4. Après la pluie, vient le beau temps

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» Scarlet

Best Part – Daniel Caesar Ft. H.E.R

Confortablement assise dans l'alcôve que j'ai dessinée et créer, je lis un classique de la romancière «Jane Austen». Installée dans le salon de l'appartement que je partage avec mon père, je suis fière d'avoir ajouté ma touche personnelle dans ce coin sur mesure, fait par amour, spécialement pour les douces soirées que j'aime passer le nez dans mes bouquins. C'est un espace qui m'invite à l'évasion et décoré avec de duveteux coussins, je peux y passer des heures. 

J'ai toujours aimé prendre du temps seule, cela me permet de revenir à l'essentiel et de ne pas me laisser importuner par le stress du quotidien et les tracas qui s'insinuent dans mon esprit créatif. Ce côté rêveur, je l'ai hérité très probablement de ma mère, car mon père est tout son contraire. Sûrement accentué par sa position importante dans la politique interne et étrangère, à la suite de ses nombreuses années en tant qu'ambassadeur, mon père est terre à terre. Tel un mathématicien, il a besoin de voir pour croire et ne trouve de la pertinence que dans les choses concrètes et mesurables. 

Dans nos discussions, cela donne parfois des étincelles tant nos points de vue sont diamétralement opposés. Je ressens de temps en temps que mon idéalisme ne le touche pas, comme si c'était un discours totalement lunaire pour lui. Seul Davide sait apporter une nuance qui nous aide à trouver un terrain d'entente.

Pourtant, de loin que je m'en souvienne, j'ai toujours vécu avec mon père, dans ce monde de politicien. Ma mère a préféré quitter les États-Unis suite à leur séparation, au détriment de notre relation. La distance et sa décision ne m'ont jamais réellement permis de me sentir proche de cette dernière, la trouvant trop égoïste. Au fil du temps, nos discussions se sont transformées en échanges de banalités et chacune vaque à sa vie. 

Même si mon père est bourré de défauts, je n'ai jamais manqué de rien. Mais, c'est certainement son côté cartésien qui m'a poussé à m'orienter dans l'art, les livres, la mode.

Je sors de mes douces rêveries en entendant mon portable vibrer contre ma cuisse. En temps normal, je préfère ne pas être interrompu dans ces moments, mais lorsque j'aperçois le nom « Alexa » sur l'écran, je ne peux réprimer un sourire.

– Alexa !

– Scarlet ma belle !

– Alors ce défilé à Tokyo ?

– Pas mal du tout, où ils sont fous ces Japonais c'était surréaliste ! j'ai défilé avec des robots, c'était déroutant !

J'éclate de rire en écoutant les péripéties de mon amie. En grande bavarde, je la laisse parler et se perdre, comme à l'usuelle, dans ses grands monologues. En réalité, j'adore écouter ses innombrables aventures, elle a toujours le chic pour se mettre dans des situations embarrassantes. Alexa, en vérité, s'appelle Alexandra, mais d'après cette dernière,c'est moins fun quant on travaille dans une agence de modèle. Elle a le vent en poupe depuis deux ans et c'est à la suite d'un shooting où j'avais obtenu une invitation que je l'ai rencontrée. Malgré nos caractères assez contrastants, ça a tout de suite fonctionné entre nous.

– Non mais je te jure ! Quasiment à chaque fois que tu pénètres dans un bâtiment, tu dois enlever tes chaussures. Donc j'ai voyagé avec mes « Louboutin » pour qu'elle soit reléguée à l'entrée à chaque fois, quelle tristesse. Autant te dire que le premier japonais que je me suis tapé, j'ai gardé mes talons... autant les rentabiliser ceux-là.

À nouveau, je ris aux éclats tandis qu'elle continue de se plaindre gentiment de son dernier voyage d'affaire. Alexa a un certain succès dans la mode et elle a la chance d'être invitée par des marques prestigieuses pour faire des campagnes publicitaires aux quatre coins du monde. C'est une chance inouïe pour cette petite bretonne issue d'une famille d'ostréiculteurs du bord de l'océan Atlantique.

Coeur Coulant (TERMINÉE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant