Chapitre 3 Un Regard Troublant

17 1 0
                                    

BILLIE

Je regarde dans le bus, assise quelque part vers le milieu sur des sièges en cuir déchirés, où on aperçoit le garnissage en mousse. Parmi les passagers, il n'y a que des femmes. Ça ressemble à un transfert de prisonnières, ma réflexion me fait froid dans le dos. Quelques-unes discutent entre elles, toutes plus âgées que moi, mais je n'entends pas ce qu'elles disent.

Le trajet me semble interminable, sans doute à cause des nombreux arrêts où certaines de ces femmes descendent.
Je commence à fatiguer et finis par m'assoupir, bercée par les légers soubresauts du bus à chaque cahot de la chaussée. Mon front est collé contre la vitre sale et froide et dont les gouttes de pluie glissent sous l'effet de la vitesse. Je pose une main sous mon menton et ferme les yeux.

Soudain dans l'obscurité, des mains s'approchent de moi. Il fait tellement sombre, j'essaie de crier mais je n'y arrive pas.

Les rires bruyants des femmes me réveillent en sursaut. Je les remercie par la pensée, bordel, juste à temps ! Mon cœur bat la chamade et je suffoque, la peau moite de sueur. Mes yeux cherchent quelque chose de familier mais il n'y a rien, sauf mon sac que je n'ai pas desserré. Petit à petit, je reprends conscience de l'endroit où je suis. Le bus roule depuis plusieurs heures maintenant, et dehors, le paysage défile : Des villages, des champs, des forêts puis d'autres villages.

La peur me tenaille. Je n'ai jamais voyagé seule. En fait, je n'ai jamais voyagé du tout d'ailleurs. Je réalise soudain que je suis VRAIMENT seule.

Au petit matin, après huit heures de route et d'innombrables arrêts, le bus arrive enfin au terminus.

Je suis arrivée à Portland. Il est environ 06 h 25 et il y a déjà beaucoup de circulation. Des hommes et des femmes marchent d'un pas pressé, alors que le jour se lève à peine. Certains font du sport, les commerçants comment à préparer leurs étals. Je dois maintenant me rendre au campus à pied, mais je suis incapable de réfléchir correctement.

Je suis toute seule, au milieu des centaines d'inconnus, dans une semi obscurité et dans une ville où tout m'est étranger. " N'aies pas peur, Billie  ! " je me répète.

J'ai envie de pisser, et en plus j'ai besoin d'un café. Même le jus de chaussette de l'institut me manquerait en cet instant.
Merde, je suis où ? Je n'ai pas de carte. Je n'ai pas de connexion internet. C'est déjà un miracle que je possède un téléphone. C'est un vieux modèle d'occasion mais il fait le job.

Je me mets en marche, à la recherche d'un café, tandis que cette putain d'envie se fait de plus en plus pressante. Je tourne la tête sans arrêt, observant les alentours.

L'air est frais. Je resserre les pans de ma veste en jean et remercie le ciel que mon sac ne soit pas plus lourd. J'avance sans savoir si j'emprunte la bonne direction. Après un quart d'heure, apparaît l'enseigne lumineuse Chez Mady  qui attire mon attention. L' odeur du petit-déjeuner chatouille mes narines rougies par le froid, et mon estomac se tord dans tous les sens, me donnant presque la nausée.

J'entre. Une petite clochette retentit lorsque je franchis le seuil. À mon grand étonnement, il y a déjà beaucoup de monde. Mais absolument personne ne me prête attention, ce qui a quelque chose de rassurant. Je file jusqu'au comptoir.

- Bonjour, je voudrais un café noir et un petit croissant, s'il vous plaît. Avez-vous des toilettes ?

- C'est la porte du fond, mon trésor.

C'est une petite bonne femme, à l'air sympathique, qui me répond avec lassitude. Elle a vraiment l'air blasé.

- Merci.

Le Pacte Des Anges... Jamais L'Un Sans L'Autre Volume 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant