1. Comme un samedi soir à NY

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» Lévi

♪ Crystal Express – Raury

Lorsque la motivation faiblit, c'est la discipline qui prend le relais pour me permettre de continuer à m'entraîner malgré les obstacles. Parfois, ce sont les imprévus de la vie qui me poussent à avancer. Quoi qu'il en soit, motivation et discipline m'aident à garder le cap.

— On dirait que tu en veux à ce punching-ball ! Laisse-lui un peu de répit, ou je vais devoir le remplacer plus vite que prévu.

À ces mots, je stoppe net mon exercice et m'accroche au sac de frappe pour reprendre mon souffle. Je tends ma main au responsable de la salle, qui m'aide à détacher mon gant. Je m'efforce de retirer le deuxième, puis je jette la paire au sol. Je réalise alors que je retenais mon souffle depuis bien trop longtemps.

Quelle erreur de débutant, pensé-je, essoufflé.

— Sale journée ?

— Ouais, maugréé-je, et ça va probablement continuer, car j'ai raté le tirage au sort du « shelter » pour ce soir. Mais aujourd'hui, la priorité, c'était de me défouler, sinon j'aurais fini par cogner quelqu'un dans la rue. — Tu as eu une mission aujourd'hui, non ?

— Ouais...

À cette réponse peu loquace, mon interlocuteur comprend aisément que la fameuse mission ne s'est pas déroulée sous les meilleurs auspices. Malheureusement, les occasions étant rares, je me sens obligé d'accepter n'importe quel type de travail, même lorsque je sens l'arnaque à des kilomètres. Celle d'aujourd'hui a bien entaché mon humeur.

— Tu sais qu'au besoin, je peux te laisser la clé du gymnase... pour dormir, dit-il, connaissant d'avance ma réponse.

J'ai un gros défaut : ma foutue fierté. Je refuse trop souvent les mains qu'on me tend. Et je réitère ce vice, suite à la proposition du gérant. Par les temps qui courent et vu ma situation, c'est clairement un défi. J'apprécie le fait qu'il n'insiste pas, même si je le sens dépité par mon entêtement. Je profite du peu de monde dans la salle pour prendre mon temps sous la douche.

Une fois prêt, je retrouve le gérant derrière son comptoir, dépassé par la comptabilité de son entreprise. Cela me rappelle de lointains souvenirs, plus ou moins sympathiques, à l'époque où je devais aussi gérer ce genre de tracas administratifs. À l'époque où mon restaurant fonctionnait... Vitto me regarde avec un air compatissant, et je lui donne une dernière tape dans le dos avant de quitter les lieux. J'ai eu de la chance de rencontrer Vitto à une période où tout devenait sombre. Grâce à des associations et des organisations de la ville, il a reçu un petit budget pour offrir une dizaine d'abonnements annuels à des personnes en grande précarité, dont je fais partie.

Je sors de ma torpeur en sentant mon portable vibrer dans ma poche. Je décroche en voyant le nom de Scott s'afficher.

— J'ai un plan pour ce soir, mais tu dois être à Soho dans trente minutes au maximum !

— Salut à toi aussi. Envoie-moi l'adresse, et j'y serai !

Une fois l'adresse reçue sur mon téléphone, je m'engouffre dans la rame de métro.

— Serveurs dans une galerie d'art, nonante dollars la soirée !

En lisant le message, je soupire et reste mesuré, contrairement à l'enthousiasme de Scott. Ça ne casse pas trois pattes à un canard, mais un salaire, quel qu'il soit, ne se refuse pas. Après quelques stations de métro et un sprint, je retrouve Scott devant l'entrée d'une grande galerie d'art. Posé de manière nonchalante devant la façade, ses cheveux couleur miel rasés sur les côtés, il m'accueille avec son plus grand sourire. Sans perdre de temps, nous contournons le bâtiment pour entrer par les « coulisses ». Dans la cuisine, mon acolyte vole une verrine sous les cris hystériques du chef cuisinier, débordé. Nous empruntons un couloir étroit et peu éclairé où se trouve un vestiaire à roulettes rempli d'uniformes blancs et noirs. Là, nous prenons chacun une tenue que nous enfilons rapidement, sans nous soucier du passage ni du brouhaha ambiant. Bienvenue à New York !

Coeur Coulant (TERMINÉE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant