Anamnèse

Présent et souvenirs 1

Je me souviens de cet été-là, où j'étais prête à lui avouer mes sentiments. Quand je l'ai revu venir me chercher, j'ai dû attacher mon cœur pour qu'il ne s'envole pas. Je le regardais comme s'il n'existait pas, tandis que les larmes coulaient sans que je puisse les retenir.

Il m'a prise dans ses bras, et nous avons filé sur son deux-roues, emportés par le vent. Ses grands-parents m'accueillaient comme ils le faisaient depuis trois ans chaque été. Sa mère m'a serrée contre elle comme on prend un enfant après une longue absence. Tout était resté intact : la plage, les rues, les lumières, et nous.

Alors que nous buvions au bar dansant, il m'a demandé si j'étais toujours avec le garçon de l'école. À peine ma réponse avait-elle franchi mes lèvres qu'il m'a saisi le visage et m'a embrassée comme jamais personne ne l'avait fait, avec une telle fougue, une telle passion.

Il me faisait tourner sur la piste, puis, plantant son regard dans le mien, il m'a pris par la main et m'a entraînée à courir jusqu'à la plage. Je n'avais jamais couru aussi vite pour atteindre l'eau.

À la sortie, nous nous sommes affalés sur le sable. Mon cœur battait encore la chamade, et sa peau touchait la mienne. Il a posé son corps contre le mien, comme si ce n'était pas qu'un rendez-vous annuel, mais un moment spécial, une réunion de nos regards, de nos cœurs, de nos âmes.

Mais il semblait pressé, et quelque chose était différent cette fois-ci. Je me souviens d'avoir regardé le ciel avant de lui dire ce que j'avais sur le cœur. C'est là que l'été a pris fin avant même de commencer.

J'ai prononcé deux mots avant qu'il ne révèle qu'il avait quelqu'un. Je me suis sentie trahie, comme si j'avais perdu quelque chose d'essentiel. Ma main a atterri sur sa joue, et j'ai couru pour récupérer mes affaires. Il ne m'a pas suivie, et je me suis dit que c'était sans doute mieux ainsi.

Après cette soirée, j'ai passé le reste de l'été chez ma mère, noyée dans une profonde tristesse, alors qu'il n'y avait jamais vraiment eu de relation entre nous. Je ne voulais plus le revoir. Pourtant, il ne fallut pas longtemps pour que je retombe dans son sillage.

Avant tout cela, nous étions amis, et c'est cela qui m'a poussée à revenir. J'avais peur de le perdre définitivement, et lui, désireux de se faire pardonner, m'envoyait de nombreux messages, des lettres, tout ce qu'il pouvait pour tenter de se racheter.