Anamnèse

Cinquième lettre

J'ai énormément lu pendant ces vacances. Je t'ai envoyé chaque avis sur les livres que j'ai lus, et j'apprécie l'intérêt que tu portes à mes hobbies, à ce que je te raconte, même si tu ne liras sûrement jamais ce que je t'ai conseillé.

Ah oui, d'ailleurs, merci de me soutenir autant dans mes projets.

Nous sommes si jeunes et pleins de fougue et d'espoir. Mais j'ai parfois l'impression d'être trop ancrée dans une réalité négative. Une réalité où les rêves ne sont que des rêves, où tout n'est qu'éphémère. Mais c'est totalement débile de penser comme ça. Je pense que, peut-être au fond, c'est juste de la peur, avoir peur de redescendre de trop haut.

Puis, bon sang, je suis encore trop jeune pour redescendre de trop haut, alors pourquoi m'obstiner à vouloir voir le noir ?

Leo m'aide beaucoup par rapport à ça. Il a pris une place parentale qui ne lui était même pas destinée, mais il ne cesse de m'encourager. Je t'avais d'ailleurs montré les vidéos qu'on prenait étant enfants. Il adorait jouer pour moi, et il le fait encore.

Tu commences d'ailleurs à remplir mon appareil photo. J'adore capturer tes moments de concentration sur une de tes nouvelles créations, ou tout simplement saisir un de tes sourires.

En tout cas, j'ai hâte de reprendre. Avant, j'avais toujours cette boule au ventre à l'idée de recommencer une nouvelle année. Rencontrer de nouvelles personnes, de nouveaux regards, de nouveaux mots.

Je me sentais mourante à chaque traversée de couloir, et je saignais à chaque sortie de cours.

Je me félicite vraiment, de ce côté-là, d'avoir eu le courage de redonner confiance à la nouveauté, d'avoir réussi à solidifier mon pansement.

Il y a encore énormément de choses qui ne vont pas, mais je me laisse grandir. J'espère grandir à tes côtés, car sincèrement, cet été, tu as été mon pansement.