Première lettre

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Je ne pense pas avoir le courage de te donner cette lettre, d'ailleurs la Saint-Valentin est déjà passée, et j'ai déjà pris la fuite. De toute façon, ce que je ressens n'est peut-être pas de l'amour ; au fond, je ne sais même pas ce que c'est.

C'était pendant cette sortie scolaire que nous nous sommes rencontrés. Ça ne fait pas si longtemps, et pourtant, j'ai l'impression que cela fait une éternité. J'étais avec mon amie Maria ; c'est assez drôle, car je ne pensais pas que nous deviendrions si proches, mais c'est une personne merveilleuse.

Nous traversions les couloirs de ce château, simulant ce qu'aurait été nos vies à une autre époque. Et dans l'une de ces pièces, tu étais là. Ton visage m'était inconnu parmi ceux des autres, mais c'est le tien que je voyais au milieu de tous. Je ne pense pas que ce soit un coup de foudre, car le ciel était clair, et je ne ressentais aucune douleur au ventre. Je te regardais simplement ; ça peut sembler étrange dit ainsi.

En continuant ma visite à travers ces tableaux, ces meubles, et ces murs, tu étais toujours dans mon champ de vision. C'est dans la forêt du château que nous avons parlé. Tu étais nouveau, et je connaissais déjà Alexandre, donc la discussion s'est faite assez naturellement entre nous trois.

Dans le bus du retour, nous avons échangé nos numéros. C'est assez drôle de l'écrire, puisque tu l'as aussi vécu ; ça sonne vraiment comme une lettre d'amour. Bon, d'accord, j'avoue, je t'apprécie beaucoup. Mais ce n'est pas de l'amour. C'est juste que je me sens proche de toi. On se comprend.

Après cette sortie, nous avons beaucoup discuté, et petit à petit, Alexandre s'est éloigné, ou plutôt, nous nous sommes rapprochés d'une autre manière. Le premier jour où nous étions au téléphone, je m'étais assise dans le parc en face de chez moi. Il faisait nuit, et nous nous sommes confié nos secrets.

C'est assez drôle, car à la rentrée, je m'étais promis de ne m'attacher à personne. Et me voilà à écrire sur un pauvre morceau de papier.

Je ne voulais pas revivre ce que j'avais vécu : qu'on me tourne le dos sans raison, qu'on me blesse... J'avais simplement peur de revivre le harcèlement. Je m'étais dit que j'allais fermer ma porte et ne parler à personne. Mais me voilà, super amie avec des personnes qui, au début, m'effrayaient.

Non, toi tu ne m'effrayais pas, tout est lumineux autour de toi. Tout est plus calme.

En fait, voilà, tu es juste devenu quelqu'un d'important. En si peu de temps, est-ce possible ? Je pense que les secrets et les longues discussions rapprochent les gens. Je sais qu'il y a encore énormément de choses que j'ignore, mais le peu que je sais me donne envie de rester à tes côtés.

Alors j'espère que nous resterons amis. Je n'attends rien de plus, simplement que nous continuions à nous raconter nos rêves et nos cauchemars.

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