Les choses s’étaient un peu améliorées depuis une semaine, à la grande surprise et au bonheur de toute la famille DIABAGATE. L’état de Rokhya, qui avait été si déplorable, montrait enfin des signes encourageants. La jeune femme, longtemps recluse dans sa chambre, pleurant ses souvenirs et son mariage brisé avec Amadou, avait décidé de se ressaisir.
Tout avait basculé une nuit pluvieuse. Rokhya, encore engourdie par le chagrin, s’était réveillée et, comme par instinct, avait senti une petite silhouette blottie contre elle. C’était son fils Ibrahim, le visage endormi, les petites mains enroulées autour de son bras. La pluie tambourinait contre les fenêtres, mais le silence de la maison contrastait avec le bruit extérieur. Une douce chaleur envahissait la pièce, et Rokhya, en caressant doucement les cheveux d’Ibrahim, réalisa soudain qu’elle n’était plus seule dans son monde de tristesse.
Ibrahim, âgé de 4 ans, semblait avoir faim. Le petit garçon, enroulé dans une couverture, avait probablement cherché réconfort et chaleur près de sa mère, inconscient du fardeau émotionnel qu’elle portait depuis des mois. Ce fut à ce moment précis que Rokhya sentit une lueur de force renaître en elle. Cette nuit-là, elle comprit qu’elle devait se battre non seulement pour elle-même, mais surtout pour son fils. Il méritait une mère forte, présente, et elle ne pouvait plus se permettre de sombrer dans l’abandon.
Le lendemain matin, elle prit une décision. Elle sortirait enfin de cette torpeur qui la rongeait. Ses larmes avaient trop longtemps été son unique refuge, mais à partir de ce jour, elles ne seraient plus ses compagnes. Ibrahim avait besoin d’elle.
La transformation de Rokhya fut progressive mais visible. En l’espace de deux mois et sept semaines, elle avait pris du poids, conséquence des longues journées passées à manger pour combler un vide émotionnel immense. Ses rondeurs, auparavant inexistantes, devinrent évidentes. Ses hanches s’étaient élargies, ses fesses étaient plus prononcées, et sa silhouette portait désormais les marques visibles de son repli sur elle-même. Pourtant, ces changements physiques n’effacèrent en rien la détermination nouvelle qui s’était allumée dans son cœur.
Oumar, son grand frère, revenait de France pour la première fois depuis des mois. En entrant dans la maison familiale, il fut agréablement surpris par l’atmosphère différente. Là où régnait autrefois un silence pesant, il y avait désormais de l’espoir. Rokhya, bien qu’encore marquée par la douleur, affichait une meilleure mine. Son visage, jadis si triste, avait retrouvé des couleurs.
— « Rokhya, ma sœur... », dit-il en la prenant dans ses bras avec une tendresse fraternelle. « Ça fait du bien de te voir comme ça. Tu as l’air plus forte. »
Rokhya sourit faiblement, se détachant de l’étreinte de son frère. Elle savait qu’il s’inquiétait énormément pour elle.
— « Merci, Oumar », murmura-t-elle, « j’ai compris que je ne pouvais pas rester dans cet état. Pour Ibrahim... et pour moi-même. »
Elle avait même commencé à envisager de retourner au travail, une décision qui réjouissait toute la famille. Son métier d’avocate lui avait toujours apporté une grande satisfaction, et renouer avec ses responsabilités professionnelles marquait un retour vers la normalité.
La grand-mère d’Ibrahim, qui avait tant prié pour que sa fille se ressaisisse, ne pouvait cacher sa joie. Chaque matin, elle remerciait Dieu d’avoir entendu ses supplications. Rokhya était toujours la même personne, bien qu’elle ait pris du poids et qu’elle ait changé physiquement. Mais ces rondeurs n’étaient pas le signe d’une faiblesse. Au contraire, elles montraient qu’elle se reconstruisait, lentement mais sûrement.
À vrai dire, toute la famille était ravie de voir Rokhya se remettre sur pied. Même si elle avait perdu une partie de sa silhouette d’antan, ses nouvelles formes lui allaient bien. La tristesse de ces derniers mois avait façonné son corps autrement, mais l’essentiel était qu’elle se réappropriait sa vie.
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L'Ombre du Mensonge(TOME 1)
General FictionRokhiya, une jeune avocate brillante et indépendante, est mariée à Amadou, issu d'une famille malienne très aisée et conservatrice. La famille d'Amadou, surtout sa mère Aïcha, voit d'un mauvais œil l'arrivée de Rokhiya, une Ivoiro-Sénégalaise issue...