CHASED (Dark Romance) 18+

4. Danielle

Je range mon crayon dans mon coffre et m'étire sur ma chaise avant de fermer les pages de mon examen. Je regarde l'horloge au-dessus du bureau du professeur. Trois heures se sont écoulés et le local est encore à moitié rempli. Je prends mon coffre et ma copie avant de me lever et de marcher vers le bureau du professeur de philosophie qui lit tranquillement un livre en patientant. Je dépose ma copie sur le bureau.

- Merci mademoiselle Moreau, chuchote-t-il sans lever les yeux de son livre.

Je quitte le local d'un pas trainant en rallumant mon cellulaire. Abby ne m'a pas encore écrit, elle doit être encore dans son examen. Thomas m'a écrit deux messages et j'ai un appel manqué de mon oncle et ma tante. Je compose leur numéro et après deux sonneries, ma tante décroche.

- Ma chérie, comment se passe les examens ?

- Bien, je suis débordée par les heures de révision, mais ça va.

- N'oublie pas de te nourrir et de sortir un peu, tu ne dois pas t'épuiser, me dit-elle de sa voix inquiète.

- Arrête de t'angoisser pour moi tante Dorothée, je suis une grande fille, répond je en souriant.

- Non, désolée Danielle, mais tu ne peux pas me demander ça.

J'entends une voix grave derrière ma tante marmonner quelques mots que je ne comprends pas.

- Et dis à oncle Jacob que je vais très bien, il n'a pas à s'angoisser lui non plus.

Mon oncle rit doucement, je comprends alors que ma tante m'a mise sur le haut-parleur. Pour mon oncle et ma tante, je suis encore cette petite chose fragile qu'il ont recueilli chez eux à la suite de la mort de mes parents. Ils m'ont si bien aimé et dorloté, que je n'ai pas eu la chance de ressentir le manque de mes parents biologiques. En même temps, ils sont morts dans un accident de voiture quand je n'avais que quelques mois. Je ne me rappelle pas d'eux. Ma tante m'avait montré plusieurs photos, il y a quelques années mais je n'ai pas souhaité les garder. Je me dis que vivre dans la douleur de la perte de mes parents ne m'aidera pas à avancer dans la vie. Je sais que ma mère et mon père étaient tous les deux des génies. Ma mère avait son diplôme en psychologie de l'enfance et mon père était un chimiste très reconnu. D'après les photos, je ressemble beaucoup à ma mère, mais d'après ma tante, j'ai les grands yeux verts de mon père. Un doux mélange des deux, comme elle me dit souvent. 

Après une longue conversation avec eux, je raccroche et m'approche des marches de mon dortoir. Je monte les marches tranquillement en rêvant de mon lit douillet pour une petite sieste avant d'aller manger avec Abby pour fêter ce premier examen. J'arrive devant ma porte et enfonce ma clé dans la serrure. J'ouvre la porte et la referme avant de lancer mon coffre à crayon sur mon lit. Je retiens un cri et couvre ma bouche de ma main en fixant mon lit. Ma culotte est placée en plein milieu et sur le tissu, se tient bien droit un gobelet à café de chez Carlton's. Malgré la fatigue, mon cerveau se met à faire des liens rapidement, se mélangeant à une peur qui me serre les trips. J'ai acheté ce café pour quelqu'un de bien précis ce matin, afin d'essayer subtilement de me faire pardonner ma bourde de la veille. Si ces deux choses sur mon lit sont liés, ça veut dire que je n'ai pas imaginé cette sensation d'être espionné pendant que je prenais ma douche. Je n'ai pas non plus égaré ma culotte, on me l'a prise. Il l'a prise et il m'a espionné sous la douche. Comment il sait que je suis à Lone Oak ? Comment il a fait pour pénétrer dans ma chambre que je verrouille méticuleusement chaque fois que j'en sors ? Quel est son prénom déjà ? Ça ne me ressemble pas d'oublier un prénom. J'essaie de me remémorer la scène, mais je ne me rappelle que du bleu profond et clair de ses yeux. Aucun autre détail de son visage ne me revient. Ni même son prénom que Carl, le propriétaire de chez Carlton's, a prononcé plusieurs fois avant qu'il daigne se retourner. Trois coups cognent contre ma porte et je m'en éloigne en retenant un nouveau cri. Je me sens tellement nerveuse que je pourrais presque trouver que j'exagère si je n'étais pas envahie par la peur. Je demeure silencieuse, totalement apeurée. Et si c'était lui ?