Chapitre 14 : LA FORCE DU GROUPE

18 6 8
                                    

TW : mention de sang et de blessure


Aeryn se retrouva seule dans la pièce, le silence régnant après le départ de ses camarades. Les bruits sourds provenant des hommes de Septima dans la ruelle résonnaient comme une cacophonie dérangeante. La pièce était emplie de l'aura glaciale de la Brume, son regard violet braqué sur la femme à terre qui reprenait péniblement sa respiration.

Tout en cette femme la répugnait, de ses gestes à sa respiration saccadée. Septima n'était plus qu'une vulgaire marionnette dans le plan de vengeance implacable d'Aeryn. Lucrecio n'était qu'un prétexte désormais. Cette femme avait commis l'erreur fatale de se dresser sur son chemin et d'évoquer son père et son frère.

La simple mention de la possibilité de tuer son père avait allumé en Aeryn une flamme de haine et de désir de vengeance. Cette femme lui avait donné ce qu'elle avait le plus redouté et désiré en même temps :

l'Espoir.

L'espoir de mettre un terme à cette vie de souffrance, et d'en finir avec son tortionnaire.

Tout le pouvoir, l'influence, et la domination que Septima détenait étaient désormais à portée de main, prêts à être saisis en un geste brutal. Tout ce qu'elle avait à faire était d'enfoncer son poignard.

Aeryn était tiraillée entre sa soif de vengeance et le sens de sa mission. Elle se tenait là, les doigts autour du manche, luttant contre cette pulsion qui menaçait de la submerger. La salle était remplie de l'odeur âcre de la peur et de la tension palpable entre la Brume et Septima.

La décision d'Aeryn était suspendue comme une épée de Damoclès au-dessus de leurs têtes, prête à s'abattre à tout moment. La Brume était sur le point de choisir son destin, de décider si elle laisserait la vengeance l'engloutir ou si elle trouverait la force de résister.

Elle ne put s'empêcher de penser à ses camarades, à leur voyage jusqu'à présent, et surtout à Lloyd. Elle se souvenait du regard qu'il lui avait lancé lorsqu'elle avait menacé de tuer Septima. C'était un regard de surprise, de désapprobation, mais aussi de compréhension. Il avait compris qu'elle était prête à aller très loin pour obtenir sa vengeance.

C'est cette compréhension là, qui l'avait tant marqué. Cette sensation que même si elle avait fait les pires atrocités, même si elle se sentait parfois comme la pire personne que cette terre n'avait jamais porté, il serait là à l'attendre, quelque part. A lui proposer de l'écouter, à plaisanter et à sortir de belles phrases un peu aléatoirement de temps à autre.

Puis, ses pensées dérivèrent vers Rosalia. Cette jeune fille sensible et gentille la troublait parfois. Elle avait envie de la protéger de toutes les horreurs qu'elle pouvait connaitre, de tous ces hommes aux regards affamés, et à la noirceur des bas-fonds, mais en même temps, sa douceur semblait lui échapper, la répugnant fortement par moments. C'était un paradoxe qui la laissait perplexe.

Au milieu de cette situation tendue, Aeryn ne pouvait s'empêcher de penser aussi à Raphaello, ou plutôt Sandragon. Son calme et sa maîtrise de soi étaient, elle avait du mal à l'admettre, des atouts précieux dans ces moments de crise.

Il y avait quelque chose de presque... rassurant dans la présence de Raphaello, une certitude que même dans les situations les plus sombres, il serait là pour les guider. Aeryn se souvenait de ses paroles précédentes, de son rappel à l'importance de leur mission et de leur engagement envers ceux qui avaient cru en eux.

Et puis, il y avait ce petit quelque chose. Elle adorait l'agacer, le pousser dans ses retranchements, tout en sachant qu'il garderait à terme son sang-froid. Cela lui donnait une certaine satisfaction de réussir à le taquiner, à le pousser à la limite de sa patience, sans jamais le faire perdre son calme olympien.

ARANEA - Les AventuriersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant