Coeur Coulant (TERMINÉE)

28. Mise à nu - partie I

» Scarlet

♪ The light - The album leaf

J'ai accompagné Alexa à la gare et c'est avec un petit pincement au cœur que j'ai regardé son train s'éloigner en direction de Rennes. Mais, ce break auprès des siens lui fera le plus grand bien. J'imagine déjà sa mère préparer des crêpes au sarrasin pour le petit-déjeuner ou à n'importe quelle heure de la journée.

Je retrouve Davide en dehors du bâtiment et m'engouffre rapidement dans l'habitacle moite de la voiture. Il me tend son portable et je devine sans mal qui se trouve à l'autre bout de la ligne.

— Et bien Scarlet, je vais finir par croire que tu m'évites !

— Papa, est-ce si inconcevable que je puisse avoir un agenda aussi chargé que le tien ?

— Pour quelqu'un qui veut s'éloigner du monde de la politique.

Et une première pique de Jake Van Der Peltz, pensé-je en secouant la tête.

— Je suis en train de m'organiser pour me libérer une semaine et venir à Paris.

— Quand ça ? demandé-je, soudainement anxieuse. Tu dormirais chez moi ?

— Non, Scarlet ! Loin de moi l'envie de partager ton appartement d'étudiante avec Alexa. Je vais réserver une chambre à l'hôtel. Si tout va bien, je serai là dès lundi.

Je déglutis et regarde Davide à travers son rétroviseur. Je me demande depuis combien de temps il est au courant. En même temps, je ne peux m'en prendre qu'à moi aussi. Peut-être qu'en arrêtant d'éviter ces appels, papa m'aurait transmis l'information bien en avance. Je n'écoute plus que d'une oreille distraite mon père alors que nous arrivons gentiment vers la place des Vosges. La discussion terminée, je raccroche et je tends le téléphone à Davide non sans lui montrer mon mécontentement.

— Il a un adversaire politique à Paris ou une conférence particulière ?

— Est-ce si difficile à croire qu'il vient expressément pour te voir Scarlet ?

— Oui !

Je sors de la voiture et le congédie pour le reste de la journée. Avec le départ d'Alexa, je ne compte pas faire grand-chose de mon week-end, sauf rattraper mon retard dans mon cursus scolaire. Je devrais suggérer à l'école un nouveau slogan : « Parsons ne dort jamais ».

Il est quasiment vingt-deux heures lorsque je relève la tête de mon ordinateur. Le dos endolorit, je m'étire en douceur, mais je ne réprime pas une grimace en sentant mes vertèbres craquer. Mon ventre commence à crier famine et je m'aventure dans la cuisine en espérant découvrir, je ne sais par quel miracle, un plat tout prêt dans le frigo. Au lieu de cela, je trouve un réfrigérateur vide.

— Un vrai appart d'étudiante...

J'ouvre la fenêtre et l'air frais qui rentre dans la pièce me procure une nouvelle énergie. Sur un coup de tête, j'enfile une paire de bottines brunes ainsi qu'un pull crop-top par-dessus mon t-shirt avant de quitter le logement. Mon sac sur l'épaule, je vagabonde un moment, profitant du vent chaud et de l'ambiance des terrasses parisiennes en ce samedi soir. La température est agréable et marcher me fait un bien fou. Mais, ma faim me rattrape rapidement et sans réellement m'en rendre compte, mes pas me mènent jusqu'au « Délices dorés ».