Anamnèse

La boîte à souvenirs

C'est en tombant sur ce mot, cette définition, que mon esprit fut envahi de nostalgie, de souvenirs et d'amour. Je me suis levée de mon siège et me suis dirigée vers le garage. Là, au fond du placard, se trouvait cette boîte verte, couverte de poussière et marquée par le temps, tout comme moi, tout comme notre histoire.

Au moment où je l'ai ouverte, une vague de souvenirs m'a submergée : mes voyages, mes amitiés, ma famille, mon adolescence, mes premiers emplois, mes premiers amours... et toi. Alors, à travers cette anamnèse, j'ai pris ces lettres que je n'ai jamais osé t'envoyer, et je me suis dit que notre histoire méritait d'être racontée. Je n'ai jamais eu le courage de t'envoyer ces mots, cet amour, et honnêtement, je commençais même à oublier certains détails.

Mais ce que je ressens en ce moment, en écrivant ces lignes, est indescriptible. Mon cœur se serre, et les larmes coulent malgré moi en pensant à toi. Pourtant, cela fait si longtemps. Mais apparemment, le temps n'efface pas tout, et heureusement. Car malgré la douleur que je ressens, je suis heureuse d'avoir pu revivre ce passé avec toi et les autres.

L'univers entier te regrette.

Tu étais mon secret... enfin, non. Mon amour pour toi était mon secret. Ma mère m'avait toujours dit : "S'il doit se passer quelque chose, ça se passera." Et les constellations nous avaient alignés d'une drôle de manière. On riait souvent du chemin qu'avait pris notre relation, notre rencontre.

Comment notre vie aurait-elle été si je t'avais envoyé la première lettre ? Comment aurait-elle été si j'avais osé penser à moi sans attendre ? Serais-tu encore en vie ?

Ne vous méprenez pas, je suis heureuse aujourd'hui. J'ai un mari qui m'aime et que j'aime, un enfant qui m'apporte tellement de bonheur. Je me suis battue pour ce que je fais aujourd'hui, et j'ai réussi. Je vis bien, et je suis bien entourée. Je suis heureuse.

Mais en tombant sur ce mot, je n'ai pu m'empêcher de t'imaginer en train de jouer avec mon fils, de voir Lyla et mon petit Nolan jouer ensemble, devenir amis comme nous l'étions.

Un jour, il m'a demandé si Tom, mon mari, était mon premier amour. Alors, je lui ai parlé de toi, de tes nombreux talents, de ta façon d'agir avec les gens qui t'entouraient, de ton grand cœur. Je lui avais promis de l'emmener dans ton atelier, chez ta mère. Mais je ne l'ai jamais fait.

Tom était jaloux de mes souvenirs avec toi ; il savait que la première place ne lui revenait pas, mais il en riait plus qu'autre chose. Il disait avoir tout de même la meilleure place, celle dans ma vie, pour toujours. Après avoir vu nos photos, il plaisantait qu'il aurait aimé te connaître et que vous auriez sûrement pu être amis. "Jusqu'au jour où vous vous seriez battus pour moi," disait-il en riant.

Mais tu ne savais rien, même si parfois, tes yeux semblaient dire le contraire, comme s'ils savaient, comme s'ils voyaient en moi ce que je voyais en toi. Il n'y avait simplement aucun moment pour nous. Je regrette seulement ces lettres, et de ne pas avoir pu te dire au revoir autrement.

Merci pour tout.