotion. « Tu sais très bien que ta famille me déteste. Aïcha et les autres n’ont jamais cessé de me faire du mal. Ibrahim mérite mieux que cette atmosphère toxique. »

Il s'avança, les bras croisés sur la poitrine, un signe de défense. « C’est facile de blâmer ma famille, Rokhya. Mais je suis son père. J’ai le droit de l'élever comme je l’entends. »

« Droit ou pas, Amadou, tu n’as jamais été là pour lui, » répliquai-je, ma voix se brisant sous le poids de mes souvenirs. « Tu es parti en voyage et as rencontré Fatima, une femme que je ne connais même pas. Pendant ce temps, j'étais ici, à me battre pour lui. »

---

Point de vue d’Amadou

Sa mention de Fatima me frappa comme un coup de poing. Je savais que ma relation avec elle était une source de douleur pour Rokhya, mais je n’avais jamais voulu qu’elle se sente ainsi. « C’est différent, Rokhya. J’ai fait des erreurs, mais je ne veux pas que cela affecte Ibrahim. Il mérite une relation avec son père. »

« Une relation ? » répétai-je avec une ironie amère. « Où étais-tu quand il avait besoin de toi ? Tu es parti pour épouser quelqu’un d’autre, et maintenant tu es là, comme si tout devait rester tel quel. »

Il sembla se crisper à mes mots, et je pouvais voir le conflit intérieur qui le rongeait. « Je sais que je n’ai pas été présent, mais je suis prêt à changer. Je veux être un bon père pour lui. »

---

Point de vue de Rokhya

« Je veux croire que tu es sincère, Amadou, » dis-je doucement, me forçant à le regarder dans les yeux. « Mais comment peux-tu promettre d’être là quand tu as déjà choisi de partir ? Ta décision de divorcer pour Fatima a brisé notre famille. »

Il se détourna, passant une main dans ses cheveux, comme s’il essayait de trouver une solution à ce dilemme. « Je n’ai jamais voulu que cela se passe ainsi. Je pensais que la polygamie pourrait résoudre nos problèmes, mais j’étais trop égoïste. »

« Égoïste, oui, » acquiesçai-je. « Tu as décidé de me sacrifier sur l’autel de tes désirs. Et maintenant, je suis celle qui doit porter ce fardeau. Ibrahim ne peut pas être un pion dans notre jeu. »

« Je ne le considère pas comme un pion, » s’écria-t-il, son ton se durcissant. « Je veux qu’il ait une vie normale, avec ses deux parents. »

« Une vie normale ? » répétai-je, l’indignation montant en moi. « Et quelle est cette normalité que tu proposes ? Passer d’un foyer à l’autre, jongler avec les conflits familiaux ? »

L'Ombre du Mensonge(TOME 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant