Anamnèse

Dix-huitième lettre

Il pleuvait, mais nous étions quand même là, sous cette pluie, sur cette balançoire.

Je t'avais envoyé un message disant qu'il fallait qu'on parle, et nous nous sommes retrouvés là-bas. Cette fois-ci, le silence qui nous entourait me semblait pesant. C'était la première fois que je ressentais cela à tes côtés. Je pense que cinq minutes se sont écoulées avant que je ne sorte mes premiers mots.

« Je ne t'aime pas. »

En y repensant, je réalise que je l'ai dit avec une rapidité sèche et crue, comme si je crachais quelque chose. Je t'ai dit que je te voyais et que je t'avais toujours vu comme un ami. Je ne comprenais pas la distance que tu avais mise entre nous, et depuis le premier jour, je voulais juste faire partie de ta vie comme quelqu'un sur qui tu pouvais compter.

Nous nous sommes confiés trop de secrets et de peines pour nous ignorer ainsi. J'étais sincèrement heureuse que ta relation fonctionne bien, et je t'avais toujours souhaité le bonheur. Je refusais que tu mettes une distance entre nous de cette façon. Si c'était à cause de Nina, alors je pouvais m'effacer pour ne pas gêner.

Tu m'as confié qu'elle était jalouse de notre relation, et que tu l'aimais. Tu pensais aussi que mes sentiments à ton égard avaient pris un tournant plus sentimental, et tu ne voulais blesser personne.

Tu t'y es mal pris. J'aurais voulu te dire que peu importe les sentiments, tu ne peux pas ignorer ceux des autres de cette façon. Mais je tiens trop à toi, apparemment plus que toi tu ne tiens à moi.

Tu m'as raccompagnée jusqu'à chez moi et tu m'as dit que je te manquais. Mais elle avait des soucis, et tu ne voulais pas qu'elle pense mal entre nous.

« On a tous des soucis », je t'ai répondu.

Puis, avant que je ne rentre, tu m'as demandé si j'allais bien, vraiment bien, et si cette personne avec qui je traînais plus souvent que toi en ce moment était sympa.

Je répondais que oui, simplement, et je suis rentrée.