Présent et souvenirs 8

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J'étais dévastée. Il avait mon cœur entre ses mains, et il avait décidé de le noyer. Ou peut-être devrais-je dire que la vie avait pris cette décision. Tous nos choix impactent notre futur, l'univers, et la vie des autres. Nous sommes tous liés indirectement par de petits fils tirés du ciel. Et je pense que le nôtre s'était coupé à ce moment-là. Il m'avait menti une fois de trop, et ce mensonge avait eu plus qu'un simple impact ; il avait changé notre vie.

Comment serions-nous aujourd'hui, à l'heure actuelle ? Serait-il encore vivant ? Tout aurait-il pris un autre sens ?

Une fille avait débarqué dans l'auberge, Florine. Une fleur aux épines mortelles. Noah avait eu une aventure avec elle, lors de cette soirée où nous nous étions disputés.

C'était une soirée dansante. Même si nos regards s'embrasaient, lui se rapprochait d'autres femmes, et au moment où je m'étais rapprochée de cet homme, il m'avait pris à part, criant qu'il ne me comprenait pas. Il était loin d'être sobre, et le regard qu'il portait sur moi me faisait avaler mes larmes.

À ce moment-là, notre relation n'avait ni queue ni tête. Nous prétendions être « libres ». De mon côté, ce mot n'avait aucune signification. Je ne le comprenais pas, alors je m'efforçais de le suivre.

Je me souviens de cette scène, lui totalement confus devant cette fleur et son épine. Il me faisait signe qu'il ne comprenait pas la situation, qu'il n'en était pas l'auteur. J'étais meurtrie. Il essayait tant bien que mal de s'accrocher à moi, de me parler, de s'excuser.

J'aurais pu passer outre, dire que ce n'était pas grave, que nous n'étions rien l'un pour l'autre, juste des amis. Mais je me sentais vidée de mon âme. Il était le protagoniste de ma vie, ma résurrection. En même temps, il était comme une faucheuse me courant année après année pour me rattraper et me mettre à néant. J'embrassais la faucheuse, je la serrais et je l'attendais. Je l'ai toujours attendue.

Je me demandais sans cesse pourquoi l'univers nous avait mis sur la même route. Quelle finitude imaginait-il pour nous ? Pourquoi faire en sorte de se perdre pour se retrouver si c'était pour s'abandonner ? Rien n'avait de sens. Alors, cette nuit-là, je m'étais faite à l'idée. Je l'aimais, oui, mais notre route avait bel et bien un obstacle infranchissable : nous-mêmes. Et cette fois-ci, c'était moi qui avais pris la fuite sans me retourner.

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