CHASED (Dark Romance) 18+

2. Danielle

Je marche d'un bon pas, balançant la tête sur Queen of the Stone Age en buvant mon café. Il est fort et noir, comme je l'aime. Après avoir étudié une bonne partie de la nuit et m'être couché à près de trois heures du matin, c'est ce qu'il me fallait. Je regarde mon cellulaire et ignore un nouvel appel de Thomas. Il sait très bien que je n'aime pas être dérangé les jours précédant les examens. S'il ne s'obstinait pas à m'appeler comme un alcoolique en manque peut appeler la ligne des alcooliques anonyme, je n'aurais pas renversé le café de cet homme scandaleusement arrogant chez Carlton's. Je fronce les sourcils en pensant à ses yeux bleu clair qui me lançaient des poignards affutés recouvert de poison. Je ne me suis jamais senti aussi paralysée devant quelqu'un. Je n'ai jamais été quelqu'un de très directe, la gêne me colle à la peau comme la gomme fraiche aux chaussures mais c'était pire. Non seulement ma proximité a risqué de nous retrouver tous les deux ébouillantés, mais je n'ai pas été capable de m'expliquer sans bafouiller. Je jette mon gobelet vide dans la poubelle à côté des marches menant au dortoir ouest de l'université de Lone Oak. Depuis un an, je suis installée dans ce dortoir pour m'éviter de faire une heure de bus tous les jours de chez mon oncle et ma tante à Low Lake. Pour beaucoup de gens, étudier la littérature était une perte de temps. En ce qui me concernait, c'était une passion. D'aussi loin que je me rappelle, j'ai toujours eu une douance. J'aurais pu étudier la chimie, la médecine et comme mon oncle me le répétait souvent " faire beaucoup d'argent ". Pourtant, c'est la littérature qui m'a attiré lorsque j'ai exploré les cours proposés à Lone Oak. Thomas, mon ex petit ami, qui était encore mon petit ami il y a environ trois mois, c'est aussi inscrit à Lone Oak mais en chimie. Il est beau, brillant et en apparence, le parfait petit ami. L'ennui avec les apparences, c'est qu'elles sont souvent trompeuses.

Je sors mes clés de mes poches et les cheveux de ma nuque se dressent. J'ai l'impression qu'on me regarde. Ma poitrine se serre et je regarde autour de moi. Rien, il n'y a personne dans le couloir mise à part les nombreuses portes des étudiantes et le brouhaha de filles concentrées dans leur chambre à préparer leurs feuilles de notes pour la semaine d'examen. J'essaie d'insérer ma clé dans ma serrure mais ma main tremble. Je ferme les yeux et compte jusqu'à cinq, tranquillement, comme ma tante et mon oncle m'ont appris quand j'avais 8 ans et que j'angoissais devant les grands manèges de la fête foraine de Stolow. Quand j'ouvre enfin les yeux, mes mains ne tremble plus, les cheveux sur ma nuque ont retrouvés leur nonchalance normale et j'enfonce ma clé dans la serrure avant d'ouvrir la porte et de pénétrer dans ma chambre. Quand je ferme la porte derrière moi, je la verrouille et inspire profondément l'odeur de cannelle. Je retire mes écouteurs et les lance sur mon bureau de travail en soupirant. Je détache mon chignon et frotte mon crâne avec les doigts en laissant tomber mes cheveux entre mes omoplates. Je m'assois à mon bureau et allume mon ordinateur. L'horloge en bas à droite m'indique huit heures trente-six. Il est temps d'étudier un peu.

***

Lorsque je ferme mon livre et que je m'étire, l'horloge de mon ordinateur indique seize heures vingt et mon ventre se serre et grogne. Prenant mon cellulaire, je trouve six textos et trois appels manqués de Thomas et trois messages d'Abby, ma seule amie que je me suis fait à l'université et qui habite à trois chambres de la mienne. J'ignore les messages de Thomas et ouvre ceux d'Abby.

Abby

12h04 : Miss intello, tu viens dîner ?

12h38 : Si tu réussis à t'extraire de tes livres, je suis au Steak'n fries.

16h07 : La terre appel miss intello ! Vous êtes demandé à la chambre 9 du dortoir Ouest de l'université de Lone Oak à 15h si vous voulez bien vous nourrir !

Je souris en lui répondant

Danielle

16h23 : Je me douche et j'arrive !