4 SAISONS A BLOCK-RIVER

CHAPITRE 1

SOUVENIRS MEURTRIS

Le Cap, Afrique du Sud

Sasha Van Heerden éteignit son mégot en toute discrétion et balaya de sa main l'odeur prononcée du tabac froid afin d'éviter une énième punition de la part des surveillantes du centre pénitentiaire "Block-River". Elle avait prétexté un mal de ventre imaginaire comme à chaque fois qu'elle voulait fumer tranquillement.

Une des filles de l'établissement la fournissait en clopes, en échange, Sasha lui apprenait à lire. La jeune avait adopté cette mauvaise habitude derrière les murs de ce fichu endroit, où, elle venait de passer une année pour violence et voie de faits aggravées après avoir défendu son meilleur ami Tom lors d'une rixe devant leur lycée au Cap avec des jeunes d'un autre lycée que le leur.

Lors de sa comparution immédiate, le juge pour mineurs s'était montré implacable et sans aucune indulgence pour l'orpheline qu'elle était. Sasha avait été condamnée à de la prison ferme alors que Tom avait échappé à l'incarcération. Il est important de préciser qu'ils n'avaient pas été entendu par le même juge.

A ce moment-là, Sasha n'avait pas pris la mesure de ses actes, elle voulait juste empêcher les autres jeunes de faire du mal à Tom, malheureusement l'état sud-africain ne pratiquait pas la tolérance envers les adolescents, il n'existait aucun véritable centre de réhabilitation, comme on en connaissait en Europe ou en Amérique du Nord, ici, c'était direct la case "prison". Les failles judiciaires étaient nombreuses et pour ne pas s'attarder sur un système défaillant, on préférait ignorer le problème, la justice a fini par trouver une solution bancale, "réprimer d'abord et éduquer ensuite".

Pour Sasha se fut la double peine car celui qu'elle considérait comme son ami n'était pas venu une seule fois lui rendre visite pour la soutenir dans ce lieu sombre et sans âme. Elle était consciente d'avoir commis une erreur et qu'elle devait payer pour cela. Mais parfois, le prix est trop élevé.

Premier constat, impossible de communiquer avec l'extérieur, les filles étaient isolées dans un endroit dont peu de personnes connaissaient l'existence sans téléphone, sans aucun contact avec leurs familles.

Cependant si leur comportement le méritait, elles avaient droit à une "récompense", tout se gagnait et rien ne leur était acquis.

Les disputes, les affrontements, la délation, les brimades et les jalousies entre les filles fut le lot quotidien de Sasha durant 365 jours.