chapitre 24

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La scène s'ouvre dans le salon feutré de Rokhya, éclairé par les rayons du soleil qui filtrent à travers les rideaux. Les voix résonnent dans la pièce, oscillant entre calme et tension. Amadou est assis, les bras croisés, le regard fixé sur Rokhya qui, debout devant lui, tente de garder son sang-froid.

Rokhya (calme mais résolue) : « Amadou, il faut que tu comprennes. J'ai la garde définitive d'Ibrahim. C'est moi qui prends les décisions importantes pour lui, et cela inclut son éducation et son bien-être. Je veux l'emmener en France pour lui offrir des opportunités qui lui sont inaccessibles ici. »

Amadou fronce les sourcils, visiblement contrarié, mais sa voix reste posée, presque sournoise.

Amadou : « Je comprends que tu aies la garde, mais tu oublies un détail, Rokhya. Selon la loi sénégalaise, en tant que père, j'ai aussi mon mot à dire, même dans certaines décisions. Partir à l'étranger avec Ibrahim, c'est une de ces décisions. Je peux m'y opposer, et je le ferai si tu t'entêtes. »

Rokhya le fixe, consciente de la réalité qu'il vient de rappeler. Elle savait que la loi donnait aux pères un droit de regard sur certaines décisions, même si la garde définitive lui appartenait.

Rokhya (en essayant de contenir sa colère) : « Donc tu veux te servir de cette loi pour m'empêcher de partir avec lui, c'est ça ? Pour lui refuser une vie meilleure par simple orgueil ? »

Amadou (affichant un sourire sarcastique) : « Ce n'est pas de l'orgueil, Rokhya. C'est une question de principe. Ibrahim est sénégalais, et il a des racines ici, une famille. Ce n'est pas à toi seule de décider de le déraciner. »

Rokhya : « Déraciner ? Mais, Amadou, tu ne t'es jamais vraiment occupé de lui. C'est moi qui veille sur lui, moi qui m'assure qu'il grandisse bien. Où étais-tu, pendant tout ce temps ? »

Amadou détourne le regard un instant, piqué par ses paroles, avant de répliquer.

Amadou : « Peu importe. Ce n'est pas une raison pour faire ce que bon te semble avec notre fils. Je n'ai peut-être pas été le père idéal, mais j'ai des droits. Et je ne te laisserai pas le priver de son pays, de ses racines. »

Rokhya (soupirant, fatiguée par cette opposition) : « Je ne veux pas le priver de quoi que ce soit, Amadou. Je veux seulement lui donner des chances de réussir, des chances qu'il n'aura peut-être pas ici. »

Amadou prend un moment, observant Rokhya d'un air froid et distant.

Amadou : « Alors trouve ces chances ici, Rokhya. Parce que je vais me battre pour l'empêcher de partir. Et tu sais que j'ai mes ressources pour le faire. »

Le silence retombe, lourd et chargé de tension. Rokhya comprend que la bataille sera plus difficile qu'elle ne l'avait imaginé. La détermination d'Amadou ne lui laisse aucune échappatoire, et elle sait qu'elle devra redoubler d'efforts pour défendre l'avenir de son fils.

Rokhya, après mûre réflexion, décide de se rendre chez les Bah. Elle sait que cette démarche est risquée, mais elle n'a pas d'autre choix. Son but est simple : obtenir l'appui du patriarche, Idrissa, pour qu'il convainque Amadou de la laisser partir avec leur fils Ibrahim. Arrivée devant la grande demeure familiale, elle sent le poids des regards qui se tournent vers elle. Les Bah sont rassemblés dans la cour, les visages fermés, prêts à défendre leur position.

Le père d'Amadou, Idrissa, est assis au centre de l'assemblée. Autour de lui, les oncles, tantes, cousins et cousines attendent, visiblement déterminés à ne pas laisser Rokhya imposer sa volonté. À ses côtés, Aïcha, la mère d'Amadou, l'observe d'un regard glacial, sa fierté profondément ébranlée depuis le divorce et la décision du tribunal de confier la garde d'Ibrahim à Rokhya.

L'Ombre du Mensonge(TOME 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant